Comment choisir un prénom pour son enfant ? La Torah a-t-elle des recommandations à nous fournir ? Quelle est l’importance d’accorder un prénom juif ? Le destin d’une personne est-il fixé d’avance par son prénom ?
Un enfant vient de vous naître ? Mazal Tov ! Que ce soit un garçon ou une fille, votre aîné ou votre troisième, vous vous demandez certainement quel est le meilleur prénom à lui attribuer. Question brûlante à laquelle la Torah a quelques réponses à vous apporter…
Quand D.ieu donne un prénom
Disons-le d’emblée : le judaïsme accorde une importance particulière aux prénoms. La Torah, dès ses premiers chapitres, se donne même la peine de nous fournir l’intention cachée derrière les prénoms qui furent donnés à ses personnages.
Ainsi, lorsque D.ieu nomma le premier homme qu’Il créa, la Torah précise : « Et D.ieu forma l’homme (Adam) de la poussière de la terre (Adama) » (Béréchit 2,6). Puis, un peu plus loin, lorsque ce fut au tour de la femme d’être créée, là encore, le texte explique que : « L’homme nomma sa femme ‘Hava, car elle était la mère de tout vivant (Em Kol ‘Haï) » (Béréchit 3,20).
Plus loin, nous voyons que D.ieu changea le nom de différents personnages bibliques. Ainsi Hachem changea le nom d’Avram en Avraham comme il est dit : « Ton nom ne sera plus Avram. [Désormais] ton nom sera Avraham car J’ai fait de toi le père (Av) de nombreuses nations (Hamon) » (Béréchit 17,5). De même, Saraï, femme d’Avraham, devient Sarah. Dans Béréchit 17,15, il est dit : « D.ieu dit à Avraham : ‘Tu n’appelleras plus ton épouse du nom de Saraï car [désormais] elle s’appellera Sarah’ ». Rachi, en s’appuyant sur le traité talmudique Brakhot 13a, explique que Saraï signifie « ma princesse », ce qui implique une certaine restriction, alors que Sarah signifie « princesse » au sens large du terme. Cela signifie qu’Hachem accorda à Sarah une royauté très étendue.
Si D.ieu a pris la peine de sélectionner les prénoms avec tant d’attention dans la Torah, c’est signe qu’il s’agit d’un exercice relevant de la plus haute importance !
Rachel ou Beverly ?
Pour le judaïsme, le prénom ne dépend pas des conventions sociales ni des modes passagères. En fait, donner un prénom est une démarche qui marquera de son empreinte tout l’avenir de notre enfant (que nous souhaitons tous évidemment aussi heureux que possible).
Dans la mesure où il est exprimé en langue sainte (l’hébreu biblique), le prénom traduit l’essence spirituelle de la personne et par conséquent, son rôle en ce bas-monde, rien de moins !
« Venez contempler les œuvres d’Hachem qui a opéré des ruines sur la terre ! », nous exhorte le roi David dans ses Psaumes (46,9). Le mot « ruines » se dit en hébreu Chamot et Rabbi Elazar affirme qu’il faut lire ici, non pas Chamot mais Chémot, à savoir les « noms ». Le verset des Psaumes peut donc être lu comme : « Venez contempler les œuvres d’Hachem, qui donne des noms sur la terre ! »
On déduit de ce verset que c’est Hachem en personne qui inspire les prénoms aux parents, puisque dans les faits, ce sont les parents qui choisissent les noms de leurs enfants.
Le Rav Bentsion Moutsafi reprend cette idée dans son ouvrage Mévasséret Tsion (I, Exposé sur les noms). Il explique qu’Hachem détermine l’essence et les caractéristiques spirituelles de l’âme destinée à venir dans ce monde et inspire aux parents un prénom correspondant à celles-ci.
Et le libre-arbitre dans tout ça ?
Si c’est bien Hachem qui assiste les parents dans l’octroi d’un prénom à leur enfant et leur offre Son inspiration pour y parvenir, il n’en reste pas moins que les parents conservent malgré tout un libre arbitre en la matière. Ainsi, s’ils décident de donner à leur enfant le prénom d’un Tsadik (Juste), ils offrent à leur enfant un potentiel spirituel plus fort et plus élevé. À l’inverse, s’ils choisissent de donner le prénom d’un impie, ou un prénom non-Juif sans signification, ils influent en mal la destinée de leur enfant et risquent de bloquer l’abondance que du Ciel, on souhaite déverser sur lui.
De même que les parents possèdent le libre arbitre pour nommer leurs enfants, les enfants aussi conservent leur libre arbitre après leur nomination et peuvent influer, par leurs décisions et leurs actions, sur leur destinée en bien ou en mal. En effet, si le judaïsme croit aux prédispositions, il réfute l’idée d’un déterminisme figé. Au contraire, en maintes occurrences, la Torah insiste sur l’idée que si l’homme amende ses voies, prodigue le Bien et se rapproche de son Créateur, il a le pouvoir d’annuler tous les mauvais décrets qui pèsent sur lui. Il est donc erroné de croire que si l’on porte un prénom déconseillé par les Rabbanim, notre vie est vouée à l’échec. A D.ieu ne plaise ! Et vice-versa, ce n’est pas parce que l’on porte le nom d’un Tsadik ou d’une Tsadéket que l’on peut se dispenser de fournir les efforts nécessaires à s’améliorer…
En conclusion
Il est très important pour chaque Néchama (âme) de recevoir un nom adapté à ce futur rôle qu’elle aura à jouer. Ce nom adapté lui sera d’une grande aide pour accomplir correctement sa mission dans ce bas-monde. Ceci d’autant plus que l’on sait qu’une des raisons majeures qui a justifié le sauvetage du peuple juif d’Égypte (rapporté par le Midrach Vayikra Rabba 36) est le fait que les Hébreux ne modifièrent pas leurs noms.
On constate ainsi que bien loin d’être motivé par le seul souci de beauté ou de goût, l’octroi d’un nom selon la Torah répond à une exigence de connecter l’être à sa véritable essence spirituelle. Je vous invite donc à me suivre chaque semaine pour une série d’articles traitant des prénoms juifs. Vous y découvrirez leur signification, leur histoire et leurs grandes tendances afin de vous inspirer et vous guider dans le choix du meilleur prénom pour votre enfant.
À la semaine prochaine !
Références :
- Vayikaré Chémo Béisraël
- Sod Hachémot, Rav Its’hak Dahan
Pour en savoir plus sur le choix des prénoms :
https://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/pensee-juive/choisir-un-prenom-un-defi-spirituel_7193.html (rav Emmanuel Boukobza)
https://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/pensee-juive/quel-prenom-choisir-pour-son-futur-enfant_11141.html (Video Torah-Tabou, Rav Gobert)