Vendredi. Il est 12h30, les préparatifs battent leur plein. Mais mon D.ieu… C’est Chabbath dans 3h30 et rien n’est encore prêt !
Le père de famille rentre à la maison les paniers pleins de provisions. Alors que les enfants s’empressent de découvrir ce qui s’y cache, non sans répandre un paquet de farine troué au passage, la maman quant à elle est affairée à la cuisine de laquelle s’échappent des senteurs d’un autre monde…
L’heure avance, les enfants rentrent plus tôt de l’école, l’interminable file d’attente devant la salle de bain a déjà commencé (heureusement que le père a pensé à installer un ingénieux système qui délivre des numéros, comme à la Sécu) et à l’exception de quelques petits incidents mineurs (une coupure de courant impromptue, une bouteille d’huile qui se renverse sur le sol propre, remarquez, avec la farine, ça peut faire une pâte à pizza pour Séouda Chlichit...), il semble que le Chabbath lui, rentrera comme d’habitude à l’heure du calendrier, pas une minute de plus.
Ah tiens, fait remarquer Léa entre deux coups de balai, la Plata ne marche plus !
Tiens, tiens, elle ne marche plus. C’est bien la seule, parce qu’à part elle, tout le monde marche, que dis-je, tout le monde court !
Vous l’avez deviné, c’est l’hiver, Chabbath rentre tôt et notre ménagère n’aura réussi à préparer que trois salades d’aubergine, en plus des 17 salades cuites déjà rangées au réfrigérateur depuis la veille.
Un invité aussi ponctuel qu’indésirable
Vous savez quel est l'invité le plus ponctuel de la galaxie ? Le stress ! Chaque vendredi, quelques heures avant l’entrée du Chabbath, il est déjà là, habillé et parfumé, frais et dispo, prêt à lancer ses attaques contre les membres de la famille réunis qui d’une manière assez étrange, succombent tous les uns après les autres à ses tentatives de semer la zizanie dans ce pauvre foyer qui n’aspirait qu’à recevoir le Chabbath dans la tranquillité.
Le but qu’il poursuit avec une remarquable ténacité – et une réussite non négligeable, il faut bien l’avouer – est de faire en sorte que les familles juives accueillent le Chabbath dans la confusion, la colère et l’anarchie plutôt que dans la sérénité, l’harmonie et la tranquillité d’esprit.
Nos Sages enseignent que les démons et autres indésirables furent créés en veille de Chabbath, entre le crépuscule et la sortie des étoiles (Maximes des Pères). Depuis, ils se réveillent chaque vendredi peu avant l’apparition du jour saint, afin de semer la discorde dans les maisons d’Israël et empêcher le Chabbath d’être accueilli comme il se doit.
Se préparer pour mieux affronter
« Connais ton ennemi », dit le dicton populaire. Notre ennemi, en l’occurrence, est le Yétser Hara qui s’attèle avec acharnement à semer le désordre dans nos foyers afin de saper l’atmosphère pré-chabbatique si agréable qui devrait y régner. Or connaître notre ennemi signifie que plus nous serons conscients du danger potentiel contenu dans ces heures critiques qui précèdent l’entrée du Chabbath, plus nous serons à même d’éviter les pièges qui nous sont grossièrement tendus. Plus nous prendrons d’avance sur les préparatifs et surtout travaillerons notre patience, plus nos vendredis ressembleront à ce qu’ils devraient être.
L’une des meilleures manières d’y parvenir ? Prenons dès à présent la ferme décision de ne pas céder à la colère, quoi qu’il arrive dans notre foyer (oui, même si apparaît le gardien de l’immeuble qui demande pourquoi tout ce remue-ménage à l’heure de sa sieste). Que la moitié de la liste de course ait été omise, que la propreté du sol n’ait survécu que quelques minutes, que la sonnerie du téléphone ne cesse de retentir ou que votre grande décide de s’éterniser dans la salle de bain, prenez la ferme résolution de garder votre calme coûte que coûte.
N’omettez pas de demander l’aide divine pour atteindre votre objectif ; n’oubliez pas : le Yétser Hara possède un arsenal quasi-inépuisable de stratagèmes pour vous faire flancher et seul le Maitre du monde peut vous soutenir dans votre combat contre cet ange céleste !
Et, parallèlement aux préparatifs culinaires qui précèdent ce saint jour, n’oubliez pas de vous concocter une bonne compotée à base de patience et de foi afin d’aborder le saint Chabbath dans le calme et la joie !
Rav David Fireman - Adapté par Elyssia Boukobza.
