Yom Kippour, le Jour du Pardon, est passé. D.ieu, dans Son infinie bonté, nous a accordé un jour particulier où Il nous pardonne tous les torts commis pendant l’année.
D’après la tradition juive, si nous sommes pris de vrais remords, les fautes entre nous et D.ieu seront pardonnées à Yom Kippour. Les fautes commises entre nous et notre prochain nécessitent un peu plus de travail. Nous devons demander pardon et nous excuser dans le but de racheter intégralement nos fautes.
Je sais que cette tâche n’est pas aisée pour des adultes. Cela se complique encore davantage pour nos enfants.
Or, présenter nos excuses aux autres avant Yom Kippour est plus facile si nous avons enseigné cette leçon à nos enfants tout au long de l’année.
Eduquer nos enfants à dire « pardon » consiste à leur enseigner à entretenir de bonnes relations interpersonnelles. Cela améliore leur rapport aux autres. Les amis (on l’espère) se réconcilient après s’être disputé. Lorsque nous heurtons quelqu’un par erreur dans la rue, nous sommes obligés, en vertu des codes de la société, de nous excuser.
Savoir s’excuser est un outil important à posséder. C’est le moyen de se montrer courtois, de montrer notre respect aux autres, d’être responsable socialement, et d’assumer la responsabilité de nos actes.
Ici, nous souhaitons incorporer l’idéal juif de rachat des fautes dans la psyché de nos enfants. Cela devrait être naturel, de l’ordre du réflexe. Cela fait partie de nos obligations de parents juifs.
Mais alors que nous tentons d’enseigner cette conduite, nous butons souvent sur une difficulté. En tant que parent, je sais que je force parfois mes enfants à dire qu’ils sont désolés, alors qu’ils ne le sont pas en réalité. Il peut être assez gênant de voir nos enfants commettre un impair en société. Parfois, mon embarras sur la conduite de mon fils me pousse à agir plus strictement que nécessaire. Je sais que j’ai parfois ressenti de la pression d’autres parents ou proches pour pousser mes enfants à avouer qu’ils sont désolés.
Malheureusement, forcer des enfants à s’excuser leur enseigne à manquer de sincérité. Un éducateur soutient que cela leur apprend à mentir. Pourquoi ? Car les enfants ne sont généralement pas désolés de leur conduite, ils sont souvent trop en colère pour s’en soucier.
Les enfants peuvent également avoir recours au terme « désolé » pour se sortir d’affaire. Ils savent que s’ils s’excusent sans le penser, leurs parents cesseront des les importuner.
Parfois, les enfants éprouvent des regrets de leur conduite. Mais il arrive que les parents en fassent trop et ruinent leur remords naturels. Les enfants se mettent alors en position de défense et se conduisent encore plus mal.
Alors que faire ? Y a-t-il un moyen d’enseigner à nos enfants à s’excuser sincèrement ?
Je pense que ce qui peut aider, c’est de clarifier la leçon que nous voulons enseigner à nos enfants. Notre but ultime n’est pas que nos enfants disent « désolé ». Nous voulons qu’ils montrent un regret sincère de leur comportement. Nous voulons les aider à redresser les torts infligés à d’autres. Ils doivent reconnaître que, par le biais de leurs excuses, ils regrettent leurs actions, car ils ont porté atteinte à un autre être humain.
Serait-ce une tâche trop écrasante ? Pas nécessairement.
Voici quatre moyens d’enseigner à nos enfants à être désolé :
1) Accordez à votre enfant le bénéfice du doute. Comme vous le savez certainement, forcer vos enfants à dire qu’ils sont désolés, même lorsqu’ils le sont vraiment, peut vous mettre en situation de lutte de pouvoir. Souvent, lorsque nous disons : « Dis à Sarah que tu es désolé ! », votre enfant refusera de coopérer- elle a besoin d’un moyen de sauver la face. L’enfant peut alors s’enfuir et se cacher, rire nerveusement, se mettre en colère et s’écrier : « Elle le méritait parce qu’elle m’a dérangé. » « Je la déteste et je ne dirai jamais que je suis désolé ! »
La bataille commence alors. Pour l’éviter, soyons aussi délicats avec l’auteur du méfait qu’avec la victime.
Nous pouvons accorder le bénéfice du doute en assignant une intention positive à l’auteur du méfait et en parlant de manière non conflictuelle.
« Je suis sûre que tu ne voulais pas embêter Michaël et le blesser. Tu vois qu’il est triste, il pleure. Il est important de présenter ses excuses lorsqu’on blesse quelqu’un. On voit alors que tu te soucies de lui. Ce serait bien de le faire maintenant. »
2) Les actions ont plus d’impact que les paroles. Même après qu’un enfant s’excuse, il vaut mieux l’encourager à faire suivre ses paroles d’un acte qui montre réellement qu’il regrette son acte. Les parents peuvent dire : « Dire à Daniel que tu es désolé est une super première étape. Y a-t-il une chose que tu puisses faire pour lui montrer que tu regrettes ton geste ? »
Des enfants plus jeunes auront peut-être besoin d’aide pour trouver des moyens d’exprimer leurs émotions. Nous pouvons leur proposer les options suivantes :
« Tu as tiré les cheveux d’Ari, tu peux lui remonter le moral en lui fabriquant quelque chose de joli qu’il portera sur la tête. Voilà, je vais te montrer. »
« Tu veux peut-être acheter à Eytan un nouveau ballon avec ton argent de poche, ou tu peux lui en donner un qui t’appartient. Tu crois que ça pourrait marcher ? »
Il faut un peu plus de tact pour les enfants plus grands. Les parents peuvent tenter de s’exprimer ainsi :
« Je ne veux pas me mêler de tes affaires. Le problème, c’est que Sarah a été blessée de tes remarques sur sa robe. Tu pourrais peut-être lui glisser un mot gentil. »
3) Plans pour l’avenir. Lorsque les enfants commettent des erreurs, nous pouvons l’employer comme occasion de leur enseigner qu’ils sont responsables d’améliorer leur conduite. Communiquons-leur notre confiance dans leur capacité à réagir de manière appropriée à des situations difficiles.
Après les avoir aidé à corriger le mal, nous pouvons déclarer : « La prochaine fois que Sarah te dit que ton dessin est raté, pourrais-tu mieux réagir, plutôt que de la frapper ? Penses-tu trouver les mots et dire : "Je n’aime pas qu’on se moque de moi !" plutôt que d’avoir recours aux mains ? »
Pour des enfants plus âgés, vous pouvez dire : « Je sais que tu t’es senti mal lorsque tu as trouvé qu’Eli t’avait rapporté des feuilles toutes écrasées au fond de ton sac. Je suis sûr que tu trouveras un moyen que cela ne se produise plus. »
Lorsque des parents passent en revue la conduite des enfants, ils leur donnent une opportunité d’apprendre de leurs expériences. Les enfants peuvent ensuite former des projets et se fixer des objectifs pour réparer leurs torts à l’avenir.
4) Modèle. Le meilleur moyen d’inculquer des notions à nos enfants se fait par le modèle. Ils apprennent au mieux en nous observant. Les enfants ont besoin de voir leurs parents agir avec une authentique contrition pour appréhender le sens d’un véritable remord.
Personnellement, j’ai beaucoup d’occasions pour être un modèle de ce type de conduite. Au cours de la journée, je sais que je dis des choses que je ne pense pas, je crie parce que je suis fatiguée et accuse faussement mes enfants. Si, dans toutes ces situations, je m’excuse, cela enseigne à mes enfants une leçon de valeur. C’est un exemple vivant pour eux pour savoir comment réagir lorsqu’ils commettent des erreurs et portent atteinte aux sentiments d’autrui.
Les parents peuvent dire :
« Je suis désolée d’avoir crié tout à l’heure. J’étais fatiguée et la vue de ce bazar m’a fait perdre le contrôle de moi-même. J’aimerais te dire calmement ce que je voulais te dire tout à l’heure. »
« Je suis désolée de t’avoir accusé d’avoir laissé le lait dehors. J’aurais dû t’accorder le bénéfice du doute. »
« Je m’excuse d’avoir blessé tes sentiments. J’en ai fait trop tout à l’heure. Parfois je dis des choses que je ne devrais pas. »
Accorder à nos enfants le bénéfice du doute, leur enseigner à être pris de remords, les aider à planifier de s’améliorer à l’avenir, être un modèle parental sont tous des moyens d’enseigner à nos enfants à être navrés - sincèrement.
Adina Soclof