La semaine dernière, j’ai terminé mon article par l’histoire d’un Juif qui voulait apporter des changements dans le monde et inspirer les gens à faire Téchouva, à revenir à leurs racines, leur héritage Divin.
Fortifié par les bénédictions de son Rebbe, il se lança dans sa mission pour rencontrer frustration sur frustration. Déçu, il retourna chez son Rebbe qui lui suggéra, plutôt que de se concentrer sur les autres, de se concentrer sur lui-même et d’envisager comment il pourrait changer. Ce conseil du Rebbe nous parle à tous, mais c’est une chose d’en parler, mais toute autre chose d’appliquer ce conseil à notre vie privée.
Il y a quelques années, lors de l’un de mes cours de Torah, j’ai abordé ce sujet. À la fin du cours, une dame m’a déclaré : « Rabbanite, je suis d’accord avec vous. Les gens doivent changer, et ceci est valable pour moi aussi. Je dois avouer que j’ai un défaut majeur : je suis trop bonne ! Je permets aux gens de profiter de moi ». La plupart d’entre nous rejetterait une telle remarque avec un sourire ironique et l’attribuerait à une personnalité égocentrique et satisfaite de soi. Mais avant de répondre si facilement, prenons quelques instants pour réfléchir. Malgré nos défauts, ne croyons-nous pas être des gens plutôt bien ? Nous tenons le raisonnement suivant : n’est-il pas écrit qu’il n’existe aucun être humain dénué de fautes ? Alors, tout bien considéré, nous sommes « des gens très bien ». Nous haussons les épaules et passons à la suite, persuadés que toute cette discussion ne nous concerne pas. Mais, peu importe notre degré d’égocentrisme, le mois d’Eloul est là et le son du Chofar nous enjoint « Ourou Yéchénim… Réveillez-vous, endormis que vous êtes, sortez de votre torpeur », nous demandant de nous réveiller et de répondre à l’appel Divin avant que, D.ieu préserve, la tragédie ne frappe.
Dans l’intimité de nos foyers, lançons un regard à nos miroirs spirituels et observons nos Néchamot de près. Procédons à une introspection de notre âme et demandons-nous : « Comment puis-je m’améliorer ?... Comment puis-je devenir meilleur(e) ?… Où dois-je commencer ? Que dois-je faire ? » Tout en nous soumettant à cet examen critique, gardons à l’esprit que le monde est en feu, bien que la majorité refuse de voir les flammes et de comprendre que nos vies juives sont en péril.
Il y a un nouvel Hitler sur la scène mondiale qui, sans honte et sans crainte, n’a pas hésité à proclamer son intention de lancer une nouvelle Shoah. Une fois encore, vous pouvez rejeter de telles menaces et vous réconforter en prétendant : « C’est un fou », mais, en tant que survivante de la Shoah, je peux vous assurer que les fous doivent être pris au sérieux précisément parce qu’ils sont suffisamment fous pour mettre leurs menaces à exécution !
Alors, dans le pire des cas, pensez-vous à un pays qui viendrait nous défendre… ou au moins prendre la parole pour nous ? Notre longue histoire tortueuse atteste que nous sommes une brebis isolée parmi soixante-dix loups qui sont tous prêts à sauter sur nous et à nous dévorer. Sans D.ieu, « le Gardien d’Israël qui ne dort ni ne sommeille », nous aurions depuis longtemps été détruits. Par le passé et jusqu’à aujourd’hui même, la Haggada de Pessa’h nous parle : « Békhol Dor Vador… à chaque génération, ils s’élèvent pour nous détruire, mais notre D.ieu, béni soit-Il, nous sauve de leurs griffes ».
Mais la question demeure : comment nous lancer dans cette entreprise de changement de soi ? Par quelle Mitsva devons-nous commencer ?
La réponse devrait être évidente pour nous tous qui avons des connaissances de notre longue et douloureuse histoire. Nous avons été lancés dans notre présent exil il y a environ deux mille ans en raison de la faute de Sinat ‘Hinam, la haine gratuite, l’animosité et la jalousie injustifiées entre un Juif et son prochain, entre deux frères. C’est cette faute qui a scellé le décret final, a mis le Temple en flammes et rasé Jérusalem. Mais, tout de même, spécifiquement, qu’est-ce que cela veut dire ? Quelle conséquence cela peut-il avoir sur notre propre changement ? De toute évidence, puisque la haine injustifiée a été la cause de notre chute, nous devons purger ce mal et nous tourner vers D.ieu comme une famille unifiée et soudée.
Mais la question demeure : par quelle Mitsva parmi les commandements de l’homme et son prochain devons-nous commencer ? Et la réponse : « Mais je suis très bien ! »
Une Mitsva que nous avons tous transgressée sans nous en rendre compte, est celle de Kiboud Av Vaèm, d’honorer ses parents. Si nous apprenons à maîtriser cette Mitsva, alors les autres Mitsvot des relations avec son prochain se mettront naturellement en place.
Une fois de plus, nous pouvons balayer ces arguments et nous féliciter en estimant que tout ceci ne nous concerne pas. En gros, nous avons fait preuve de respect envers nos parents, et si, à une occasion ou une autre, nous avons failli, c’est parce que nous avons été injustement irrités, maltraités, ou nos nerfs étaient à vif.
On nous enseigne que dans la période d’Ikvé Démachia’h (précédant la venue du Messie), lorsque des oreilles averties pourront entendre les pas du Machia’h, la ‘Houtspa (l’insolence) s’intensifiera dans des proportions démesurées. Et donc ceux qui, parmi nous, pensent avoir assumé leurs responsabilités, peuvent faire preuve de telles prétentions uniquement parce qu’ils ont été contaminés par cette ‘Houtspa, ce poison, et n’ont aucune idée de ce que cette Mitsva exige. Nous sommes si éloignés du commandement d’honorer ses parents que nous ignorons ce que nous ignorons ! Or, c’est sur la fondation de cette Mitsva (honorer ses parents) que tous les commandements liés à l’homme et son prochain reposent. Notre situation est devenue encore plus complexe sachant que nous vivons dans une culture dans laquelle les enfants abusent de leurs parents. Et cet abus est toléré et accepté comme la norme. Il y a un dicton en Yiddish : « Azoi vee... Le monde juif suit la voie tracée par le monde non-juif », à savoir que l’influence de la culture dominante entre dans notre propre sphère, ce qui nous rend vulnérables…
À suivre…