Question d'une internaute : "Je suis enceinte, mais je ne me sens pas du tout prête pour un autre enfant ! Je viens de découvrir que j'attends actuellement mon troisième enfant, sachant que j'en ai déjà deux, de 6 mois et de 2 ans. Je pensais prendre la pilule après la fin de l'allaitement pour reprendre des forces, mais j'ai découvert que, même en allaitant, je suis tombée enceinte il y a un mois ! Je suis en panique à l'idée que je vais avoir 3 enfants en bas âge si rapprochés... Et le pire, c'est que je me sens coupable de ne pas être capable de me réjouir, sachant que de nombreuses femmes sans enfant rêveraient d'être à ma place..."
Réponse de Mme Nathalie Seyman
Une grossesse désirée est évidemment une immense source de joie. Mais la découverte d'une grossesse imprévue met souvent les femmes dans une grande détresse. On hésite entre la panique face à ce bébé qui arrive sans prévenir, le doute de ne pouvoir faire face aux responsabilités auxquelles on ne s’attendait pas, et en même temps la culpabilité de ressentir toutes ces émotions négatives. Alors comment faire pour non seulement accepter, mais en plus être heureuse de ce changement de vie qui n’était pas dans nos plans ?
Panique à bord
Tout d’abord, il faut savoir que n’importe quel évènement, plus ou moins heureux, qui arrive dans notre vie de façon imprévue est d’abord une source d’angoisse. À notre époque, nous avons l’illusion de tout maîtriser et lorsqu’une situation nous échappe, nous sommes envahis par la peur de l’inconnu et l’angoisse de l’imprévu. En particulier lorsqu’il s’agit de la venue d’un bébé qui va venir bouleverser tout l’équilibre familial que l’on s’était efforcé de mettre en place. Mais finalement, il n’y a qu’Hachem qui maîtrise tout, et, mieux nous arriverons à l’accepter, et plus facilement nous avancerons à travers les surprises de la vie. Nous pouvons en revanche nous poser la question des raisons de ce que nous vivons. Si Hachem a décidé de vous envoyer cette âme, c’est qu’il y a une bonne raison et que votre famille ne pouvait pas continuer sans elle. Il sait que vous avez en vous le pouvoir de la rendre heureuse, qu’elle ne pouvait trouver une meilleure famille que vous pour l’accueillir.
Assumer le négatif pour faire place au positif
Pour assumer le fait que vous soyez enceinte, il vous faudra d’abord assumer les sentiments négatifs qui accompagnent cette nouvelle. Et, pour cela, il vous faut accepter ce que vous ressentez. Certes, la venue d’un enfant est toujours une bonne nouvelle, mais il ne faut pas vous culpabiliser de ne pas le ressentir comme telle au jour d’aujourd’hui. C’est aussi pour cela que nous avons neuf mois pour nous y préparer. Il ne s’agit pas seulement de neuf mois de transformation physique, mais également - et j’ai envie de dire, surtout - de neuf mois de préparation mentale. Tout change parfois d’un mois à l’autre, alors, le temps d’une grossesse, il s’en passera des changements ! Donc, laissez-vous le temps de vous y faire. Assumez de ne pas être contente pour le moment. C’est normal, vous êtes humaine et vous êtes dépassée par votre situation familiale. Oui, vous avez le droit d’être déstabilisée par la situation ! Ne vous comparez pas avec les femmes qui n’arrivent pas à avoir d’enfant, car cela n’a rien à voir. Nous sommes tous différents, car nous vivons des histoires différentes avec des ressentis différents. Personne ne vous demande d’être une superwoman, donc ne culpabilisez pas, vous aurez le temps de vous rattraper en l’aimant de tout votre cœur lorsque vous vous sentirez plus prête à l’accueillir.
Conseils
- Vous avez besoin de souffler et de penser à vous ! Avec deux enfants en bas âge, vous avez besoin plus que jamais d’avoir du temps pour vous afin de voir l’avenir de façon plus sereine. Appelez toutes les meilleures baby-sitters de votre entourage, votre mère, belle-mère ou sœur, et sortez avec votre mari, mais aussi avec vos amies, et détendez-vous.
- Utilisez la réflexologie ou la sophrologie afin de vous sentir plus sereine. Vous vous sentez mal, car vous avez l’impression de ne plus rien contrôler. Le but est donc d’arriver à retrouver cette sensation de contrôle de votre vie. Plus vous serez apaisée, plus vous accepterez la situation.
- Restez entourée ! Ne vous isolez surtout pas. Vous avez surtout besoin de votre mari qui doit être présent presque à l’excès pour vous. Vous avez besoin d’être rassurée, de savoir que tout va être géré, mais que vous ne serez pas seule devant cette tâche.
- Ne refoulez jamais vos sentiments. Parlez à votre mari de ce que vous ressentez, même si ce n’est pas « politiquement correct ». Il ne faut pas que ça reste à l’intérieur de vous, mais, au contraire, que ça sorte. Votre mari ne vous jugera pas ; lorsque tout le négatif sera sorti, il n’y aura plus que le positif.
- Ne minimisez pas vos capacités ! Dans neuf mois, vous serez prête ! Vous l’avez déjà fait avec vos deux premiers enfants. Vous avez déjà été très courageuse dans votre parcours de la maternité avec deux enfants aussi rapprochés. Vous êtes une battante, ne doutez pas de vous.
- Gardez la Émouna (foi en D.ieu) : tout est pour le bien. Ce qui est merveilleux avec les enfants, c’est que, quoi qu’il arrive, ils se font toujours une place, même si on a l’impression que tout est déjà rempli.
- Si vraiment vous n’arrivez pas à dépasser vos sentiments négatifs envers cette grossesse, n’hésitez pas à consulter un thérapeute spécialiste de la périnatalité, qui vous aidera à vous connecter au mieux avec votre grossesse.
Alors oui, lorsque bébé sera là, ce ne sera pas facile tous les jours avec trois enfants en bas âge. Vous vivrez des moments où vous vous sentirez dépassée, mais cette période ne durera pas ! Les enfants grandissent et s’autonomisent très vite. Et vous vivrez de nombreux moments de bonheur à les voir si proches en âge. Rendez-vous compte : vous leur avez donné la chance de pouvoir être toujours épaulés les uns par les autres dans la vie, vous les avez armés contre la solitude, ils connaîtront, dès le plus jeune âge, la complicité. Vous pouvez en être fière.
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.