Que faire quand notre enfant est invité à une petite fête et que l’on sait que la nourriture proposée ne sera pas Cachère ? Y a-t’il un moyen de respecter les règles de la Cacheroute sans priver notre enfant d’un moment sympathique ?
Une invitation problématique
Un jour, lorsque je suis allée chercher ma fille de 7 ans à son cours de danse, une de ses camarades, la petite Salomé, est venue lui donner une jolie enveloppe rose. Toute fière, elle nous a dit : “C’est pour ma fête d’anniversaire, je vais avoir 8 ans !”.
Ma fille était toute heureuse à l’idée du goûter d’anniversaire et ne cessait d’en parler sur le chemin du retour. Moi j’étais préoccupée par cette invitation : à la maison et en dehors, nous veillons à manger conformément à la Cacheroute, or la famille de Salomé n’est pas pratiquante. Donc il y avait de grandes chances pour que la nourriture servie ce jour-là ne soit pas Cachère. D’un autre côté, je m’imaginais mal priver ma fille d’assister à l’anniversaire de sa copine. Elle pouvait ne pas comprendre la raison ou pire, elle pourrait en déduire que manger Cachère = interdiction et privation.
Pourquoi manger cachère ?
Le lendemain, faute de solution, je décidai d’appeler la femme du rabbin de ma communauté. Elle avait sûrement déjà rencontré une situation similaire avec d’autres familles. “Ma chère Myriam, dit la Rabbanite, c’est avec joie si je peux vous aider et vous donner des conseils en tant que maman”. Puis elle me prit de court et me demanda : “Myriam, savez-vous pourquoi vous mangez Cachère ?
- Euh...bonne question...Euh...parce que c’est ce que Hachem attend de nous ?
- Vous avez tout à fait raison Myriam ! Les lois de la Cacheroute sont destinées à élever notre niveau de sainteté, bénéfique certes, à notre corps, mais surtout à notre âme. Si je vous ai posé la question, c’est parce que la première chose à faire est de comprendre pourquoi vous respectez certaines règles, afin de pouvoir à votre tour les transmettre à vos enfants. Après tout, nous ne serons pas toujours avec eux pour les surveiller !”
“Pas faux...” me dis-je intérieurement. Elle poursuivit : “De la même façon, si vous lui faites comprendre que chaque aliment qu’elle mange a un impact sur elle, elle ne verra pas les restrictions alimentaires comme un blocage mais au contraire comme un engagement.
Donc mon conseil : échangez avec votre fille pour qu’elle comprenne l’importance de respecter des règles dans les choix alimentaires.
- Mais ma fille a 8 ans ! Comment pourrait-elle comprendre la dimension spirituelle ?”, rétorquai-je. La Rabbanite rit de bon coeur et me fit une confidence surprenante : “Ma chère Myriam, vous seriez étonnée de la connexion qu’ont les enfants avec Hachem...”.
Cacheroute et communication
Ce même jour, après l’école, je mis les conseils de la Rabbanite en application : je profitais du moment du goûter pour m’asseoir avec ma fille et discuter avec elle de ce que l’on mange et des bienfaits que cela nous apporte. En bonne petite gourmande, elle était très intéressée par le sujet !
Du coup, je lui confiais un secret : dans la pomme qu’elle était en train de croquer, il y a des vitamines. On ne les voit pas mais elles sont là et ce sont elles qui nous donnent la force pour travailler, jouer...
“Un peu comme un pouvoir magique !, me dit-elle.
- Exactement ma chérie ! Et de la même façon que l’on nourrit notre corps, il y a quelque chose d’autre de très spécial qu’on ne voit pas mais qui va nous aider à être une personne encore meilleure, comme Hachem voudrait que l’on soit.”
Soulagée, je voyais que ma fille comprenait le sens de la Cacheroute. Elle était si mignonne à regarder sa pomme avec un oeil très sérieux !
J’en profitais pour lui confier que j’étais embêtée parce que la maman de Salomé ne savait pas tout cela et que sans le faire exprès, il y aurait des choses qu’elle ne pourrait pas manger à la fête.
Et c’est là que ma fille, ce petit génie, eut une merveilleuse idée :
“Pourquoi ne pas faire nous-mêmes le gâteau pour l’anniversaire ?”
Mais oui bien sûr ! La mère de Salomé trouva l’idée géniale (“Je suis nulle en pâtisserie et ça changera des gros gâteaux achetés à la boulangerie”) et j’étais heureuse de pouvoir lui donner un coup de main, tout en m’assurant de la provenance des gâteaux et bonbons.
On organisa donc un atelier et tout le monde mit la main à la pâte, avec moi dans le rôle de l’instructeur. Je donnais en prime aux enfants une explication sur le choix de chacun des ingrédients : pourquoi choisir un oeuf blanc plutôt qu’un brun, pourquoi fallait-il tamiser la farine (il y eut d’ailleurs des cris quand je montrai les petits vers restés dans le tamis !) et même comment bien choisir les bonbons pour la déco et éviter de manger de la gélatine de porc...
Une bonne action en amène une autre
Vous savez quoi ? L’atelier fut un vrai succès ! Ma fille me dit dans l’oreille qu’elle était très fière de respecter les commandements de Hachem (j’avoue que j’en eu les larmes aux yeux). La mère de Salomé me remercia à la fin pour l’aide apportée et me confia qu’elle ne savait pas à quel point tout cela avait un sens de faire attention aux règles alimentaires !
Elle me demanda même de venir avec elle faire les courses avant le goûter d’anniversaire pour être certaine que tout serait 100% Cachère ! Bien sûr, j’acceptai avec joie. Et le jour de la fête, elle raconta à toutes les mamans comment nous avions préparé si facilement un buffet de desserts cachères. A tel point que certaines mères me demandèrent de participer elles aussi à un prochain atelier “desserts-Cachères” !
Par la suite il y eut de nombreuses autres fêtes. Et quand je ne pouvais pas proposer un atelier, je m’arrangeais toujours pour apporter un gâteau. Moi qui appréhendais cette fête, finalement j’étais heureuse du résultat qui m’apprit une leçon importante : prendre le temps de discuter et d’expliquer notre engagement par rapport la Cacheroute, que ce soit avec ma fille ou avec les autres mamans. Pour le reste, c’est D.ieu Lui-même Qui se charge de diffuser Sa lumière !