J’étais tranquillement assise, dans un joli parc parisien. Face à moi, plusieurs spectacles de rue, pouvant paraître banals. A gauche, un enfant attristé de se voir chiper sa trottinette, à droite, une jeune fille enthousiasmée attirant ses amies dans la conception d’une vidéo, et devant moi, un couple réglant ses comptes à voix haute… Quinze minutes plus tard, l’enfant n’est que sourires, la jeune fille esseulée par des amies peu fidèles, et le couple assagi. Ce spectacle est tout à fait représentatif du cycle de la vie humaine : tantôt donneur de lumière, tantôt récepteur d’ombre...
L’être humain virevolte entre deux positions alternatives : donneur et receveur. Transmetteur, et capteur. Influenceur, influencé. Motivant, motivé. Etc., à l’infini. La grande question, dans tout cela, est cette notion de virus, de viralité, ne nous habite-t-elle pas profondément ?
Finalement, à nous observer, il semble même que le Covid ne serait qu’une microscopique représentation physique de la circulation qui se déroule sans arrêt depuis la nuit des temps…
TOUT circule, de l’un à l’autre, et TOUT le temps : les idées, les mots, les gentillesses, les méchancetés, l’amour, la haine, la gratitude, le rejet, etc. À quasi l’infini.
Ok, et puis ?
Eh bien, bien que las de réfléchir, bien qu’épuisés parfois de tourner dans tous les sens cette configuration improbable, la vie nous offre un nouvel élan chaque jour. Un renouveau. Baroukh Hachem !
Cet élan, aujourd’hui, pourrait être dans une vraie prise de conscience de TOUT ce qui nous contamine, en bien/moins bien/mal, et de TOUT ce dont nous contaminons les autres, en bien/moins bien/mal (pas de piston pour soi-même ;-)
Suis-je un bon transmetteur d’Hachem dans ce monde ? Quelle trace je laisse, chaque jour, dans ma maison ? Dans mon entourage ? Suis-je vecteur de bonnes choses ? Transmetteur ? Receveur ?
À défaut de ce vilain (ou pas ?!?) virus, il nous rappelle combien ce que l’on donne, l’est à l’infini : un contaminé contamine un autre, qui contamine 10 autres et ainsi de suite sans s’arrêter, et de plus en plus. Kal Va’homer (à plus forte raison) dans les belles choses, combien quand on donne (du temps, de l’amour, de la bienveillance, etc.), nous envoyons des ondes d’une puissance invisible, mais d’une portée infinie.
Encore plus mignon : à chaque occasion de donner, Hachem, qui agit telle notre ombre, profite de notre volonté de donner pour nous donner, à son tour, et encore beaucoup plus.
C’est ce que nous apprenons du verset « תנוּ עֹז לאלוֹקים » ("Tenou 'Oz Léélokim" : Conférez à D.ieu de la puissance). Il veut nous donner bien plus que ce que nous aimerions recevoir, mais est en attente du déclenchement de ce processus par notre bon-vouloir. En déclenchant le don, cela Lui donne l’impulsion de toutes les Brakhot qu’Il nous envoie.
Combien les Grands de ce monde en ont conscience ; citons par exemple le ‘Hafets ‘Haim qui, âgé de plus de 90 ans, tenait à poursuivre sa quête de Tsédaka (charité) pour les plus démunis. Apostrophé par ses élèves qui souhaitaient le décharger de cette peine, il refusait avec force, et donnait toutes ses forces pour permettre à chacun de décrocher l’immense chance, de donner.
Souvent, lorsque l’on voit des Rabbanim ou des volontaires pour des associations, nous proposer de contribuer à leurs œuvres, nous ressentons ce sentiment hautain d’être le potentiel donneur, et eux, les pauvres receveurs. Ce monde est à l’envers mes amis, c’est bien eux, qui sont au sommet….
Si le corona pouvait nous apprendre, parmi tant d’autres choses, à donner plus, mieux, et à savoir ne recevoir que des bonnes choses, alors la transmission, elle, aura joué parfaitement bien son rôle. Contaminants d’espoir et de confiance, contaminés de Brakha et de réussite avec l’aide d’Hachem.
Une très bonne santé à toutes !