Comme cela m’est souvent arrivé par le passé, j’écris cet article dans un avion El Al en route pour New York. Au moins une fois par an, nous organisons un voyage en Erets Israël. Ces voyages sont toujours merveilleux et source de transformation. Chaque jour est unique et a sa propre saveur ; chaque jour est miraculeux et nous élève en spiritualité ; cette année, notre périple n’a pas fait exception.
Ma petite-fille, Shaindy Wolff Einsenberg, responsable des activités de Hinéni en Israël, a suggéré que, lors de ce voyage, nous marchions dans les traces de nos saints patriarches et prophètes. Avant notre départ, nous avons offert à chaque participant un Tanakh, le Livre qui inclut tous nos écrits sacrés, et, ainsi armés, nous étions prêts à suivre les traces de nos géants spirituels, qui nous ont conduits à la Cité de David, en Judée Samarie, en Galilée et sur d’autres sites dans tout Israël. Cette expérience a eu un impact électrisant… voir la Torah prendre vie devant nous, suivre la voie empruntée par celle de nos géants spirituels, est une expérience empreinte d’humilité et d’élévation.
Dans l’itinéraire préparé par Shaindy, elle rédigea l’introduction suivante : « Notre monde tient sur trois piliers, la Torah, la ‘Avoda (le service de D.ieu), et le Guémilout ‘Hassadim (les actes de bonté). Dans le but d’exploiter au maximum votre séjour en Erets Israël, vous devez vivre ces trois dimensions.
Mais pourquoi trois axes ? demandait Shaindy. Pourquoi pas quatre, ou deux ? Si tout, dans la foi et la littérature juive, a un sens déterminé, quelle est la signification du chiffre trois ?
C’est le nombre représentant l’équilibre. C’est l’achèvement de trois entités distinctes qui forment un tout : la perfection. Le triangle, composé de trois lignes, est la forme géométrique la plus stable. Un photographe place ses instruments sur un tripode pour un maximum de stabilité. Les architectes et ingénieurs dépendent des triangles pour soutenir des ponts, des immeubles et des avions. De même qu’une chaise doit posséder au moins trois pieds pour tenir, le monde doit avoir trois piliers pour rester droit et stable. Trois, c’est l’équilibre parfait.
Ce voyage auquel vous participez sera davantage qu’un périple. C’est un voyage qui vous reliera aux piliers de votre vie, qui maintiennent le monde. »
Le Tanakh ne nous a pas quittés et nous avons étudié tous les jours. Il est fascinant de voir les lieux décrits dans notre Torah où nos ancêtres ont pris la parole et proclamé le Nom de D.ieu.
La ‘Avoda, la prière, était constamment sur nos lèvres. S’il y a quelque part un lieu où la mélodie de la prière est dans l’air, c’est certainement en Erets Israël, où même les arbres murmurent des psaumes.
Il n’y a aucun autre pays sur notre planète terre où, au milieu de la nuit et pendant la journée, le son de la prière résonne, à quatre heures de l’après-midi, à minuit, ou à cinq heures du matin, vous pouvez apercevoir des hommes, femmes, enfants et bébés dans leur poussette prier au Mur. Le Mur, ancien vestige de notre saint Temple, le lieu où la présence de D.ieu peut toujours se ressentir ; le Mur où la Chékhina (présence Divine), présente pour l’éternité, n’est jamais abandonnée. Jour et nuit, il est lavé par nos prières baignées de larmes.
Notre groupe de Hinéni s’est rendu chaque matin et chaque soir au Kotel pour nous joindre à ceux qui y montent la garde et y prient. C’est une scène vraiment frappante : des hommes et femmes âgés, de jeunes pères et mères avec leurs petits… De façon étonnante, dans ce lieu empreint de sainteté, chaque personne est revitalisée. Et de ce fait, notre groupe n’a jamais manifesté de signe de lassitude pour s’y rendre. Il était parfois tard la nuit ou à l’aube lorsque le soleil se levait sur Jérusalem.
Si vous vous rendez en Erets Israël et participez à une seule de ces expériences de prière au Mur, votre visite aura valu le coup et vous serez transformé. Tandis que nous priions et que les mots jaillissaient de notre cœur, j’ai pensé à notre peuple remarquable : dans tous les autres pays ou peuples du monde, si vous souhaitez trouver un rassemblement au milieu de la nuit, le seul lieu où vous pourrez le trouver, ce sera dans les bars ou les clubs. Mais en Erets Israël, l’aimant, c’est le Mur. C’est là que les lumières ne s’éteignent jamais… c’est là que notre peuple continue à prier pour Jérusalem, pour la reconstruction du Temple. Presque 2000 ans se sont écoulés, mais nous n’avons jamais cessé de prier ; nous n’avons jamais renoncé au rêve, et, grâce à D.ieu, nous sommes plus proches que jamais d’assister à cet accomplissement. Oui, aujourd’hui, si vous savez tendre l’oreille, vous pouvez entendre les pas du Machia’h... au Mur, ces sons sont réellement audibles.
Quant au ‘Hessed : notre retour même et notre vie sur cette terre reposent sur le ‘Hessed, la bonté d’Hachem. Grâce à Sa bonté constante, il nous a été possible de survivre et de nous développer parmi un grand nombre de nations hostiles unies dans leur volonté de nous éliminer et nous détruire. Ce n’est que par Sa bonté que nous avons redonné vie à cette terre aride. C’est encore grâce à Son ‘Hessed qu’un peuple qui, ces 2000 ans passés, n’a pas eu le droit d’avoir son propre pays et de pratiquer l’agriculture, a réussi à restaurer le sol aride et à défendre la terre. Oui, sur cette terre, même les aveugles doivent voir le ‘Hessed constant d’Hachem, car c’est la seule façon d’y survivre.
Nous avons visité des bases de l’armée ainsi que rencontré le nouveau Grand-Rabbin de l’armée qui n’est pas seulement un célèbre érudit en Torah, mais également un exceptionnel pilote dans Tsahal. Pour moi, survivante de la Shoah, à qui la vue d’un uniforme a toujours évoqué la terreur et la peur, voir un rabbin dans son splendide uniforme décoré d’ailes et de rubans, c’est prendre conscience que cela n’a pu se produire que grâce à Hachem. Mais ce n’est pas seulement moi, qui ai survécu aux flammes, qui dois m’émerveiller de ceci. Chacun d’entre nous doit se sentir bouleversé. Nous sommes la génération destinée à apercevoir ce dont nos ancêtres n’avaient que rêvé, mais, malheureusement, nous avons des yeux et nous ne voyons pas… nous avons des oreilles, mais nous n’entendons pas. Il apparaît parfois qu’il est plus facile de vivre avec une vision plutôt que de voir ce qui se déroule sous nos yeux.
Le ‘Hessed est le cadeau qu’Hachem nous a octroyé, et, aujourd’hui, tout comme hier, ce ‘Hessed régule nos vies. Nous l’avons vu en Erets Israël dans les myriades d’institutions qui emplissent le pays du nord au sud. Nous l’avons vu dans des lieux comme l’hôpital de Laniado, fondé par le révéré Rebbe de Klausenbourg, où chaque patient est traité comme un membre de la famille ; nous l’avons vu dans l’armée israélienne, où chaque Néchama est précieuse, où nos fils sont prêts à tout sacrifice pour préserver la vie. Et nous l’avons constaté dans l’humble demeure du Rav et de la Rabbanite Kanievsky à Bné Brak, qui, dès le matin tôt et jusque tard le soir, inondent chaque Juif de ‘Hessed, d’amour bienveillant. Oui, ce sont ces trois piliers, la Torah, la ‘Avoda et le ‘Hessed qui confèrent à la vie en Erets Israël un cachet si unique. Et ce sont ces trois piliers qui ont été les principes clés de notre périple.
Puisse Hachem faire que, par le mérite de ces trois piliers, nous puissions rapidement assister à notre Rédemption avec la venue du Machia’h.