Question d'une internaute : "Je suis mariée depuis 7 ans et mon mari ne me fait jamais de compliments, ni ne me dit de mots d'amour, et ses gestes tendres sont rares, voire quasi inexistants... Il ne me dit jamais qu'il m'aime et ne me fait jamais de surprises, ni de cadeaux. Je sais (enfin je pense) qu'il m'aime au fond, donc je me rassure un peu toute seule... Mais j'ai besoin de sentir qu'il m'aime vraiment ! Pas de le "deviner". J'ai déjà essayé de lui parler, mais rien ne change, je suis perdue et sans forces..."
Réponse de Mme Nathalie Seyman
Nous sommes tous différents dans nos relations personnelles, tout comme il y a mille et une façons d’aimer. Certains sont très démonstratifs, parfois même trop, d’autres ne sont pas tactiles, mais plus centrés sur la parole, chez d’autres encore, tout passe par les actes. Et il y a les avares affectifs qui se caractérisent par le refus total de se donner émotionnellement de quelque manière que ce soit : paroles, regards, attentions, gestes affectueux, etc. Cet état touche en particulier les hommes, mais peut aussi concerner certaines femmes. Pourquoi une telle cupidité de sentiments? Et surtout comment améliorer la situation ?
Qui est l’avare affectif ?
Un avare affectif est une personne qui se trouve dans l'incapacité d'échanger et d'exprimer ses sentiments ou ce qu’il ressent, que ce soit en privé ou en public. Il a du mal à s’ouvrir aux autres et semble toujours être froid et distant. Il ne sait pas retranscrire ses émotions aux personnes qu’il aime. Mais être incapable d’exprimer ses sentiments ne veut pas dire ne rien ressentir, bien au contraire. Il y a plusieurs explications qui pourraient justifier l’attitude de votre mari :
- Une peur de souffrir : exprimer ses sentiments signifie pour lui perdre le contrôle, avouer une certaine faiblesse. C’est un état qui lui fait peur, car il ne veut pas se sentir vulnérable aux autres. Il essaie par son attitude de se protéger d'une éventuelle dépendance affective qui pourrait l’exposer à une souffrance, qu’en cas d’échec il ne se sentirait pas capable d’affronter.
- Une peur de l’engagement : pour lui, s’engager sur la voie des sentiments et des émotions peut vouloir dire perdre sa propre identité.
- Une hypersensibilité : son indifférence lui sert en fait de bouclier qui le protège contre l’explosion de sentiments qui se déroule en lui. Peut-être connait-il sa façon de prendre les choses et son extrême sensibilité et préfère donc se protéger des émotions négatives qu’il pourrait ressentir : tristesse, déception, colère, angoisse d’abandon, de séparation, etc.
- Prouver son amour autrement : il est peut-être plus à l'aise dans l'action que dans les mots.
Trop focalisée sur l’absence de gestes affectueux, vous avez peut-être fini par en oublier qu’il prépare tous les soirs de bons repas ou s’occupe bien des enfants, qu’il vous apporte toujours son soutien à chaque instant…
De votre côté
A moins qu’il ne soit devenu ainsi avec les années, ce qui traduirait un tout autre problème, il était déjà comme ça lorsque vous l’avez épousé. Il est important de vous interroger sur votre choix. Choisir un compagnon avare affectif n'est pas anodin et peut refléter soit un besoin de liberté, soit des difficultés à doser vos propres sentiments. Quoi qu’il en soit, il faut vous poser ces questions afin d’en apprendre plus sur vous-même et vous permettre d’avancer de façon plus sereine dans votre relation.
Améliorer la situation
Il va falloir aider votre mari à lâcher prise et à libérer ses émotions, mais de façon progressive.
Plusieurs techniques peuvent l'aider :
- Pour commencer, ne l’obligez pas à être dans des situations qui le mettent mal à l’aise, comme en public par exemple. Il faut lui montrer que dans certains cas, vous le comprenez et respectez sa distance, et que, dans d’autres, c’est à lui de vous respecter et de faire un effort de chaleur.
- Montrez-lui l’exemple. Exprimez-lui plus souvent vos sentiments, faites davantage de compliments, de petites attentions. C’est en donnant qu’on reçoit ! Au fil du temps, grâce à votre mode d’emploi, il deviendra à son tour plus démonstratif.
- Soyez à l'écoute de ses peurs et de ses frustrations. Exprimez pour lui ce qu’il ressent : tu dois te sentir triste de ce que t’a dit ton meilleur ami, je sais que tu adores quand on discute tous les deux, etc. Les dire à voix haute peut l’aider à comprendre, et à long terme finir par ressortir tout ce qu’il ressent.
- Ne soyez pas dans l'accusation ou le reproche. Favorisez le dialogue pour exprimer vos frustrations, mais sans trop insister. Ce sont surtout vos actions qui auront plus un impact que vos mots.
- Créez un manque en suivant scrupuleusement les lois de pureté familiale. Le fait de ne pas pouvoir vous toucher physiquement ou affectueusement durant 15 jours amène très souvent les maris à se montrer bien plus affectueux et attentionnés qu’à l’ordinaire, non seulement à l’approche de la date du Mikvé, mais surtout le soir même et les jours d’après.
- Laissez-le avancer à son rythme. Il a besoin de temps, il ne peut pas changer du jour au lendemain. Mais à force de patience et d’amour, vous obtiendrez de lui l’affection que vous espérez.
- Respectez sa tranquillité quand c'est nécessaire. Même s’il s’améliore, il ne sera jamais un grand sentimental. Il faut que vous arriviez à un compromis à deux.
Conseil à votre mari
Sans peut-être vous en rendre compte, vous faites souffrir votre femme par votre manque d'expression et d’attentions. Les femmes, tout comme les fleurs qui ont besoin d’eau pour s’épanouir, ont le besoin de se sentir aimées quotidiennement. Elles sont amoureuses de leur mari mais aussi de l’amour en lui-même. Ainsi en la privant, vous vous privez vous aussi de cet épanouissement qui ne pourrait que vous être profitable. Si elle vous a épousé, c’est qu’elle vous aime, et rien n’y changera. Mais l’amour n’est jamais chose acquise. Il faut l’entretenir. Comme une fleur…
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.