Si la rue avec ses images publicitaires et avec la façon dont les gens sont habillés, constitue une épreuve perpétuelle, c'est encore pire quand ce problème s’installe dans notre foyer par la voie d’Internet !
Nous vivons un siècle de bouleversements. Les enseignants et les parents sont souvent dépassés devant les nouveaux dangers qui guettent les jeunes, auxquels eux-mêmes n'étaient pas habitués.
Comment gérer ces nouveaux dangers ?
Nous vivons dans une société de plus en plus permissive, où il y a de moins en moins de gêne sur les bases même de la morale. Un grand Maître contemporain disait que Tsarfat (la France en hébreu) a les mêmes lettres en hébreu que Pritsout (débauche), et l’actuel Président de la République ne donne pas l'exemple du contraire !
Si la rue avec ses images publicitaires et avec la façon dont les gens sont habillés, constitue une épreuve perpétuelle, c'est encore pire quand ce problème s’installe dans notre foyer par la voie d’Internet.
Deux façons de gérer le problème
Il existe, à mon sens, deux façons de gérer le problème : soit par une contrainte extérieure soit par l'intérieur.
La première démarche consiste à ne pas laisser un enfant seul avec Internet. Un de nos Rabbanim disait qu'il faut appliquer à Internet les même lois que le Yi'houd. Un homme n'a pas le droit de s'isoler avec une femme qui n'est pas la sienne, de même on ne s'isole pas avec un objet dangereux qui peut entrainer des épreuves.
Parfois, les parents utilisent Internet comme une "occupation" pour distraire les enfants. Chers parents, je vous interroge : les amèneriez-vous à l'église pour les distraire ? Assurément, non, il faut donc trouver une autre solution. Certains préconisent de placer l'ordinateur dans un endroit bien visible, comme le salon, mais pas dans une chambre, où il y aurait un problème de Yi'houd. Il s’agit simplement de faire régner l'ordre et la discipline dans la maison.
Mais il y a une autre démarche : travailler de l'intérieur. Le Rav Wolbe expliquait qu'il existe deux démarches en éducation : le Binyan (le fait de construire) et la Zéria (le fait de planter ou semer). Une construction, un mur par exemple, nécessite un maçon. Il pose des rangées de briques les unes sur les autres. Par contre, ce que l'on sème pousse ensuite tout seul. C'est une croissance organique, certes plus lente, mais de l'intérieur.
On retrouve la même idée dans la Torah. La discipline extérieure est certes nécessaire, c'est une construction, mais il faut l'autre démarche aussi.
C'est Hakadoch Baroukh Hou Lui-même qui a créé le Yétser Hara. Pourquoi est-il si fort ? Pour qu'on le domine ! Mais comment ? Par la Torah. En montrant à nos enfants que la Torah n'est pas qu'un devoir, mais que c'est un plaisir qui nous donne une satisfaction immense. Notre joie est celle par exemple d’un bon Limoud. Une joie dans le spirituel chassera l'envie d'une satisfaction illusoire puisée dans des domaines pervertis.
Sous le rocher ? Une pieuvre répugnante !
Si on se promène au bord de la mer, qu’on aperçoit soudain un gros rocher et que la curiosité nous prend de voir ce qui se cache derrière, nous pourrions rapidement nous retrouver face à la tentacule d'une grosse pieuvre et qui s'agripperait à notre bras ! Ses ventouses gluantes ne nous lâcheraient plus ! Quelle horreur est sortie de là !
C'est ainsi que l'on doit considérer Internet. On cherche un sujet et brusquement, si on n'a pas mis des filtres appropriés, sort une image immonde qui nous empoisonne !
Celui qui se renforce en Torah sera en revanche sur ses gardes. Il sait que ce monde est plein d'embuches. Il n'est pas animé par cette curiosité qui peut s’avérer catastrophique. Et si on a 'Has Véchalom trébuché, ce n'est que par la joie de l'étude de la Torah que l’on repoussera les impuretés. Souvenez-vous : le Yétser Hara n’a été créé que pour que l'on se renforce en Torah !
C’est le moment de redoubler d'amour pour la Torah et de renouer le dialogue chaleureux et affectueux avec nos enfants. Si nous réussissons dans cette mission, nous aurons évité à nos enfants de rechercher des satisfactions ailleurs. Cette démarche est moins facile que la première, certes, mais elle est plus solide.
L'éducation de notre intériorité est un effort de chaque jour. La Guémara nous enseigne que le Yétser Hara se renouvelle chaque jour. C'est chaque jour qu'il nous faut découvrir les ruses de nos ennemis.
Le Moussar – un impératif de l’heure !
Dans les Yéchivot, on étudie en principe chaque jour du Moussar. Rav Israël Salanter disait que cette étude n’était pas seulement réservée aux élèves de Yéchivot ! On pourrait presque dire, de nos jours, le contraire : c'est celui qui vit dans la société contemporaine et qui est tellement agressé par les médias modernes qui a bien plus le devoir de s'examiner à la lueur de la morale de la Torah !
Le Messilat Yécharim explique, dans son introduction, qu'il faut se remémorer chaque jour les bases de cette morale. Quant au 'Hafets 'Haïm, dans son Michna Beroura, il rappelait que de nos jours (il écrivait ces lignes en 1920 !), il s’agissait même d’une obligation impérative.
Celui qui n'est pas sur ses gardes risque de glisser, sans s'en rendre compte, vers la négligence des Mitsvot et vers la baisse de sa crainte du Ciel, qui peut déboucher sur des fautes très graves. C'est là le grand danger d’Internet.
Voici la direction à prendre, d'urgence : diriger tout le monde, jeunes et adultes, personnes âgées et enfants vers le bonheur de l'étude, dans le respect de la Halakha !
Rav F. Klapisch pour Iguéret Ha'hinoukh