La semaine dernière, j’ai évoqué les conséquences tragiques du divorce. J’ai été inondée de réponses. Il en ressort que malheureusement, de nombreux individus ont vécu cette douloureuse expérience et sont marqués à vie et désillusionnés. Je pense qu’il est important de traiter les défis que les divorcés affrontent, évoqués dans votre lettre.
Ma chère amie,
Vous écrivez certes que vous ne cherchez pas de réponse, vous réalisez qu’il n’existe aucune solution à votre dilemme, mais j’ai néanmoins choisi de répondre parce que 1) je pense qu’il est important que d’autres apprennent de votre expérience et soient conscients des nombreux risques accompagnant le divorce et 2) je pense qu’il faut également évoquer votre situation personnelle. On ne pourra pas changer la réalité de votre vie, mais nous pouvons tenter de limiter les dégâts et de tirer le meilleur parti de cette situation difficile. J’aimerais vous offrir les suggestions suivantes :
1) Concentrez-vous sur ce que vous avez plutôt que ce que vous n’avez pas. Au lieu d’être fixée sur ce que vous avez perdu ou sur le Chidoukh que vous espérez trouver, concentrez-vous sur ce que vous possédez : vos enfants. Comblez-les de tout votre amour, et avec l’aide de D.ieu, tout se remettra en place. Incontestablement, les torts qu’ils ont subis sont énormes, tels que les vous décrivez dans votre lettre : les problèmes scolaires et sociaux, le besoin de médicaments et de thérapie, sont hélas trop courant parmi les enfants issus de foyers brisés, mais il est d’autant plus important pour vous d’être présente pour eux maintenant. Si, avec tous les événements que vous vivez, vous deviez les perdre, que D.ieu préserve, que vous resterait-il ? Votre priorité doit être d’enseigner à vos enfants le ‘Hessed, la bonté et la compassion, et leur instiller la Emouna, la foi, la Torah et les Mitsvot. Je sais que ce n’est pas simple, et même dans les meilleures conditions possibles, les parents ne parviennent pas toujours à communiquer ces valeurs, alors comment vous, une femme seule, pouvez y arriver, me demandez-vous ? Il va de soi que ce ne sera pas facile, mais si vous placez la Torah et le ‘Hessed en priorité, ces valeurs déteindront sur eux, et même si vous n’arrivez pas à atteindre votre but à cent pour cent, au moins, vous les dirigerez dans la bonne direction, et cela leur sera utile tout au long de leur vie. Pour vous aider dans cette voie, mettez vos enfants en contact avec leurs grands-parents. N’hésitez pas si possible à faire appel à eux.
2) Bannissez la colère et l’amertume de votre cœur : lorsque les gens traversent une période douloureuse et désastreuse, ils en deviennent amers et en proie à la colère. Vous devez rester sur vos gardes pour éviter de tomber dans ce travers. La colère est un poison. Une fois qu’elle a pris le dessus sur votre vie, elle vous consume ainsi que tous ceux autour de vous. Je réalise que vous vous dites peut-être : « Bien sûr, il est facile pour un étranger de dire ça, mais comment ne pas être en colère après ce que j’ai vécu ? » Ne pensez pas que je prends votre souffrance à la légère - c’est précisément parce que je comprends cette douleur que je vous mets en garde pour éviter que vous n’en deveniez la victime.
Non seulement la colère ne nous est d’aucun soutien, mais elle vous dérobe votre dignité et votre estime de vous-même. Lorsque vous êtes en colère, c’est comme si une substance venimeuse s’était introduite dans votre système, et si on ne prend aucune mesure, elle finit par empoisonner votre être tout entier. La Torah nous enseigne que l’individu qui se laisse dominer par la colère est comparable à un adorateur d’idoles, car il perd le contrôle de sa vie et agit de manière à causer des dommages irréparables.
Ces dernières semaines, nous avons lu les sections de la Torah évoquant les plaies en Egypte avant l’Exode. Nous avons appris qu’au début de la plaie des grenouilles, au départ, une seule grenouille immense a émergé de la rivière. Les Egyptiens ont tenté de la tuer, mais alors qu’ils frappaient l’animal, il se divisait et se multipliait, et plus ils les frappaient, plus les grenouilles se multipliaient jusqu’à ce que l’Egypte en déborde. Mais les Egyptiens n’étaient pas idiots. Cette action a été menée à bien par l’homme le plus intelligent de l’empire. Ils ont vu de leurs propres yeux que leur réaction violente a produit de plus en plus de grenouilles et a intensifié la plaie. Alors pourquoi n’ont-ils pas cessé de frapper les grenouilles ? En réalité, la rage les a aveuglés et ils ont perdu toute maîtrise, toute raison, toute logique. C’est le pouvoir de la colère : elle aveugle et fait perdre le contrôle de soi.
Lorsqu’on vit une expérience amère, soit on devient plus amer, soit plus compatissant. Le choix est entre nos mains. On ne peut exercer de contrôle sur la situation, mais on peut contrôler notre réaction, et c’est le choix qui se présente à vous. Allez-vous conserver votre gentillesse ou devenir amère ? Sachez que ce choix est valable dans toutes les épreuves de la vie. Je me souviens parfaitement bien lorsque mon mari, Rav Méchoulem Halévi Jungreis, était aux prises avec sa maladie terminale à l’hôpital. Lui aussi avait le choix : céder à la colère et à l’amertume, ou se montrer affectueux et aimant. Il choisit la seconde option et a laissé un héritage d’amour et de bénédiction. Et au final, c’est le choix que vous devrez faire.
Mais en-dehors même de ces considérations, lorsqu’il est question de colère, il est important de se remémorer l’enseignement du Roi Salomon. Il nous a déjà mis en garde il y a des milliers d’années : « La colère pourrit les os. » Aujourd’hui, on sait que presque chaque maladie est liée au stress, alors au moins pour préserver sa santé, il est important de conserver sa sérénité.
Enfin, j’aimerais aussi vous rappeler de prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger vos enfants et éviter de les mêler à votre amertume. Les enfants ne doivent pas entendre de remarques désobligeantes d’un parent sur un autre, et ne doivent jamais être entraînés dans les conflits de leurs parents.
Enfin, sachez aussi qu’il est certes difficile de trouver un bon parti à la suite d’un divorce, mais la difficulté est décuplée lorsqu’on a une attitude négative. Mais comment contrôler votre douleur ? Entraînez-vous à sourire, à être déterminée à parler d’une voix calme et douce. Apprenez le langage du silence, et surtout, priez régulièrement, demandez à Hachem de vous guider, et prenez l’habitude de réciter des Téhilim chaque jour.
3) Développez votre propre potentiel : je vous recommande vivement de reprendre vos études, pour acquérir un métier qui vous permettra d’obtenir votre indépendance sans compter sur les autres. Je vous exhorte aussi vivement à assister à des cours hebdomadaires de Torah. Ces cours vous donneront des forces et de l’inspiration pour vous aider à mieux vivre votre vie.
En vous souhaitant beaucoup de Hatsla’ha (réussite).