Si je vous dis fêtes de Tichri, je sais exactement ce à quoi vous allez automatiquement penser : aux plats traditionnels, au Chofar, aux Kapparot, etc. Mais ce que je m’apprête à partager avec vous est une vision qui allie mystère et romance. En fait, en y réfléchissant bien, ce mois ressemble étrangement à la célébration d’un... mariage !
Si je vous dis fêtes de Tichri, je sais exactement ce à quoi vous allez automatiquement penser : aux heures passées en cuisine à préparer des plats traditionnels qui nous suivent d’année en année, aux tablées joyeuses et animées, à la série de Mitsvot très particulières, telles que le Chofar, les Kapparot, les 4 espèces, la construction de la Soucca… Ce mois est chargé d’émotions aussi intenses que différentes, puisque nous allons expérimenter la gravité du Jour du jugement mais également la sérénité du Jour du pardon, ainsi que l’allégresse de la semaine de Souccot.
Mais ce que je m’apprête à partager avec vous est une vision bien différente des fêtes de Tichri que vous avez connue jusque-là, une vision qui allie mystère et romance. En fait, en y réfléchissant bien, ce mois ressemble étrangement à la célébration d’un mariage, à la seule différence que nos deux protagonistes ne sont pas un homme et une femme, mais ni plus ni moins que D.ieu et l’humanité.
Un Chiddoukh pas comme les autres
L’histoire commence au mois de Eloul où Hachem sort alors à la rencontre de Son peuple pour créer une proximité et tisser un lien. Il s’agit de la période où les “fiancés” potentiels apprennent à se connaître, à se comprendre et à évaluer leur compatibilité. Ils passent du temps ensemble (ce sont les Séli’hot) et profitent de cette période pour dresser un bilan, s’introspecter, (processus de Téchouva) pour enfin décider quelle direction prendre à l’avenir.
Après ce mois entier où les deux jeunes ont fourni beaucoup d’efforts et se sont dévoilés l’un à l’autre avec sincérité, le fiancé fait sa demande en mariage. C’est le 1er Tichri. La tension est palpable. Quelle sera la réponse de la jeune fille, quelle sera la suite de l’histoire ? L’attente paraît interminable. Jusqu’au matin de Roch Hachana où alors la réponse retentit en faisant trembler tous les murs et en pénétrant tous les cœurs. C’est le son du Chofar, la réponse est OUI ! Mariage il y aura. Ces deux jeunes se donnent leur parole mutuelle de faire de leur vie commune, une vie heureuse et épanouie. Ce sont les résolutions de Roch Hachana, comme un contrat de cœur qui engagerait le futur couple.
Puis commence la période des Yamim Noraïm, on s’épanche devant son ‘Hatan, on lui promet de nous améliorer, on demande pardon pour nos faux pas ou nos mauvaises paroles, on se projette. On veut démarrer une vie pure, propre de toute rancœur ou colère. On veut arriver au jour du mariage, blancs comme des anges, nettoyés de tout mauvais sentiment qui pourrait entacher la magnifique relation qui s’apprête à voir le jour.
Le grand jour arrive !
Le jour J est arrivé. Yom Kippour, le jour du mariage. On revêt nos habits blancs, on ne s’est jamais sentis aussi proches l’un de l’autre. Cette proximité est la seule chose qui nous importe aujourd’hui, on se détache de tous nos besoins corporels durant cette journée. Nous n’avons besoin ni de manger ni de boire. Nous nous sentons tellement bien l’un avec l’autre, dans ce lieu de spiritualité profonde, où nos âmes se connectent intensément pour la toute première fois. Cette journée voit son paroxysme de proximité lors de la Néila, le ‘Héder Yi’houd (lieu où les époux s’isolent pour la première fois). Ils sont seuls l’un pour l’autre (c’est le cas de la prière de Néila où alors les portes du Ciel se referment avec nous à l’intérieur et où D.ieu Se retrouve seul avec chaque âme). Le reste du monde n’a plus aucune importance, le couple forme désormais UN, il est suffisamment fort pour commencer sa vraie vie.
Le côté solennel laisse place aux festivités de la soirée de mariage. C’est Souccot et son lot de réjouissances. La joie flotte dans l’air. Les jeunes mariés sont au comble du bonheur, et leur parfum enivre toutes les personnes qui s’approchent d’eux. Après la réception, s’enchaînent la semaine de Chéva Brakhot, 7 jours de gaieté et d’enthousiasme. Le jeune couple aménage son petit chez soi, simplement. Avec amour et goût, il s’investit dans ces murs qui abriteront son bonheur (il s’agit de la Soucca).
La vraie vie commence
Ces 7 jours d’allégresse se terminent par Sim’hat Torah, l’expression de la joie par excellence, et Chémini Atséret, moment où nous demandons la pluie. Qu’est-ce que la pluie ? La pluie n’est ni plus ni moins ce qui permet la reproduction. La pluie est la promesse d’un lendemain. Grâce à elle, la vie continue. On comprend encore mieux le parallèle avec l’image de notre jeune couple, qui ne souhaite qu’une chose à l’issue de ces journées de festivités : fonder une famille, avoir une descendance, pour donner à leur petite cellule naissante une dimension d’éternité.
Puis après ce mois d’excitation et de réjouissances, le couple entre dans la vraie vie, celle sans artifice, sans projecteur, sans public, celle où ils ne peuvent compter que l’un sur l’autre, et l’autre sur l’un. C’est le mois de ‘Hechvan, le seul mois « stérile » du calendrier, le mois où rien ne se passe, le mois sans aucun jour de fête. Le couple peut alors se construire loin des feux de la rampe, les jeunes mariés ont désormais l’occasion de prendre soin de l’autre, avec dévotion et loyauté, et de se prouver mutuellement leur amour sincère et profond...