Elle a caché son identité juive en tant que jeune fille, elle a délaissé les paillettes du show-business pour se rapprocher d’Hachem, elle a réussi à convaincre 100 jeunes de s’inscrire au Talmud-Torah et ses écrits de Torah omis dans son ancien appartement ont permis à sa propriétaire de faire Téchouva. Rencontre avec Révital Tsadok, une Rabbanite… pas comme les autres !
De l'enfance à l'âge adulte
Révital est née à Jérusalem dans une famille traditionnaliste. Après ses années passées à l’école élémentaire, ses parents décidèrent de retourner vivre en France et c’est ainsi que cette jeune hiérosolomytaine se retrouva en l’espace de quelques jours sur les bancs d’un collège public parisien, entourée de non-juifs, « à cause des frais de scolarité trop élevés dans les écoles juives », précise-t-elle. Ayant essuyé à plusieurs reprises des insultes antisémites, Révital mit un point d’honneur à masquer sa judaïté. Ce n’est qu’à l’âge de 14 ans que, poussée par une quête de vérité, elle se mit à fréquenter assidûment la synagogue et en apprit davantage sur son judaïsme.
En même temps que ses études au lycée, Révital intègre le Conservatoire de danse. Par la suite, elle fondera même sa propre troupe de danse avec laquelle elle se produira à la télévision et en diverses occasions. Son bac en poche, elle entame des études pour devenir professeur de Kodech, passe son diplôme avec mention et commence à travailler dans une école juive de la capitale.
« Dans cette école, le règlement voulait que les professeurs se vêtissent de manière pudique, se souvient Révital. Ainsi, je me voyais obligée de m'habiller Tsanou’a la plupart du temps. Mais au lieu de voir cela comme une contrainte, je le vivais au contraire très bien. Plus je découvrais le judaïsme, plus je l'appréciais », raconte-t-elle. Elle présente sa candidature pour gérer un grand Talmud-Torah de Paris, se fait embaucher et le développe d'une manière prodigieuse : « D'une vingtaine d'élèves, nous sommes passés à cent élèves en l'espace d'un an seulement », se souvient-elle.
« Vu le bagage de connaissances en Halakha et en pensée juive que j'avais acquis au fil des années, j'avais publié une brochure sur le sujet de la Téfila, qui avait reçu l'approbation du Rav Yossef-'Haïm Sitruk. J'ai même animé quelque temps une émission sur la prière sur Radio J. Le Consistoire avait pris l'habitude de m'envoyer les candidats à la conversion afin que je leur enseigne les rudiments du judaïsme. Et, comble du paradoxe, c'est en enseignant aux autres, que ce soit à mes élèves, à mes auditeurs ou à ces non-juifs, que j'ai réalisé que ma recherche de vérité m'amenait inéluctablement vers la Torah. Sans le savoir, ma Néchama (âme) en avait soif et ce sont ces Goyim (non-juifs) qui me l'ont appris... À leur contact, j'ai compris que je devais me renforcer au niveau de la pratique des Mitsvot et ne pas seulement me contenter d'amasser des connaissances... »
Révital rencontre son époux lors d'une soirée pour célibataires organisée par la communauté. Elle a alors 27 ans et déjà une belle carrière derrière elle. Ils passent sous la 'Houppa. Après avoir obtenu sa licence, elle accouche de son premier enfant, puis elle et son mari décident en 1996 de faire leur Aliyah en Erets Israël. Sur place et alors que la famille s'agrandit, Révital continue d'enseigner le Kodech et la Téfila et publie deux livrets sur la prière et la pureté familiale. Comme si ce n'était pas suffisant, Révital se met avec les années à cumuler les occupations professionnelles : elle travaille aujourd'hui en tant que conseillère parentale, thérapeute de couple, conseillère en éducation, Madrikhat Kalot (formatrice de futures mariées), directrice d'un séminaire à Beth Chémech et animatrice de soirées de Hafrachat 'Halla !
Par le mérite d'un cahier oublié...
« Peu après mon arrivée en Israël, nous décidâmes avec mon mari de passer la fête de Pessa'h chez ma sœur, qui habite un Kibboutz laïc dans le nord du pays. Nous avions loué une petite maison pour une période d'un mois. C'est pendant la fête que j'éprouvai une sensation pénible. Malgré mes connaissances académiques en Torah, je sentis que ma Néchama avait soif de quelque chose de plus profond. Je ressentis le besoin indescriptible de me rendre à un cours de Torah, mais lorsque j'interrogeai ma sœur, elle m'indiqua qu'il n'y en avait pas dans la région. Par contre, ajouta-t-elle, il lui semblait qu'il existait une certaine chaîne de télévision sur laquelle étaient diffusés des cours de Torah en continu. De retour dans notre maison, j'allumai la télévision et trouvai rapidement la chaîne en question. C'était le Rav Zamir Cohen, dont je n'avais jamais entendu parler, qui était en train de parler de sujets d'une profondeur extraordinaire. Je n'avais jamais rien entendu de tel de toute ma vie. Subjuguée, je m'emparai d'un cahier vierge trouvé là et me mis à retranscrire mot à mot les paroles du Rav. C'était fascinant. Durant toute la durée de la location, je me mis à visionner à la même heure le cours du Rav et noter ses enseignements dans leur intégralité. Ma soif était inextinguible, c'est comme si je découvrais la Torah. Pour ma part, ma décision était prise : je revenais à la pratique sans hésiter ! Mais l'histoire ne s'arrête pas là. À mon retour à la maison à la fin des vacances, je me mis à chercher désespérément mon précieux cahier, mais ne parvins pas à mettre la main dessus. En désespoir de cause, j'appelai alors ma sœur pour lui demander de se renseigner auprès de la propriétaire de la petite maison au cas où celle-ci l'aurait trouvé. J'espérais juste qu'elle ne l'avait pas jeté... Peu après, ma sœur me rappela pour me raconter un fait extraordinaire : il s'était avéré que la propriétaire avait bien trouvé mon cahier, qu'elle l'avait lu de bout en bout et fit Téchouva sur-le-champ ! À la suite de cette histoire incroyable et toujours grâce au Rav Zamir Cohen, ma sœur aussi entama un processus de Téchouva avec son fils de 16 ans. »
3 questions !
Après cet entretien passionnant avec la Rabbanite Révital Tsadok, nous lui demandons si elle accepte de répondre à 3 questions sans joker, jeu auquel elle se soumet avec joie !
Pourquoi venir à l'une des soirées d'Hafrachat 'Halla que vous animez plutôt qu'à d'autres ?
J'ai eu le mérite de grandir auprès de parents pétris d'Emouna et surtout de Sim'ha (joie). Mon père avait l'habitude de ramener chez nous des jeunes qu'il trouvait dans la rue afin de les aider à revenir sur le bon chemin. Si vous prenez ces qualités, les mélangez avec le domaine de la Téfila (prière) que j'enseigne depuis des années et y ajoutez les bonnes énergies émises par les femmes extraordinaires qui viennent participer à ces soirées, vous obtenez un aperçu de l'atmosphère hors du commun qui les caractérise !
Un miracle survenu lors de l'une de ces soirées ?
Il y a quelques années, une jeune fille qui étudie dans notre séminaire de Beth Chémech vint me voir à la fin d'une Hafrachat 'Halla pour me demander de lui proposer un Chiddoukh. Je sortis mon calepin pour voir si je connaissais quelqu'un à lui présenter, lorsque soudain, avec une Emouna pure, elle pointa du doigt un nom en disant : « Je suis prête à rencontrer ce garçon ». Il s'avéra qu'il s'agissait d'un excellent parti, un jeune homme qui avait habité chez nous quelques années et s'était beaucoup renforcé en Torah. Malgré les embûches fixées par le Yétser Hara’ (mauvais penchant), ils finirent par se marier ! Ils sont aujourd'hui les heureux parents d'un adorable bébé.
Un message à faire passer à nos lectrices ?
Après le décès de la Rabbanite Kaniewsky, je me suis rendue chez sa fille pour obtenir une bénédiction. Il y avait beaucoup de personnes qui attendaient et je pris place comme tout le monde dans la salle d'attente. Soudain, la Rabbanite sortit de sa pièce et me pointa du doigt en demandant : « Est-ce bien vous qui animez des soirées d'Hafrachat 'Halla ? ». Je répondis par l'affirmative et elle me dit alors : « Ma mère vouait une admiration sans bornes pour ce que vous faites. Elle affirmait que ces soirées engendraient une grande fraternité au sein du peuple juif, qu'elles étaient porteuses de grandes délivrances et qu'elles hâtaient la Guéoula (délivrance). » Ce sont ses paroles, pas les miennes :)