Chlomo est un Avrekh, père de quatre enfants et heureux de vivre. Une seule ombre au tableau : il porte en lui un souvenir douloureux de sa prime jeunesse.

C’était un jeune homme au bon cœur, doué et original cherchant toujours une façon de vivre particulière. Contrairement à lui, ses parents étaient des gens très protocolaires tenant compte du « quand dira-t-on ? »

Cet écart entre Chlomo le « rebelle » et des parents « conformistes » qui obéissaient aveuglément aux normes sociales fut la source de nombreux conflits.

Ses parents étaient trop rigides pour se plier aux caprices de Chlomo. Ils l’invectivaient et le punissaient jour après jour pour l’obliger à bien se comporter…

Son père serrait ses lèvres de frustration et sa mère versait des torrents de larmes à l’allumage des bougies de Chabbath pour que son fils parvienne à devenir « normal » et à suivre les sentiers battus.

Chlomo lui-même grandissait avec une impression constante d’échec. Il pensait souvent avec un pincement au cœur : « Il aurait mieux valu que je ne vienne pas au monde. »

Les années ont passé… Chlomo a été accepté dans une Yéchiva de second ordre. Ses parents ne savaient plus où se mettre tant la honte les envahissait. Puis, c’étaient des remarques de moins en moins élogieuses qui leur parvenaient : Chlomo commençait à se lier d’amitié avec des jeunes hommes suspects… Il était souvent absent…

Lorsque Chlomo finit par être plus à l’extérieur que sur les bancs de la Yéchiva, ses parents comprirent qu’il leur fallait vite l’aide d’un expert !

La sauvegarde de leur renom n’était plus en tête de liste de leurs priorités. Ils s’inquiétaient davantage pour leur fils qui déviait du chemin.

Petit à petit et par la force des choses, ils apprirent à connaître leur « étrange » fils et même à aimer son originalité.

Une année de prières et d’angoisses passa. Conseillés à chaque pas, les parents s’efforcèrent d’arranger ce qu’ils avaient détérioré, jusqu’à ce qu’avec l’aide du Ciel, Chlomo traverse la crise et retourne vers sa page de Talmud.
 

L’histoire de Chlomo est un exemple parmi tant d’autres ! Le conflit entre les parents et les enfants peut revêtir différents aspects : les parents aiment l’ordre alors que leur enfant est désordonné ou les parents ont le sang chaud alors que leur enfant est introverti…

Mais les histoires ne se terminent pas toutes aussi bien que celle de Chlomo. Souvent, les parents parcourent un long et difficile chemin !

Ces expériences mettent en lumière une vérité universelle : chaque enfant est un don de D.ieu, les parents n’en étant que les dépositaires. Le Créateur du monde compte sur eux précisément pour élever cet enfant et pour en tirer le meilleur.

L’enfant ne doit pas absolument ressembler à ses parents ou suivre leur chemin, il doit satisfaire D.ieu avec son potentiel inné.

Ce n’est pas facile pour un père qui étudie toute la journée la Torah de découvrir que son fils ne peut pas en faire autant. La mère aussi a du mal à comprendre pourquoi sa fille ne s’accommode pas de l’éducation qu’elle-même a reçue petite.

Lorsque tu sors de l’hôpital avec ton nourrisson emmitouflé, tu dois déjà te répéter que ce merveilleux bébé est une parcelle divine que D.ieu t’a confiée.

Tu dois avoir l’intime conviction que tu disposes de tous les moyens pour l’épanouir !

Tu ne dois pas te conduire avec lui en fonction de tes désirs personnels, mais agir seulement pour son bien.

 

Daniel est mon fils aîné. Il a joui de toute l’attention possible et a bénéficié de toutes mes prières. Mais il a aussi essuyé toutes les erreurs d’une maman débutante.

Je suis de nature impulsive et mon Daniel ne coopérait pas toujours… J’ai commencé à le frapper et parfois même durement !

J’ai honte de l’avouer, mais je déversai toute ma colère et ma frustration sur ce petit enfant qui ne pouvait pas se défendre.

Je calmai mes sentiments de culpabilité qui m’assaillaient aux petites heures de la nuit. Je me disais qu’une véritable éducation passait par les coups et qu’il n’y avait aucune raison à ce que les enfants d’aujourd’hui ne soient pas élevés comme ceux de la génération passée.

En écoutant des conférences sur ce sujet, j’ai changé soudain de point de vue.

J’ai compris que mon enfant ne devait pas être le bouc émissaire de mes sentiments…

Certains parents considèrent leur enfant comme une occasion de réussir là où ils ont échoué, même s’il n’en a pas les facultés !

J’aime beaucoup me reposer, mais je tiens à ce que mon fils soit le Ba’hour le plus assidu de la Yéchiva ! J’attends toujours des nouvelles du Machguia’h, sinon je suis déçue…

Si ma fille a moins de 19/20 à une composition, je ne peux pas lui parler. Pour tout dire, je n’ai moi-même jamais eu plus de 12/20. Mais elle a un génie de père, il n’y a pas de raison qu’elle n’hérite pas de lui ! Elle est juste paresseuse.

D.ieu nous demande de percevoir notre enfant autrement, d’essayer de le comprendre, d’appréhender son caractère, ses qualités et ses aptitudes et de trouver une façon de l’éduquer adéquate. Il ne s’agit pas de l’élever en fonction de notre personnalité !