Voici le troisième d’une série de témoignages personnels que j’ai publié sur le thème de la Hachga’ha Pratit, la Providence Divine. J’ai choisi ces histoires parmi une série de lettres arrivées sur mon bureau, car chacune d’entre elles reflète un défi différent.
Dans toutes ces histoires, dans chaque aspect de notre vie, la Hachga’ha Pratit, la main de D.ieu est évidente. Il nous suffit d’ouvrir les yeux pour voir. Et surtout, toutes ces histoires témoignent que la meilleure thérapie, le meilleur tranquillisant, le meilleur antidépresseur ne peuvent garantir ce qu’une simple et tenace Emouna, la foi en notre Père céleste, peut accomplir.
Dans chaque aspect de notre vie, la Providence d’Hachem est évidente, et si nous ne vivions pas dans une société frénétique sous haute tension qui crée des blocages dans notre cœur et notre esprit, nous en serions tous conscients. Mais dans la configuration actuelle, le bruit et le tapage de notre vingt-et-unième siècle nous font courir si vite que nous ignorons qui nous sommes. Aveuglés, nous avançons et nous écrions dans le vide, dans l’obscurité dense de la nuit.
Pendant la fête de Pessa’h, lorsque nous relatons le récit du Séder, nous évoquons l’intervention de D.ieu dans notre vie, au plan personnel et national. C’est D.ieu qui nous a permis de nous libérer des chaines de l’Egypte et d’avancer vers le Sinaï. Hélas, nous ne voyons plus et n’entendons plus la Voix de D.ieu nous murmurer et nous inciter à poursuivre dans notre voie. Nous sommes des citoyens du 21ème siècle. Nos vies sont complexes… nous n’avons pas le temps, il nous faut continuer à courir, et même si, par hasard, nous entendions ce murmure Divin, voyions cette Main Divine, le bruit continuel présent dans notre âme et notre cœur ne nous donne pas le temps de réfléchir ou de prendre en considération notre héritage, l’alliance scellée par nos soins au Sinaï. Nous continuons à courir à l’aveuglette, et il ne nous vient jamais à l’esprit que notre vie vaut plus, et que D.ieu nous soutient toujours, même dans nos moments les plus douloureux.
Dans mon article de la semaine dernière, je vous ai livré la lettre d’une mère dont la fille a souffert les souffrances les plus terribles. Trois jours avant son mariage, elle a reçu la terrible nouvelle de la rupture du mariage. Le futur marié avait décidé qu’il ne pouvait poursuivre la relation. Le choc, la douleur de toute la famille a été terrible, mais certainement celle qui a été le plus touchée était leur fille, la Kalla. La jeune fille innocente comptait les jours pour arriver au jour le plus important de sa vie, son mariage. Comment, se désolait la maman, sa fille pouvait-elle ramasser les morceaux ? Comment pouvait-elle avancer ? Mais ça ne s’arrêta pas là, voici la suite de la lettre.
« En dehors de ses souffrances personnelles, il fallait relever mille et un défis … Comment annoncer cette nouvelle cauchemardesque à notre famille, amis et connaissances ?… Comment informer plus de 350 invités qui avaient répondu présent et comptaient participer au mariage ? Il fallait également se charger d’annuler la salle de mariage, le traiteur, etc. etc. Des dépôts substantiels avaient été faits. Quelque chose pouvait-il être sauvé ? Quant à la robe de mariée, deux semaines plus tôt, ma fille avait fait son dernier essayage. Elle tournoyait joyeusement devant le miroir… Cette robe de mariée était désormais rangée soigneusement dans une armoire… Ma fille y jette un œil plusieurs fois par jour… Cette robe de mariée évoquait la joie et le bonheur, elle la faisait sourire, et elle en pleurait désormais de douleur. Ces petites choses sont devenues des symboles marquants de sa tristesse. Ajoutez aussi le défi d’affronter le regard des autres, d’entendre les colportages, les insinuations, les murmures… Avez-vous appris ?... Savez-vous ce qui s’est vraiment passé ? La pauvre - comment va-t-elle trouver désormais un bon Chiddoukh ?
De plus, le plus grand défi a été de protéger notre fille d’un effondrement total. Le cri provenant des profondeurs de son âme a été si douloureux que je ne pense pas pouvoir l’oublier un jour.
Comment ma fille pouvait-elle affronter ses amies ? Relever la tête ? Nous avons tenté de la rassurer… Nous l’avons emmené en séances de thérapie, mais personne, rien n’a réussi à la faire relever. Chaque jour, chaque nuit, quelles que soient nos occupations, le cauchemar reposait sur nous comme une ombre sinistre.
Notre jolie fille avait toujours été heureuse, chaleureuse, facile à vivre et souriante. Elle était désormais déprimée et ne désirait parler à personne. Il lui fallut du temps pour être prête à rencontrer de nouveaux partis, et nous découvrîmes ensuite ceci : une jeune fille avec un mariage rompu dans son CV avait peu d’options. Chaque fois que l’on voulait commencer un bon Chiddoukh, les parents du garçon répondaient : "Cette jeune fille n’est pas la bonne…", et c’était fini.
Ensuite, il y a environ deux ans, une femme m’appela, et, s’excusant pour le dérangement, m’expliqua que sa fille vivait la même expérience. Dans son cas, la rupture était intervenue quelques semaines avant le mariage, en quelque sorte mieux que pour nous.
"Cela fait presque un mois, m’expliquait cette femme, mais notre fille n’arrive pas à redevenir elle-même. Une de ses amies a pensé que cela pourrait aider si votre propre fille qui a vécu la même histoire affligeante, pouvait lui parler et la renforcer."
Pour être parfaitement honnête, lorsque je communiquai ce message à ma fille, elle fut assez hésitante. Elle avait réussi à enterrer cette douleur, et ne souhaitait pas la faire remonter à la surface, mais son âme juive et son sens de la bonté l’emporta et elle décida de tenter d’aider la jeune fille.
Voici maintenant le miracle incroyable, la manifestation de la Providence Divine. Le frère de cette jeune fille étudiait dans une Yéchiva à Jérusalem, et il rentrait pour Pessa’h. Il rencontra ma fille, et grâce à D.ieu, le reste appartient à l’histoire.
Aujourd’hui, ils sont mariés et forment un couple heureux, avec une petite fille de six mois. Quant à l’ex de ma fille, il s’est aussi marié, mais, malheureusement, il s’est avéré rapidement qu’il était psychiquement instable, et, aujourd’hui, il est divorcé. A chaque fois que j’y pense, je me sens petite face à l’étendue de la compassion Divine, la main de D.ieu qui nous a sauvés de souffrances encore plus grandes. Je vous livre cette histoire, vous êtes libre de la publier, nous devons uniquement nous armer d’Emouna, la foi, et le soleil se remet à briller. D.ieu ne nous abandonne jamais. Même dans l’obscurité la plus dense, lorsque nous nous sentons tous seuls, nous devons placer notre confiance en Lui et savoir que tous les événements ont une raison. Tout est pour notre bien, même si à l’origine, les raisons nous échappent. Nous sommes le peuple de D.ieu, nous avons confiance en Lui et dans Son soutien constant. »