Trop souvent, on imagine, à tort, que le Kaddich est une prière que seuls les hommes endeuillés récitent. Or, il s’agit en réalité d’une des prières les plus fortes du Judaïsme, qui prolonge la vie et renferme de nombreuses bénédictions, pour les hommes… mais aussi pour nous, les femmes !

Un long voyage pour une bénédiction

Connaissez-vous cette histoire ? Un couple qui désespérait d’avoir un enfant après de nombreuses années de mariage, décida d’aller demander une bénédiction auprès d’un Grand de la génération, un Tsadik comme il y’en avait peu sur terre. Prêts à tout pour obtenir ne serait-ce que quelques paroles du Rav, ils voyagèrent de très bon matin, prirent l’avion, puis le bus et enfin le taxi pour arriver dans la ville et ensuite patientèrent de longues heures debout, jusqu’à ce que le mari puisse entrer quelques instants dans le bureau du Rav.

Le Tsadik était assis devant son pupitre, plongé dans un livre d’étude, lorsqu’on fit signe à l’homme d’entrer dans le bureau du Rav. L’homme se mit alors à expliquer que sa femme et lui étaient venus spécialement de l’étranger et qu’ils avaient parcouru des milliers de kilomètres dans l’espoir de s’entretenir avec lui.

Le Rav s’arrêta net dans son étude, leva la tête et fixa l’homme de ses yeux perçants : 

- Vous avez fait tout ce long voyage pour me voir, pourquoi ?

- Mais, balbutia l’homme, c’est pour vous demander une bénédiction pour avoir un enfant.

- Ça, je l’ai compris, mais pourquoi venir jusqu’à moi quand vous avez près de vous une bénédiction tout aussi puissante ?

- Kvod Harav, je ne comprends pas…

- Il y a une parole qui monte encore plus haut que tout ce que je pourrais vous dire. Retournez chez vous et rendez-vous à la synagogue. Chaque fois que vous entendrez le Kaddich, concentrez-vous et répondez-y de toutes vos forces. Vous verrez combien cette bénédiction dépasse les autres.

L’homme comprit à ce moment-là les paroles du Rav et se leva pour prendre congé. Au moment de sortir, le Tsadik ajouta : “Ceci est valable pour votre femme également, faites-lui savoir”.

De retour chez eux, le mari et la femme prirent sur eux d’écouter chaque fois la récitation du Kaddich avec un maximum de concentration, sans parler pendant la prière. 

Bien sûr, l’année d’après, ils eurent le mérite de célébrer la Brit-Mila de leur fils tant attendu.

Ça ressemble à un beau conte me direz-vous ? Et bien non ! Il ne s’agit que de l’expression de la force d’une des prières les plus puissantes que nous ayons à notre portée. 

Que signifie la récitation du Kaddich

La sanctification ultime du nom de D.ieu s’exprime à travers la profession de foi du Kaddich.

Cette prière exprime l'idée que le but de l'existence du peuple Juif est de faire reconnaître la souveraineté de D.ieu sur toute la Terre. 

 Sa récitation est avant tout une prière pour sanctifier le nom Divin. 

Il existe aussi une version particulière, récitée spécifiquement par les endeuillés, appelée Kaddich Yatom (Kaddich des Endeuillés). Le fait de le réciter (surtout pendant la première année de deuil) apporte du mérite à la Néchama (âme) des morts et adoucit leur jugement dans les sphères Célestes. Par ailleurs, il est intéressant de noter que de nombreux Juifs ont fait Téchouva en accomplissant le devoir de le réciter trois fois par jour, pour un proche disparu.

Néanmoins, cette prière ne fait aucune mention de la mort. Pourquoi cela ? Parce qu’en réalité, le Kaddich évoque la grandeur de D.ieu. Il est en fait une affirmation de notre croyance absolue dans Hachem et Son pouvoir infini.

Quand on le récite ou qu’on y répond Amen, c’est exactement comme si on crie de toutes ses forces et de tout son cœur combien on proclame D.ieu comme le Maître du monde et combien on L’aime de toutes nos forces.

Si l’on devait résumer en une phrase le thème du Kaddich, ce serait que D.ieu est grand et que tout vient de D.ieu, de sorte que tout ce qui arrive est, en fin de compte, pour le bien, surtout quand on répond “Amen Yéhé Chémé Rabba…” (“Que Son grand nom soit béni à tout jamais…”).

Sept mots si puissants que lorsque D.ieu nous entend les réciter, nous ne pouvons même pas nous figurer le bien qui peut être accompli par ce seul verset de louanges !

Et les femmes dans tout ça ?

Même si les femmes n’ont pas l’obligation de réciter le Kaddich comme les hommes lors d’un Minyan de 10 hommes, elles ont cependant certaines obligations lorsqu’elles entendent cette prière. La première de ces obligations est de… se taire !

Et parler pendant cet instant très précis peut provoquer une grande colère dans les sphères supérieures (D.ieu nous en préserve) [1].

Le second est de répondre au Kaddich. Mais… comment ? 

Il y a deux types de réponses : la première se fait en répondant Amen à différents moments, la seconde est de reprendre une phrase en cœur avec toute l’assemblée. 

Selon le rite Séfarade, la première partie (“demi Kaddich”) comprend 5 réponses de Amen. Vous trouverez ci-dessous des indications pour savoir à quel moment répondre : 

  • Yitgadal Véyitkadach Chémé Rabba (ici répondre : Amen)
  • Véyatsma’h Pourkané Vikarèv Méchi’hé (ici répondre : Amen)
  • Ba’agala Oubizmane Kariv Véimrou Amen (ici répondre : Amen)
  • Chémé Dékoudcha Bérikh Hou (ici répondre : Amen)
  • Daamirane Bé’alma Véimrou Amen (ici répondre : Amen)

Dès la fin de cette partie, “Daamirane Bé’alma Véimrou Amen, il faut direAmen Yéhé Chémé Rabba Mévara’h Lé’lam Oul’almé ‘Almaya…” (d’après le Rambam).

C’est précisément en récitant cette phrase qu’on ouvre les portes de la délivrance. 

Et pour y voir plus clair, n’hésitez pas à imprimer la fiche pratique du Kaddich réalisée par Torah-Box : 

https://www.torah-box.com/docs-hizouk/repondre-au-kaddich.pdf

Comment profiter de la bénédiction ?

Nous avons toutes des demandes à formuler pour nous et nos proches (de Zivoug, de Parnassa, d’enfant, de guérison, etc.), et souvent, nous cherchons à augmenter le nombre de prières particulières à réciter ou de grands Rabbanim à rencontrer, en espérant que toutes ces actions pourront nous aider à obtenir des réponses positives à nos attentes. 

Vous savez maintenant que la grande Mitsva de répondre Amen au Kaddich pourra aussi ouvrir les portes du Ciel en grand. N’attendons plus ! Que ce soit à la synagogue, lors d’une Brit-Mila, ou autre, prenons sur nous d’écouter attentivement et ne parler qu’au moment opportun. 

“Celui qui bénit est béni” : que D.ieu, dans Son infinie bonté, réponde à nos paroles par de grands miracles !

Béhatsla’ha à toutes !


[1] Michna Broura, chap. 56, passage 1 ; Kaf Ha'haïm, chap. 56, passages 2 et 18.