Au moment où les enfants d’Israël s’apprêtent à arriver en terre d’Israël, après 40 ans dans le désert, un dénombrement du peuple est effectué et à chaque nom des descendants des tribus est attaché à la fois le terme famille. De plus, la lettre Hé est ajoutée au début du nom propre de chaque individu, et une lettre Youd à la fin du même nom propre. Rachi fait remarquer que ces deux lettres, Hé et Youd, sont le cachet divin attaché à la famille, puisque ces lettres sont le « nom court » de l’Éternel. Selon cette lecture, la famille est donc reflet d’une spiritualité, d’une présence de la Transcendance dans la chaîne sociale, dans la transmission de la spécificité de la famille juive.
De même, dans les trois éléments qui se trouvaient dans la tente de Sarah – bénédiction dans la pâte, lumière allumée d’une veille de Chabbath à l’autre veille du Chabbath, et nuée attachée à la tente – le troisième élément, le plus spirituel, représente la pureté du foyer juif. Si la femme juive a 3 rôles essentiels, prélèvement de la ‘Halla, allumage des bougies de Chabbath et observance des lois de la pureté familiale (Nidda), c’est cette troisième dimension qui a protégé le peuple juif depuis trois millénaires. La pureté du foyer est symbolisée par la nuée qui protégeait la tente des mères du peuple : disparue après la mort de Sarah, elle réapparaît à l’arrivée de Rivka. C’est aussi le nuage de fumée apparu à Yom Kippour dans le Saint des Saints du Sanctuaire, nuée qui se dégage de l’encens versé sur les braises. Cette nuée, essence de la spiritualité, reste attachée à tous les foyers observant les règles de la pureté. Elle est le gage de la survivance étonnante d’un peuple dispersé entre l’Orient et l’Occident, mais resté fidèle à l’Alliance avec le Créateur.
S’éloigner de cette tradition risque de détruire la fibre essentielle qui anime l’être juif depuis des générations. Dans son petit livre – Émouna OuBita'hon – dans lequel il présente l’organisation merveilleuse physique du corps de l’homme, le 'Hazon Ich définit les pulsions naturelles qui attirent le masculin vers le féminin comme le fondement nécessaire à la reproduction de l’espèce ('Hazon Ich – Émouna OuBita'hon, ch. 1, par. 9). Description, en fait, très banale, mais qui doit expliquer le maintien du peuple d’Israël, dans tous les exils.
Survivant au-delà des avatars de l’Histoire universelle (terme employé ici à dessein, en raison d’une publicité actuelle attachée récemment à ce vocable), le peuple juif ne saurait être mêlé aux peuples de l’humanité. La nuée protectrice ne cesse de protéger Israël et lui interdit de ressembler aux nations, d’imiter leurs mœurs. Quand Avraham a découvert la Vérité du D.ieu Un, le Créateur a conclu avec lui une Alliance (Brit) pour lui promettre de mettre le cachet de la sainteté sur la nature qu’Il avait créée. Continuer cette alliance, éduquer nos descendants dans le respect de cette alliance, tel est le devoir de notre génération. Telle doit être notre fierté : se sentir un maillon dans une chaîne qui existe depuis l’Antiquité. Le peuple d’Israël est le seul peuple ayant appartenu à l’Antiquité, et continuant la même tradition : révélation au Mont Sinaï, et écho rabbinique de la Loi Orale. Telle est la vraie fierté d’Israël : transcender le temps, en étant le reflet sur terre de l’Éternel, et en réalisant Sa volonté. L’amandier fleuri, le bâton d’Aharon, resté dans le sanctuaire d’Israël, symbolise cette fierté qui est en fait une affirmation du bonheur de la survie. On l’a déjà souvent écrit : le terme « bonheur » clôt les bénédictions de Moché : « Heureux es-tu, Israël. Qui est ton égal, peuple que protège l’Éternel » (Dévarim 33, 29) et le Roi David continue, en commençant son Livre : « Heureux est l’homme qui ne suit point les conseils des méchants, qui ne se tient pas dans la voie des pécheurs… mais qui trouve son plaisir dans la Loi de l’Éternel, et médite celle-ci jour et nuit » (Psaumes 1, 1 et 2). Tel est le vrai bonheur du membre du peuple d’Israël, telle est notre fierté et tel est le gage de la pérennité d’Israël !