“Quel plaisir de voir que tout est rangé, merci pour ton aide !”, “Bravo, tu as fait tes devoirs sans te lever une seule fois. Quel sérieux !”

Sommes-nous assez conscients du pouvoir de l'encouragement ? Ou, au contraire, des conséquences néfastes de la critique ? Une image de soi positive est le secret de la réussite dans tous les domaines. Que ce soit pour fonder un foyer, réussir professionnellement ou encore la réussite spirituelle dans notre ‘Avodat Hachem (service Divin). Une personne qui n'est pas consciente de sa valeur et de ses qualités aura du mal à communiquer avec son entourage puisque l'interprétation des faits dépend essentiellement du regard que nous portons sur nous-mêmes.

Dans la Paracha des explorateurs, il est écrit : “Nous étions à nos propres yeux comme des sauterelles, et ainsi nous étions à leurs yeux.” [1]

Les explorateurs ne se contentent pas de l'image négative qu'ils ont d'eux-mêmes, mais ils vont jusqu'à tirer des conclusions catégoriques sur le regard que les habitants de la terre sont censés porter sur eux. C'est justement parce qu'ils se voyaient eux-mêmes comme des sauterelles qu'ils s'imaginaient que les ennemis les voyaient comme tels [2].

Notre devoir en tant que parents est d'aider nos enfants à construire une image de soi positive, qui leur donnera la force de croire en eux et de ne pas avoir peur de s'engager. Comment faire ?

Un enfant ne sait pas s'évaluer tout seul et apprécier ses capacités et ses qualités. C'est le regard de ses parents dans son enfance, puis de son entourage plus élargi au moment de l'adolescence, qui va lui permettre de construire son image de soi.

Une vision positive favorise une construction positive chez l'enfant. Alors qu'une vision négative entraînera des lésions dans l'image que l'enfant aura de lui-même. Avant tout, il faudra donc travailler son regard et ouvrir les yeux sur les côtés positifs de l'enfant, sans s'attarder sur ses défauts ou ses échecs.

Ce travail ne doit pas rester dans le cœur, il faut l'exprimer verbalement, car la parole a un pouvoir créateur, comme il est écrit : “Par dix paroles le monde a été créé”. Le fait de refléter les qualités, les efforts (sans tenir compte du résultat), les progrès, etc. contribuera à la création d'une bonne image de soi.

Dans la Paracha de Noa’h, Hachem s'adresse à Noa’h et lui dit : “Entre, toi et toute ta famille dans l'arche, car c'est toi que J'ai reconnu honnête parmi cette génération”. Noa’h est le seul dans tout le Tanakh qui a été caractérisé d’honnête, de Tsadik.

Pourquoi est-ce qu’Hachem décida de complimenter comme cela Noa’h alors que même Avraham Avinou et Moché Rabbénou n'ont pas eu ce mérite ? Pourquoi Hachem a-t-Il fait une exception ?

Le Rav Chmouel Rabinovitch nous explique que le moyen pour faire grandir autrui est l'encouragement. Le compliment vient pour convaincre l'autre de ses forces, pour l'aider à faire sortir les capacités qui sont enfouies en lui.

Selon le judaïsme, il y a dans le mot un pouvoir de créer une réalité. C’est pour cela qu’Hachem décide d'encourager Noa’h avant qu'il ne commence à construire l'arche. Ce projet de mettre en place l'arche allait durer 120 ans et se réaliser dans des conditions difficiles, car Noa’h allait devoir faire face à des gens pervers et moqueurs. Ces mots : “Car c'est toi que J'ai reconnu honnête parmi cette génération” donneront à Noa’h la force de se battre et d'être l'instigateur d'un nouveau monde.

Alors soyons généreux et n'hésitons pas à faire des compliments, car nos mots positifs constituent les fondations de la personnalité de nos enfants. Une bonne image de soi permet de porter un regard positif sur autrui et reste une condition fondamentale pour construire des liens affectifs sains avec son conjoint et ses enfants. Une prise de conscience sur notre responsabilité en tant que parents nous donnera la force de changer notre regard et nos mots. Et pour nous aider, surtout ne pas oublier d'introduire une nouvelle demande dans nos prières : “Hachem je T'en prie, aide-moi à porter un bon regard sur mes enfants et à les encourager de tout mon cœur.”

Bon courage à toutes !

 

[1] Bamidbar (Chap. 13, verset 33)

[2] Sfat Emet (Maamar, תרם)