Les choses ont dû changer dans la société en général, et dans mon cabinet pédiatrique en particulier, qui est un petit microcosme où un phénomène différent a émergé. Je m'explique.
Les pédiatres sont pour la plupart chaleureux, sympathiques, et aiment les enfants. Tous les enfants n'aiment pas aller chez le médecin et c'est généralement acceptable.
Il y a plusieurs années, afin que les visites dans notre bureau soient « amusantes », nous avons instauré de donner à chaque enfant une gommette à la fin de la visite. Nos patients repartent avec le sentiment d'avoir été gâtés. Il existe une vaste gamme de gommettes : Frozen, Cendrillon, Thomas et ses amis, Peppa Pig, la guerre des étoiles. Il y a une gommette pour tout.
La règle a toujours été d'offrir d'un autocollant par enfant examiné. Nous sommes réticents lorsqu'on nous en demande pour des frères et sœurs ayant accompagné le patient. Généralement, enfants et parents demandent un autocollant « s'il vous plaît » et en le recevant, disent merci.
Mon personnel et moi-même avons récemment remarqué un changement.
D'abord, certains enfants acceptent la gommette, l'examinent et réclament autre chose. Dans le temps – en fait, il y a quelques mois – les enfants acceptaient les gommettes avec joie, disaient merci et repartaient contents.
Le nouveau changement est que les parents demandent plus qu'un autocollant et/ou des autocollants pour les frères et sœurs à la maison. Nous expliquons au parent que nous donnons un autocollant pour chaque patient examiné. Le parent rétorque : « Mais sa sœur est à la maison et se sentira exclue si elle ne reçoit pas de gommette.» La réceptionniste énonce la règle (un nouveau phénomène, devoir fixer des paramètres pour donner des gommettes) et le parent lève les yeux au ciel et répond : « Mais ce n'est qu'une gommette !»
Maman et papa : vous avez vraiment raison, c'est juste un autocollant. Mais il représente quelque chose de bien plus important.
Plutôt que de vous concentrer sur la gommette, pensez à l'idée qu'il y a des règles dans la vie, dans tous les domaines. Apprécier ou même comprendre ces règles doit être négligeable. Ce qui compte, c'est l'existence de règles qui sont mises en place pour que les choses se déroulent sans heurt. Il est question ici de « politiques et de procédures.» Aucune entité efficace, que ce soit une famille, des relations interpersonnelles, une école, une Yéchiva ou un séminaire, un restaurant, un hôpital, une compagnie aérienne ne peuvent fonctionner en leur absence. Les entreprises ont des livrets pour les employés où les conditions d'emploi sont clairement établies. Ceux qui sont dotés du programme Global Entry font une queue à l'aéroport et les autres, attendent en file dans une autre. Grâce au suivi des règles, des missions sont accomplies.
Les règles ont été attentivement pesées et pensées, contrairement à ce que vous vous imaginez. Sont-elles arbitraires ? Absolument. Pourquoi ? Car chaque être humain ou entité définit les règles comme elle le juge nécessaire. Vous ne les appréciez peut-être pas, car vous n'obtenez pas forcément ce que vous désirez, de la manière dont vous le désirez, au moment où vous le désirez. Vous les percevez peut-être comme punitives, une sanction destiné spécifiquement à vous, alors qu'en réalité, telle est la vie. Je suis désolé. C'est votre privilège de ne pas aimer les règles. Mais le non-respect des règles est autre chose.
Respecter les règles est important, car elles ont tendance à minimiser le chaos. Plus important encore : lorsque nous, les adultes, respectons les règles, nous devenons un modèle pour les enfants du caractère essentiel des règles.
Il vaut parfois mieux se mordre la langue et ne rien dire devant vos enfants. Si vous choisissez d'avoir une discussion sur les règles de n'importe quelle entité, faites-le en privé et de manière respectueuse. Personne ne dit que tout le monde doit être d'accord sur tout. Mais respectez les règles et respectez les autres. Manquer de respect envers le règlement signifie que vos enfants apprennent comment manquer de respect. Et là, une image négative pourrait faire surface, que D.ieu préserve. Le Kiboud Av Vaèm (respect à accorder aux parents) est à la base de la crainte de D.ieu.
Quant aux frères et sœurs à la maison qui rêvent d'avoir des gommettes : s'il vous plaît, deux enfants ne reçoivent pas exactement les mêmes choses des personnes qui leur offrent des cadeaux. Une mère de famille nombreuse, devenue récemment grand-mère d'un bébé en Israël, s'est exprimée ainsi : « Dr Lightman, mon aînée a accouché en Israël et j'ai laissé mes neuf autres enfants pendant 10 jours pour l'aider. C'est fou d'avoir laissé neuf enfants qui ont besoin de moi à la maison, car un autre de mes enfants qui vit à près de 10 000 kilomètres d'ici a vraiment besoin de moi… »
Ce n'est pas fou, c'est la réalité.
Les parents ont pour mission d'expliquer à leurs enfants qu'on n'obtient pas toujours ce qu'on veut, comme on le veut. Il relève de la responsabilité des parents d'apprendre à dire non aux enfants. Vous leur ferez – ainsi qu'à vous – un grand 'Hessed (bonté) de leur apprendre le terme « non », en vous y tenant avec fermeté. Les jeunes garçons ou filles ne sont pas toujours acceptés dans la Yéchiva ou le séminaire de leur choix – et ce n'est pas la fin du monde, en dépit de la souffrance du moment.
Mais dans toutes les circonstances, il faut suivre les règles. En agissant ainsi, puissions-nous élever des générations d'enfants qui deviennent des adultes fonctionnels qui sanctifient le Nom de D.ieu dans tout ce qu'ils entreprennent. Hachem nous a donné la Torah avec des règles et des limites. Leur but est pour nous de devenir de meilleurs êtres humains.
Et comme toujours, priez.
Hylton I. Lightman