Juste avant de quitter ce monde, Moché Rabbénou, le berger des enfants d'Israël, celui qui les a toujours guidés, soutenus, encouragés, éclairés, se tient debout devant eux et continue sa sainte mission. C’est sous forme de chant qu'il prononce une série de conseils et de règles de comportement à la veille de leur entrée en terre d'Israël...
Une de ses craintes majeures est le danger de la confortabilité : ”Yéchouroun, engraissé, regimbe. Tu étais trop gras, trop replet, trop bien nourri et il abandonne le D.ieu qui l'a créé, et il méprise son rocher tutélaire !” (chap.32, verset 15). En effet, le peuple d'Israël arrive dans un pays ruisselant de lait et de miel, un pays où ils trouveront enfin le calme, où ils construiront enfin leur maison… Et là, ils risquent d'oublier leur D.ieu et de Lui tourner le dos… “Faites attention de ne pas tomber dans l'ingratitude”, dit Moché Rabbénou aux enfants d'Israël, n'oubliez pas Celui qui vous a fait naître, Celui qui vous a choisis en tant que peuple élu, Celui qui vous a délivrés des pervers égyptiens, qui a fendu la mer pour vous, qui a englouti vos ennemis, qui vous a donné la Torah, qui vous a protégés dans le désert… Soyez reconnaissants ! Restez fidèles aux lois de la Torah et ayez confiance en votre Créateur car : ”Lui, notre rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même, D.ieu de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit” (chap.32, verset 4).
Le ‘Hessed qu'il y a dans le manque
Qui d'entre nous n’aimerait pas tout avoir ? Une bonne réussite financière, une grande maison, plusieurs voitures, des enfants parfaits, une excellente santé… La perfection, l'opulence, nous font tous rêver ! Mais, une personne qui détient tout, éprouve-t-elle le besoin de lever les yeux vers Hachem pour qu'Il remplisse ses manques ? Ou, au contraire, son sentiment de puissance qui envahit son être l'empêche-t-il de se connecter au Maître du monde, au Roi des rois ?!
C'est exactement la raison pour laquelle nous n'avons pas tout ce que nous voulons avoir. Parce que si l'on ne manquait de rien, on resterait loin d'Hachem. Et être loin d’Hachem est la plus grande de toutes les souffrances, alors qu'être proche d’Hachem c’est le plus grand des bonheurs, comme il est écrit : ”Pour moi, le voisinage de D.ieu fait mon bonheur” (Téhilim, psaume 73, verset 28).
Imaginez que vous gagnez au loto. Vous vous levez le matin, comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous continuerez à prier pour la réussite financière ? Pourquoi le faire en vérité ? Ça y est, vos comptes en banque sont remplis jusqu'à la fin de votre vie !!
À présent, on peut comprendre pourquoi la manne dans le désert ne tombait pas une fois par mois ou une fois par semaine, mais une fois par jour. Les enfants d'Israël venaient récolter leur nourriture au jour le jour. Celui qui essayait d'en garder pour le lendemain ne pouvait pas en profiter puisqu'elle pourrissait. De cette manière, cette nourriture miraculeuse qui tombait du ciel représentait pour le peuple la totale dépendance qu'ils avaient envers leur Créateur. Hachem les tenait proches de Lui, Il les rencontrait journalièrement, quelle preuve d'amour !
Les portions limitées que les enfants d'Israël recevaient peuvent nous sembler médiocres, mais elles étaient bénies par l'Éternel. En effet, la manne était complètement absorbée dans les organes, il n’en restait aucun résidu. C'est la Brakha dont on bénéficie quand on prie pour recevoir.
Cette règle de base dans notre service divin, nous l’apprenons des châtiments respectifs qu'ont reçus Adam Harichon et le serpent après la faute. “C'est à la sueur de ton front que tu te nourriras” (Béréchit, chap.3, verset 19), a dit Hachem à Adam après qu'il a transgressé son seul ordre de ne pas manger de l'arbre de la connaissance. “Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres, tu te traîneras sur le ventre et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie” (Béréchit, chap.3, verset 14), a dit Hachem au serpent qui a engendré la faute. À priori, le serpent a été plutôt récompensé. De la poussière, il en trouvera partout, il aura à manger là où il ira ! Nous aussi, on aimerait bien ne plus se soucier de notre moyen de subsistance, ne plus devoir cravacher, comme on dit. Mais non, c'est exactement le contraire. En donnant au serpent la possibilité de se nourrir si facilement, Hachem a renoncé à sa relation avec lui. Il lui a en quelque sorte dit : ”Tiens, prends, je ne veux plus t'entendre, toi et moi c'est fini !” Par contre, l'Éternel n'a en aucun cas renoncé à Sa relation avec Ses enfants adorés. Les difficultés que nous rencontrons dans la vie ont pour objectif de nous maintenir connectés à Hachem.
Le premier réflexe d'un Juif quand il est éprouvé est d'implorer son Créateur : "Hachem, aide-moi ! Éclaire-moi ! Donne-moi la force de garder la joie, de croire en Toi quoi qu'il arrive !"
Dans le mot Téfila (prière), se cache le mot Ptil (mèche). Quand on allume une bougie, la mèche a le pouvoir de relier la matière combustible au feu. C'est le pont qui relie un endroit à l'autre. La particularité de ce pont est sa capacité à relier deux points géographiques même si le fossé entre les deux est énorme. La parole nous a été donnée, à nous qui sommes sur terre pour se rapprocher d’Hachem qui est dans les cieux. Les mots qui sortent droit de notre cœur constituent le carrefour entre l'essence animale (le corps) et l’essence spirituelle qui nous habite.
Même si on ne Le voit pas, Hachem nous écoute !
Qu'est-ce que c'est soulageant de sentir qu'on nous a vraiment écoutés, un peu comme si on nous déchargeait le cœur ! Tendre l'oreille à l'autre, le comprendre, et compatir à sa douleur est certes un acte très élevé, qui est inclus dans la Mitsva de Guemilout ‘Hassadim. Il faut savoir que quand on parle à Hachem, Il nous écoute ! Il nous écoute vraiment, Il ne fait pas semblant ! Il nous écoute avec ses ”deux oreilles” et son ”cœur” (évidemment, c'est une parabole, parce que Hachem n'a pas de corps) comme le dit si bien Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato (Le Ram’hal Hakadoch) : "Et Lui, Le Saint béni soit-Il, entend et écoute nos paroles de la même manière qu'une personne parle à son ami, et celui-ci l'écoute".
Voici les sages enseignements du Admour de Piastne ('Hovat Hatalmidim):
“Est-ce qu'il y a un meilleur ami pour toi que ton Papa qui est dans le ciel ? Et qui pourra, comme Lui, te comprendre et guérir tes plaies intérieures ? Écoute ce que je te dis, rentre dans une chambre si tu peux, ou sinon tourne toi vers le mur et dessine dans ton esprit que tu te tiens debout devant le trône céleste et vide ton cœur en disant tout ce que tu ressens, dans la langue qui t’est familière”.
En prenant conscience de l'impact d'une prière avec ferveur, on réservera plus de temps à s'arrêter dans notre quotidien et à lever les yeux vers Hachem, à se confier à Lui comme si on se confiait à une bonne amie et alors on sera surprise de découvrir combien ces mots dirigés vers l'Éternel nous procureront tellement de sérénité et de consolation.
Chabbath Chalom à toutes !