Comment se fait-il que nous ne puissions pas être comptées en Minyan et pourquoi y a-t-il des objections aux groupes de prières de femmes ? J’ai reçu deux lettres sur ces questions liées aux femmes, en particulier au rôle des femmes dans la prière publique - la raison pour laquelle elles ne peuvent être comptées dans le Minyan. Voici ma réponse :
Chères amies,
Avant de répondre à vos questions, permettez-moi de vous mettre en garde :
1) Sachez que toutes les raisons que j’expose ici, en réponse à vos questions, ne sont pas irréfutables. 2) Ma rubrique n’est pas un forum de discussion halakhique - c’est le domaine de nos Rabbanim.
Comme je vous écris à la période de Pessa’h, je pense qu’il serait approprié de vous répondre par la réponse offerte par nos Sages au fils sage de la Haggada. Très souvent, on peut être défini par les questions que l’on pose. En quoi cet enfant de la Haggada était-il intelligent ? a) Par sa faculté à distinguer entre diverses Mitsvot et son discernement à reconnaître que D.ieu tout-puissant les a prescrites et b) alors qu’il recherché des informations les concernant, il s’est néanmoins attaché avec ténacité à leur pratique - restant inébranlable dans son engagement, même s’il ne les comprenait pas totalement.
La réponse offerte par la Haggada à l’enfant est assez étonnante. Au lieu de lui exposer les motifs des divers commandements, on nous recommande de l’initier aux lois de Pessa’h, notamment l’interdit de manger après la dernière consommation de l’Afikomane. L’Afikomane est le symbole de l’offrande pascale et il nous enseigne que le dernier « goût » que nous devons conserver est la conscience que nos Mitsvot sont des commandements divins et nous n’avons pas besoin de meilleure raison pour les observer que celle-là. C’est cette conscience qui donne un sens et un but à notre vie ; cette conscience qui fait de l’accomplissement des Mitsvot notre seule réalité. Nous pouvons certes avancer de nombreuses raisons aux pourquoi et comment de nos Mitsvot et traditions, mais au final, une seule raison suffit: nous pratiquons, car nous suivons les règles de notre sainte Torah. C’est aussi simple que cela. Si cela avait été laissé à notre discrétion, nous aurions certainement opté pour un dessert sucré pour conclure notre dîner du Séder, mais la Haggada nous rappelle que le dernier goût dans notre bouche doit être celui de la Matsa, des Mitsvot, de l’Afikomane. Ce concept renferme un monde de sagesse : une sagesse qui a permis à notre peuple de survivre au fil des siècles, peu importe les vents de l’époque, de la culture ou de la société, indépendamment de ce qui était en vogue ou plaisait à nos palais, nous sommes restés inébranlables dans notre adhésion aux commandements, dont nous n’avons pas dévié d’un iota.
J’écris cette préface avant de répondre à votre question pour comprendre que notre Méssora, notre tradition est sacrée. Elle nous a été léguée depuis des temps immémoriaux, et une seule réponse la décrit : c’est notre mode de vie conforme au divin. Vous pouvez bien sûr objecter : « Ne sommes-nous pas en droit de chercher des raisons aux commandements ? » Et « Ne serions-nous pas plus engagés si on nous donnait les raisons de leur observance ? »
Nous ne sommes pas opposés à la recherche d’un sens, tant que nous suivons l’exemple du fils sage qui reste fidèle à la pratique, tout en posant ses questions. Si notre observance devient sujette à nos préférences et logique personnelle, si nous devenons l’unique arbitre du caractère pertinent des Mitsvot, des traditions et rites, nous penseront être en droit de juger de leur validité et nous les écarterons lorsque nous jugerons qu’elles ne constituent plus une « source d’inspiration. » De ce fait, nos Sages nous mettent au défi : « Qui se trouve à un niveau supérieur ? Celui qui observe (les Mitsvot), parce qu’il y est obligé, ou celui qui y est conduit par les inclinations de son cœur ? »
De toute évidence, celui dont le service repose sur l’ordre de D.ieu se trouve à un niveau supérieur, car il soumet sa volonté, mais lorsque c’est la volonté de l’homme qui prévaut, en un rien de temps, notre héritage risque de s’évaporer. L’argument que vous avancez, selon lequel certains prétendent que puisque les femmes se trouvent dans le monde du travail, la dynamique de leur pratique juive doit également changer, ne tient pas la route. Notre manière de prier, le rôle de l’homme et de la femme sont ancrés dans la Torah et sont inchangeables. (Entre parenthèses, n’oublions pas que depuis toujours, les femmes juives ont été à l’avant-garde en matière de travail, un grand nombre d’entre elles ont soutenu leur mari pendant qu’ils étudiaient la Torah. Il n’y a rien de nouveau sur le concept des femmes qui travaillent). Cherchons du sens dans notre observance, mais cette recherche doit rester indépendante de notre engagement.
Nos Sages se sont beaucoup étendus sur les Taamé Hamitsvot - les motifs des Mitsvot. La traduction littérale du terme « Taam » n’est néanmoins pas « raison », mais « goût. » Afin de rendre l’observance des commandements plus attractive, plus précieuse à nos yeux, nos Sages nous ont renseigné sur les bénéfices accrus de les respecter, pour que nous en venions à les apprécier davantage. Mais une fois de plus, je souligne que ces raisons ne sont aucunement définitives. C’est comme une maman qui dit à son jeune enfant : « Goûte cette orange, mon chéri. Elle est juteuse et délicieuse - tu vas adorer. » Ce n’est pas la raison pour laquelle la maman tient à ce que son enfant mange l’orange. La véritable raison, c’est que l’orange est pleine de vitamines, elle est nourrissante et profitable pour l’enfant.
De même, lorsque nos sages exposent les Taamé Mitsvot, cela nous fait apprécier et désirer les nombreux plaisirs accrus pour ceux qui suivent un mode de vie conforme à la Torah, mais les véritables raisons de leur observance sont situées au-delà de l’entendement humain.
(A suivre)