On a toutes un moment dans la journée où ça explose. Que ce soit la course contre la montre du matin, l’épuisement du retour à la maison à 16h, ou les nerfs à vif du moment du coucher, on connaît ces moments propices aux crises.
Chacune avec son expérience et avec son rythme, nous savons reconnaître le moment où l’ambiance se corse.
Prenons l’heure du coucher, par exemple. La maman a déjà séparé 10 fois ses deux garçons au tempérament bouillant, elle a déjà séché 15 fois les larmes de la petite à qui ils aiment bien tirer les nattes, elle a déjà épongé 3 bols de céréales chocolatées renversées sur le sol, elle a déjà bataillé pour retrouver la brosse à dents du numéro 1 et la tétine du numéro 3. Autant dire que sa jauge « patience » est dans le rouge. 20h30, tout le monde est enfin au lit. Mais numéro 2 se relève, il est en larmes, il a oublié de faire son devoir de maths et il a très peur des représailles du professeur.
Imaginons ensemble la suite du scénario.
Maman 1 : « Tu vas dormir. Tu te lèveras plus tôt demain matin pour le faire. »
Maman 2 : « Je t’ai demandé 10 fois si tu avais des devoirs, et tu m’as dit non. Maintenant, tant pis pour toi, ce n’est plus l’heure. Si ton professeur te gronde demain, ça t’apprendra à ne pas refaire la même erreur une seconde fois. »
Maman 3 : « Arrête de pleurer ! Tu diras à ton prof que tu as oublié et que tu les prépareras pour le lendemain. »
Vous imaginez clairement la suite du scénario. Le petit va entrer dans une rage incontrôlable. La colère va se mêler aux larmes. Quant à la maman, elle est fatiguée, n’a plus de patience. On peut toucher la crise du bout des doigts.
Si on réfléchit à tête reposée, on comprend pourquoi l’enfant ne se calme pas. Aucune des 3 mamans n’a fait preuve de compassion, aucune des 3 mamans n’a prêté une oreille attentive, aucune des 3 mamans n’a été rassurante et réconfortante.
Lorsque l’enfant sanglotait et qu’il disait avoir peur de se faire gronder le lendemain à l’école, la maman entendait « je suis en train de te voler le calme de ta soirée ». Elle n’écoutait pas sa peur, elle ne percevait pas son angoisse.
En moment de crise, que ce soit en plein supermarché pour acheter un bonbon, en plein jardin pour refaire un tour de balançoire, à la maison pour un pyjama qu’il voulait mettre et que son frère a mis finalement, ce dont l’enfant a le plus besoin, c’est d’attention, bien plus que d’une solution.
A cet instant, même si on préférerait qu’il nous le demande gentiment et en y mettant la forme, il montre une fragilité. Il a donc besoin de se sentir rassuré par un être qui l’aime, et qui, ni ne le jugera, ni ne le réprimandera.
Voici quelques conseils pratiques pour gérer une crise :
- Arrêtez ce que vous êtes en train de faire. Mettez-vous à la hauteur de l’enfant. Ecoutez-le en le regardant dans les yeux. Ne lui coupez pas la parole. Ça prendra le temps que ça prendra.
- Montrez-lui que vous l’aimez. Dans chaque famille, on le montre différemment. Certains montrent leur amour par des câlins, d’autres par des mots gentils, d’autres par une gâterie. Ça dépend de l’enfant et de la maman. En termes d’amour, chacun parle sa langue, et c’est parfait ainsi.
- Mettez des mots sur ce qu’il ressent. N’employez pas des expressions globales toutes faites. Soyez précis, prenez le temps. Il a besoin de savoir que vous l’avez compris.
- Enfin, et bien des fois cette étape n’est pas nécessaire, proposez-lui de l’aide, une solution à son problème. Mais, comme je vous dis, la crise s’arrête généralement à l’étape 3, car l’enfant a obtenu ce dont il avait besoin, une marque d’amour et d’attention.
Dernier conseil : si vous vous sentez incapable de réagir avec bienveillance à une crise X (c’est humain, surtout lorsqu’on est une maman et que l’on est sollicitée tout au long de la journée), tendez calmement le flambeau au papa, donnez-lui les rennes, enfermez-vous dans votre chambre, et laissez-le gérer à sa façon. Je peux vous dire à 99%, pour ne pas dire 100%, que ce n’est pas du tout de cette façon que vous auriez géré la crise. Peu importe, c’est lui qui est aux commandes. Laissez-le faire. Même si ça rigole beaucoup trop à votre goût, même si ça prend plus de temps que vous l’auriez souhaitée, même si, d’après vous, l’enfant est loin de tirer une leçon de ses actes avec cette méthode, n’intervenez pas. Soyez tolérante. Il est le père de cet enfant au même rang que vous êtes sa mère.
Appréhendez les crises différemment. Elles sont des opportunités forcées de montrer amour et positivité à votre enfant. Certains enfants vont créer « l’occasion » plus que d’autres, ce n’est pas parce qu’ils sont plus difficiles, c’est uniquement parce que leur besoin d’être rassuré est plus grand. Faites l’essai une fois de réagir avec amour à l’appel au secours maladroit de votre enfant, et vous verrez que les crises s’espaceront et s’estomperont. Un enfant qui reçoit sa dose journalière de compliments, de mots gentils, de marques d’amour, n’a aucune raison d’entrer en conflit avec son bienfaiteur. Pensez-y !