Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une féministe dans l’âme. Petite fille, tous mes dessins étaient coloriés en rose, mes peluches (même celles effrayantes, comme les dragons ou requins que j’avais récupérés de mes grands frères), je les avais customisées version filles avec des rubans dans les cheveux et du vernis aux ongles. Plus tard, lorsque j’étais suffisamment grande pour avoir une opinion, je faisais régner l’ordre à la maison. Il n’était pas question que seules les filles de la famille débarrassent ou étendent la lessive. Mes frères allaient souvent se plaindre chez mon père, mais c’était peine perdue, mon père adorait mon côté « cheftaine », il prenait toujours ma défense, j’aime à croire que c’était par affection, peut-être était-ce par peur de devoir se frotter à mes pics… Je n’ai jamais osé demander. Aujourd’hui, je suis une femme de carrière, j’ai 4 enfants dont 3 filles (même là, mon côté féministe s’est exprimé !), et je m’efforce au quotidien d’être à la fois élégante, respectable, digne et de pratiquer méticuleusement toutes les Mitsvot.
La semaine dernière, ma stagiaire est venue me voir, elle était rouge pivoine, me regardait à peine et a chuchoté : « Je suis là pour apprendre et j’aimerais vraiment savoir comment vous êtes devenue la femme que vous êtes aujourd’hui ? Comment une femme religieuse a pu gravir les échelons de la sorte ? Tout le monde vous respecte. Vous êtes un modèle pour moi. »
J’ai apprécié son audace, bien que très timidement exprimée. J’ai donc décidé de lui répondre très honnêtement, comme j’aurais répondu à l’une de mes filles. Je lui ai dit de fermer la porte derrière elle et de s’asseoir.
« Que, nous soyons claires : tout d’abord, je n’ai jamais été une de ces féministes qui se bat farouchement pour l’égalité entre les sexes, car, à mon sens, ce combat révèle un mal être chez les femmes, elles se sentent inférieures hiérarchiquement parlant, et le vivent très mal. Ça n’a jamais été mon cas. Au contraire, j’ai toujours connu ma place, aucunement liée à la place des hommes que je reconnais également. J’ai toujours connu ma valeur, et celle des femmes en général. C’est la raison pour laquelle j’ai cru toujours bon de m’auto-valoriser, et de valoriser également chaque femme de mon entourage. C’est de la solidarité féminine !
Nous avons tellement de raisons d’être fières d’être nées femmes, nous sommes des êtres à la fois intelligents et sensibles. Notre cœur nous guide dans nos actions. Il nous arrive de nous tromper, de tomber et de nous faire mal, mais on ne regrette jamais, on se relève et on enchaîne, car le monde attend tellement de notre part. Nous ne pouvons pas juste nous permettre d’abandonner. Nous pouvons guérir, consoler avec nos paroles, nous pouvons défendre et négocier. Nous comprenons ce qui est incompréhensible, nous pardonnons ce qui est impardonnable. Nous aimons par-dessus tout. Nous sommes de véritables lionnes lorsqu’un de nos proches est injustement blessé, offensé ou humilié. Et même lorsque nos forces semblent s’épuiser, même lorsque nous paraissons découragées, il nous reste cette proximité que nous avons avec l’Eternel. Nous Lui parlons à n’importe quel moment de la journée, de la façon la plus simple qui soit. Nous prions, nous supplions, nous pleurons pour qu’Il nous vienne en aide, à nous et à nos proches, et Il ne nous abandonne jamais.
Le monde extérieur renvoie une image fausse de la femme. Malheureusement, la plupart des gens y adhèrent et notre parcours est semé d’embuches à cause de cela. Nous devons nous battre contre les préjugés, contre l’inégalité, et surtout contre notre dévalorisation à nos propres yeux.
La vie t’apprendra à être fière de ce que tu es, non pas pour les mauvaises raisons, non pas par orgueil mal placé, elle t’apprendra à prendre conscience de tes forces cachées et de ta valeur innée. Et lorsque tu sauras tout cela, tu relèveras ton visage et tu seras prête à servir le Maître du monde avec fierté. Tu n’as pas à te cacher ou à éprouver une quelconque honte. Tu es belle, tu es pure, tu es Sa création.
Les femmes ne doivent pas chercher à impressionner par un look vestimentaire ou une attitude qui soit déplacée, elles doivent prendre conscience de leur beauté intérieure et la chérir comme un trésor.
Léa, je ne suis pas devenue celle que tu vois du jour au lendemain. C’est vrai que j’ai toujours eu cette fierté d’être née femme, mais je l’ai travaillée au fil des années, je l’ai affinée et ajustée, de façon à ce qu’elle soit équilibrée pour mon époux, ma famille et moi-même.
Aujourd’hui, je m’efforce de combiner carrière et vie de Torah. Je m’habille avec pudeur et me couvre la tête. C’est mon choix de ne pas m’exposer, c’est mon choix, et ce choix me vaut respect et succès. Du moment où le monde voit que tu te respectes et que tu connais ta valeur, il ouvre ses yeux à son tour et n’a pas d’autre choix que de s’incliner devant toi.
Souviens-toi d’une chose : tu n’es pas là pour faire, dire ou montrer ce qu’une personne de chair et de sang attend de toi, tu es là pour faire, dire et montrer ce que ton Créateur attend de toi.
Il t’a créé avec fierté, alors relève la tête, prends conscience de la merveilleuse créature que tu es et rends-Le fier à ton tour. »