Le thème de l’une de mes rubriques récentes a été la prière. La prière, notre arme la plus puissante, apportera le salut, la guérison et les bénédictions.
La vérité, c’est que la plupart des Juifs ne prient pas. Depuis toujours, j’ai lancé un défi à notre peuple en posant une simple question : « Priez-vous ? ». Mes interlocuteurs me lancent un regard vide et bégaient : « Je ne suis pas orthodoxe », comme si ça pouvait les absoudre de la responsabilité de s’adresser à D.ieu.
Le jeudi soir, j’enseigne la Torah au Hineni Heritage Center. Après les cours, je m’entretiens avec les participants, un par un, dans mon bureau. Ce sont des hommes et femmes de tout âge et issus de tous les horizons. Un dénominateur commun : ils portent dans leur cœur de lourds fardeaux, devenus trop lourds à porter. Ils pensent ne plus pouvoir continuer. Je vais vous relater quelques histoires.
Histoire 1
Une femme d’une quarantaine d’années était assise en face de moi. Entre ses sanglots, elle me raconta que son fils de 21 ans sortait avec une jeune fille non-juive.
La première chose que je lui recommandai, c’est de prier.
« Rabbanite, protesta-t-elle, c’est sérieux. Mon fils a besoin d’aide, je veux dire, d’une vraie aide ». Et moi de répliquer : « La prière, c’est une vraie aide. »
Elle me regarda, déçue. Elle murmura quelque chose du style : « Vous ne comprenez tout simplement pas. »
« Mais si je comprends, lui assurai-je. C’est pourquoi je vous recommande de prier. »
« Rabbanite, reprit-elle, j’ai besoin d’aide. Je pensais que vous alliez l’appeler et lui parler. »
« Ce n’est pas un sujet à aborder au téléphone, lui expliquai-je. Je vais lui parler face à face. Mais si je veux toucher son cœur, nous aurons tous besoin de l’aide de D.ieu. Alors vous allez prier et moi aussi. »
Histoire 2
Michaël était venu me consulter pour obtenir des conseils. Il avait l’air préoccupé et déprimé. « J’ai perdu mon emploi, m’annonça-t-il. L’institution financière dans laquelle je travaillais a été dissoute. J’ai de maigres économies, mais très rapidement, ces économies partiront en fumée. Rabbanite, je sais que vous avez beaucoup de relations, vous connaissez beaucoup de monde. J’ai pensé que vous pourriez m’aider à trouver un job. »
« Je ne peux pas vous trouver un emploi, répondis-je. Seul Hachem peut le faire. Mais je peux tenter d’être Son messager. Alors nous devons prier. Vous devez prier pour que D.ieu vous conduise au bon bureau et je prie qu’Il m’accorde les bons mots pour trouver une relation pour vous. En bref, tout dépend de Lui. Je vais faire de mon mieux, mais nous devons demander à Hachem de vous guider. »
Michaël se mit à éclater de rire.
« Je n’y crois pas !, s’exclama-t-il. Je dois prier pour que vous trouviez un emploi pour moi et vous devez prier pour trouver les bons mots ? Rabbanite, passez simplement un coup de fil. Ne perdons pas de temps. Vous pouvez le faire - il vous suffit de le vouloir. La prière ? Vous devez plaisanter. »
Histoire 3
Debbie était une jeune femme attirante. « Rabbanite, pleura-t-elle, je ne peux plus continuer. Mon fiancé vient de rompre avec moi. J’ai prié et prié et mes prières ont produit leur effet, mais regardez ce qui s’est passé. J’en ai assez de prier. »
« Debbie, répondis-je, pensez-vous réellement pouvoir menacer D.ieu ou Le diminuer par votre refus de prier ? Si D.ieu le souhaite, en un instant, nous pouvons tous être anéantis. Suivez mon conseil et ne commencez pas avec D.ieu. Retenez ceci : vous ne Lui faites pas de faveur lorsque vous priez, mais vous achetez un billet pour une vie chargée de sens.
Si vos fiançailles ont été rompues, sachez qu’il y a une raison à cela. Considérez cet événement sous cet angle : précisément parce que vous avez prié, D.ieu vous a protégé du désastre d’épouser la mauvaise personne. Implorez le Tout-Puissant de vous conduire vers le bon conjoint pour qu’ensemble, vous édifiez un foyer juif authentique, béni par une entente conjugale et des enfants. »
Ce sont quelques exemples de notre manière erronée de considérer la prière.
On nous a confié - à nous, les Juifs - la remarquable aptitude de déverrouiller les Portes du Ciel par nos prières, alors élevons la voix et invoquons les Brakhot d’Hachem. Nous devons Lui demander de prendre notre main et de nous guider à travers le chaos, les hauts et les bas, les soucis, les douleurs et les luttes de notre existence, et l’obscurité qui a enveloppé notre monde.
Nous connaissons les propos du Roi Salomon dans le Cantique des Cantiques : « Ani Lédodi Védodi Li… Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi ». Si vous avez quelqu’un de bien-aimé dans votre vie, ou même un proche ami, ne communiquez-vous pas avec lui tous les jours ? Ne souhaitez-vous pas lui parler régulièrement ? Ne lui confiez-vous pas vos espoirs et pensées ?
Mon arrière-petite-fille de trois ans a séjourné chez ma fille, sa grand-mère. Chaque matin, elle observait sa Bubbie, sa mamie dire « Bonjour » à Hachem et Le remercier pour tous Ses bienfaits. Elle écoutait aussi sa mamie me téléphoner, moi, l’arrière-grand-mère, et me demander comment je me sentais.
Un jour, elle dormit plus longtemps et manqua ce rituel quotidien. « Mamie, demanda-t-elle, toute étonnée, as-tu dit bonjour à Hachem ? As-tu appelé ta maman pour savoir comment elle se sent ? ». Nous, les adultes, ne devons-nous pas faire preuve d’intelligence autant que cet enfant de trois ans ? D.ieu est notre ami bien-aimé qui subvient à tous nos besoins. Ne devons-nous pas nous relier à Lui ?
Si notre « ami bien-aimé » nous envoie des défis, ne devons-nous pas lever les yeux au Ciel et invoquer : « Mon D.ieu bien-aimé, je sais que Tu m’envoies un message, mais guide-moi, indique-moi la voie. Donne-moi un éclairage pour que je sache où me tourner. »
Ne devons-nous pas épancher notre cœur vers Lui lorsqu’Il s’adresse à nous et Lui répondre ?
Certaines familles ne savent pas communiquer. Elles ne savent pas échanger des choses sensées entre elles. De même, lorsque nous nous contentons de marmonner à D.ieu, c’est le signe du début d’une dégradation dans notre relation à Hachem.
Réalisons constamment que nous sommes debout en prière devant le Roi des rois, notre Ami Bien-aimé, notre Père Bien aimant. Nous pouvons demander l’impossible, car Il peut tout. En Sa présence, nous pouvons pleurer de manière incontrôlable. Il peut transformer nos larmes en brillants joyaux qui embelliront notre vie. Si nous accourons vers Lui, Il nous embrassera et guérira nos plaies.
Le terme hébraïque pour la prière est "Téfila", qui signifie aussi jugement de soi. La prière nous invite à scruter nos âmes, à nous juger - c’est comme entrer dans un spa spirituel dont on sort revitalisé et revigoré.
La prière nous demande de nous attacher à D.ieu ; en effet, c’est la mission de chaque Juif. Mais comment devons-nous nous attacher à D.ieu ? La réponse est simple. Il nous faut suivre l’exemple d’un jeune enfant cramponné à sa mère, qui la tient fortement. Il ne laisse pas sa maman hors de sa vue même un instant. S’il lui arrivait de la perdre de vue, il se mettrait à pleurer jusqu’à ce qu’il la retrouve. Voici ce qu’est l’attachement à D.ieu. C’est la prière authentique.
Nous devons parler à D.ieu, pas une seule fois, mais souvent, jour et nuit, dans notre esprit et notre cœur. Si nous nous cramponnons à Lui, nous ne serons jamais seuls. D.ieu marche constamment avec nous. Même dans l’obscurité dense. Même sur les routes douloureuses et hasardeuses.
N’oublions jamais cet appel : « Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Tu seras avec moi » (Psaume 23).
Même dans l’obscurité la plus horrible, D.ieu nous conduira vers des routes où le soleil brille toujours et la joie emplit nos cœurs. Et tout ceci peut advenir par la prière.
Dans ce cas, devons-nous nous abstenir de prier ? De saisir notre livre de prière ? De tourner nos yeux vers le Ciel ? Pourquoi ne pas modifier le cours de l’histoire, le cours de toute l’humanité ? La prière peut tout faire.