Ma fille s’appelle Tova (traduction en hébreu : bonne, gentille). Elle est nommée d’après ma grand-mère maternelle. Elle m’a demandé récemment : « Si quelqu’un ne connaît pas l’hébreu et me demande mon nom, dois-je lui dire simplement que mon prénom est "gentille" ? » J’ai ri sur le moment, mais sa réponse m’a aussi donné à réfléchir. Il semble un peu étrange d’avoir nommé mon enfant ainsi.
Plus j’y pensais, plus il m’apparaissait que Tova est un nom juif courant. (De plus, je n’allais pas changer son nom, alors il fallait s’arranger.) On trouve dans le judaïsme de nombreuses références au concept de bonté et de reconnaissance du bien. Au début de la Création, D.ieu observe Son monde chaque jour et proclame qu’il est bien. Yokhéved donne naissance à Moché, et remarque : « Elle vit qu’il était bien » (Exode 2 :2). Et dans le Birkat Hamazone, nous employons souvent le terme « bien ».
Nos rabbins ont toujours renforcé ce concept d’un D.ieu bon, dont les voies sont bonnes, et les œuvres également. Il semble que nous devons constamment nous remémorer ce qui constitue un principe de base du judaïsme.
Pouvons-nous appliquer ce concept de rechercher le bien lorsque nous exerçons notre rôle de parent ? Nous avons souvent tendance à nous focaliser sur la conduite négative de nos enfants. Nous nous souvenons très clairement des moments où ils gémissent, négligent leurs devoirs, et se conduisent mal avec leurs frères et sœurs.
Ne pourrait-on pas transformer leur conduite en donnant un tour positif ? Tentons, dans les moments les plus terribles de nos enfants, de nous remémorer leur bonne conduite passée, et communiquons-leur notre confiance en leur « bonté » intrinsèque.
Alors, admettons qu’ils pleurnichent parce qu’ils sont fatigués : nous voulons leur rappeler les fois où ils étaient fatigués, mais qu’ils ont réussi à rester calmes.
« Je sais que tu es fatigué et que tu prends ta voix geignarde. Te souviens-tu de la fois où tu es resté éveillé tard et que tu as gardé ta voix habituelle ? Peux-tu le faire maintenant aussi ? Il nous reste quelques minutes avant de passer à la caisse, puis nous allons rentrer à la maison. »
Lorsqu’ils ne font pas leurs devoirs, nous pouvons leur rappeler les fois où ils ont fait leurs devoirs :
« Les devoirs te semblent un défi pour toi maintenant. Rappelle-toi, lorsque tu as eu du mal avec un problème de maths, tu as persévéré et tu l’as résolu ? J’ai confiance en toi, tu peux y arriver à nouveau. »
Lorsque la rivalité entre frères et sœurs lève sa tête immonde, vous pouvez leur montrer que ce qu’ils ont fait à la fin, c’est ce qui compte :
« J’ai vu que tu as levé ta main pour le frapper. Je t’ai demandé d’arrêter et tu l’as fait. Tu as laissé tomber. Tu t’es rappelé de ne pas frapper. »
Cette approche a-t-elle des chances ? Je le pense vraiment. Les fois où j’ai réussi à l’appliquer, j’ai été très satisfaite des résultats. Je sais que j’ai réussi à transformer des interactions potentiellement négatives et nocives, en moments réellement positifs de création de relations.
La manière juive de « rechercher le bien » a le potentiel de transformer l’existence lorsque nous exerçons notre rôle de parent. J’ai, pour ma part, un rappel constant de ce concept juif : il me suffit d’appeler ma fille : « Hé, Tova… »
Adina Soclof