Dans cet article, j’aimerais vous livrer une histoire qui d’après moi est un merveilleux cadeau que nous pouvons présenter à Hachem. Cette histoire est un témoignage important du ‘Hessed éternel de notre peuple - une bonté que nous avons héritée d’Avraham Avinou et de tous les Avot et Imahot du peuple juif. Ce ‘Hessed marque le cœur juif et atteste de la compassion de notre peuple, et il est très présent de nos jours, tout comme il l’était hier. Cela fait intégralement partie de notre ADN juif, et aucunes mœurs culturelles, aucune pression sociale ne peut l’effacer.
Comme vous vous en rappelez, j’ai écrit plusieurs articles sur mon hospitalisation récente suite à l’opération de la fracture de ma hanche à San Diego, Californie. L’un des articles s’appelait « Baroukh Hachem ». J’y ai décrit l’expérience douloureuse d’apprendre à remarcher après une intervention majeure qui impliquait quatre fractures. Jeannette, ma physiothérapeute, qui m’a appris à remarcher, me demandait chaque jour : « Rabbanite, niveau de douleur… de un à dix ? »
Je n’ai jamais vraiment su comment évaluer le « 1 à 10 ». Dans mon esprit, c’était toujours un « dix », mais pour faire plaisir à ma physiothérapeute gentille et attentive, je choisissais un nombre et ajoutais toujours : « Baroukh Hachem ».
« Quels sont ces termes que vous ajoutez toujours à vos nombres ? », me demanda-t-elle.
« "Baroukh Hachem" signifie "loué soit D.ieu" », et je me mis à lui expliquer le sens intégral de ces deux mots magiques qui ont été la marque de fabrique de notre peuple depuis toujours.
L’hôpital n’avait pas l’habitude d’accueillir des patients juifs, mais lorsque j’entrai en contact avec des non-Juifs, je mis toujours un point d’honneur à suivre les lois de notre Torah, qui nous enjoint à être attentifs aux propos divins du Sinaï évoquant le respect parmi les nations.
Si vous vous souvenez, j’ai écrit un long article à ce sujet et je vous ai livré mes discussions sur le « Baroukh Hachem ». En conséquence de cet article, j’ai reçu une tonne de lettres et d’e-mails, et, l’une de ces lettres provenait d’une femme qui décrivait son épreuve après que son mari, un avocat, avait perdu son emploi en raison du ralentissement économique. Plusieurs années s’étaient écoulées et il était toujours sans emploi, il n’arrivait pas à retrouver de travail. De plus, elle devait faire face à de nombreuses situations douloureuses, des problèmes de santé, de Chalom Bayit, etc. Elle avait confié alors que dans le passé, elle disait toujours « Baroukh Hachem », mais qu’elle ne pouvait plus prononcer ces mots. Elle se sentait seule, abandonnée, enveloppée d’obscurité. Néanmoins, après avoir lu mon article, elle se força à redire « Baroukh Hachem ».
En conséquence de sa lettre, un très bel appel téléphonique arriva à notre bureau de Hinéni, et j’écris « beau » intentionnellement, car je sens qu’il n’y a pas de terme plus approprié pour décrire cet appel.
Un homme résidant à Boro Park était au bout du fil : « J’aimerais proposer du travail à cet avocat, me dit-il, demandez-lui de m’appeler ». Il me laissa son numéro de téléphone.
Dans un climat où les boulots sont peu nombreux et difficiles à trouver, recevoir un tel appel est en réalité un beau témoignage du ‘Hessed gravé sur notre cœur par notre patriarche Avraham, et est devenu part de notre ADN juif. Réfléchissez un instant… en se reposant sur une lettre du Jewish Press, un homme propose un emploi à un inconnu et laisse son numéro de téléphone. Il ne sait rien, cet homme pourrait être instable et créer des problèmes dans son bureau. La sagesse conventionnelle nous dicte : « Occupe-toi de tes affaires. Ne te mêle pas ! ». Mais cet homme choisit de rejeter tout cela et de suivre la voie de notre Torah.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’histoire a été écrite sous couvert d’anonymat (la plupart de ceux qui décrivent leurs problèmes personnels hésitent à révéler leur identité), alors, malgré les efforts que je déployais, je n’arrivai pas à joindre cette femme. Je me souvenais néanmoins d’une très gentille dame, très généreuse, qui m’avait relaté une histoire similaire. Après de nombreuses années de service, son mari avait également été congédié et ne pouvait trouver de travail, mais j’avais du mal à me rappeler de son nom. Je rencontre d’innombrables personnes chaque jour, et bien que je me souvienne de leur visage, j’ai abandonné d’essayer de me souvenir de leurs noms. Alors, après un travail de détective, je trouvai un nom et un numéro de téléphone, et je téléphonai. La femme qui me répondit fut bouleversée par la nouvelle. Son mari, l’avocat, avait cherché du travail pendant plusieurs années, mais, et voici le grand mais… il s’était reconverti, il en découla qu’une fois tous les faits vérifiés, son mari avait absolument besoin d’un emploi, etc., elle n’était pas la femme que je recherchais. « Je ne sais pas si j’ai le droit de donner ce numéro à mon mari, me dit-elle, puisque la Rabbanite avait quelqu’un d’autre à l’esprit. »
Je n’en crus pas mes oreilles… la plupart des gens dans notre monde d’aujourd’hui, s’ils se trouvent dans une situation semblable, se saisiraient sans hésiter de l’emploi.
« Si la Rabbanite pouvait me faire une faveur, poursuit-elle, je vous serais reconnaissante d’avoir une décision du Rav de la synagogue, pour savoir si mon mari a le droit de se présenter à ce poste. »
Ses propos me laissèrent perplexe. Qui, si ce n’est les enfants d’Avraham Avinou, pourrait être capable d’un tel ‘Hessed dans un monde égoïste, centré sur le moi et brutal ? Mais l’histoire ne s’arrête pas là. J’appelai le gentleman de Boro Park pour exprimer ma reconnaissance et lui donner une Brakha. Il m’assura que c’était son Zékhout, son mérite, d’agir comme il le faisait, et s’il y avait quelqu’un à remercier, c’était celle qui l’avait inspiré à téléphoner.
Il nous faut à nouveau marquer une pause et réfléchir. Combien d’hommes dans le monde d’aujourd’hui, pourraient créditer leurs épouses ? Mais ceci fait également partie de notre ADN juif. N’est-ce pas notre ancêtre Avraham qui a fait les louanges de notre ancêtre Sarah, lorsqu’il a dit aux anges : « Hiné, Baohèl - regardez, elle est dans la tente de Torah ».
Pendant que j’écrivais cet article, mon frère, Rav Yonathan Binyamin m’a appelée. Il voulait prendre de mes nouvelles et connaître mon niveau de douleur. Comme toujours, nous avons parlé de nos saints parents et il m’a rappelé un beau Dvar Torah de notre révéré père, le Rav et Gaon Avraham Halévi Jungreis zatsal, qui explique pourquoi la Torah commence par la lettre Beth plutôt que le Alef. Outre les nombreuses interprétations connues, notre père, le Tsaddik, nous a enseigné que le Beth représente le chiffre deux, et si vous souhaitez avoir des « Broches (Brakhot) hob in zeen, prenez en compte les besoins d’autrui ».
Prenez toute cette histoire, et faites tous les rapprochements, vous aurez un aperçu de la Main puissante d’Hachem, et le ‘Hessed du ‘Am Israël qui atteste que nous n’avons jamais oublié « Di Youkna Chel Aviv », l’image de nos saints patriarches.