La porte s’ouvrit brutalement et ‘Hanna s’engouffra à l’intérieur de la maison, le visage empourpré, incapable d’émettre le moindre son. « Que se passe-t-il ? » Demanda avec effroi son mari. « J’ai vu dans le jardin Rachel avec ses enfants. » « Et alors ? » Lui demanda-t-il, ne comprenant pas la raison de toute cette agitation.

‘Hanna s’enveloppa d’un chandail, prise de frissons. « Je ne peux contenir mon émotion,  dit-elle d’une voix empreinte d’enthousiasme. C’est la Rachel qui a été hospitalisée si longtemps ! Nous avons tous prié pour sa guérison ; je pensais déjà qu’elle ne recouvrerait pas la santé. Et soudain, imagine-toi, la voici devant moi, semblant en pleine forme, Baroukh Hachem ! Je n’ai pas pu cacher mon émotion… »

***

En plein milieu du déjeuner, alors qu’il s’apprêtait à mettre une nouvelle cuillère de soupe dans la bouche, il se souvint subitement d’une nouvelle intéressante : « Jeremie, ma ‘Havrouta, est rentré hier de Londres. »

Sa femme s’étonna du calme qu’il avait affiché en rapportant cette information. Elle suivit, les yeux écarquillés, la course de la cuillère de l’assiette à sa bouche.

« Jeremie ? Celui dont tout le monde a parlé lorsqu’il est parti subitement ?! Demanda-t-elle de nouveau afin d'être sûre de comprendre, il est revenu ? ! »

« Oui, dit-il en poursuivant son repas tranquillement, il est revenu. Je lui ai dit "Baroukh haba" et nous nous sommes mis à étudier avec le même plaisir qu’auparavant. »

***

Le repas qu’elle avait préparé était délicieux. Il était manifeste qu’elle s’était donné beaucoup de mal ! L’escalope était fine et bien pannée. Le riz était parfaitement assaisonné. Il eut l’impression qu’elle avait revivifié son corps affamé. Quelle chance de posséder ce petit coin de paradis dans le monde. Quelle chance d’avoir quelqu’un qui pensait à lui et qui le choyait en lui préparant de bons petits repas… Si ce n’avait pas été le cas, comment aurait-il pu continuer sa route et assumer ses nombreuses responsabilités ?

Ces réflexions, il les garde pour lui tout en feuilletant le journal, en espérant qu’elle lise dans ses pensées… car il n’a pas la force de parler ce soir.

Elle ne peut plus supporter son silence.

« La nourriture ne t’a pas plu ? Lui demanda-t-elle d’un ton vexé. Pourquoi es-tu assis silencieux comme au cours du repas précédent le jeûne de Ticha Be’Av ? » Ce n’est pas par cynisme qu’elle posa cette question, mais c’est sa soif de considération qui exigeait une réponse. « Si tu savais combien de peine je me suis donnée pour aplatir les escalopes et les rendre fines comme tu les aimes… Tout l’immeuble a tremblé… Combien je me suis appliquée pour que l'assaisonnement du riz soit parfait… Comme j'ai espéré que cela te plaise et te redonne des forces. Mais à présent, ton silence assourdissant me fait craindre que, peut-être, mes prières n’ont pas encore été exaucées… »

Il met aussitôt de côté le journal. Les nouvelles ne sont plus si intéressantes.

« Justement à l’instant, je pensais que j’ai de la chance d’avoir un coin si chaud dans le monde, un coin où l’on me gâte, un coin où l’on pense à moi et où l’on fait des efforts pour moi. On sent que le repas d’aujourd’hui a été préparé avec des prières… »

« Dommage que tes pensées ne parlent pas », conclut-elle avec meilleure humeur.

L’homme

L’homme éprouve plus de difficultés à exprimer ses sentiments. Ce n’est pas qu’il n’est pas sensible, mais il n’exprime pas ses sentiments avec la même intensité ou de la même façon que les femmes.

Des recherches ont montré que les hommes sont davantage sujets aux maladies cardiaques en raison d’une accumulation d’émotions, car ils n’expriment pas suffisamment leurs sentiments.

Le cœur n’est pas un entrepôt et ses possibilités d’emmagasinage sont limitées.

La femme

Les femmes, en général, expriment leurs sentiments et sont capables de les expliciter et d’y revenir à plusieurs reprises avec la même ardeur. Elles ne les gardent pas habituellement au fond du cœur. Elles ont tendance à pleurer et à rire facilement. Chaque expérience cause chez la femme une intense émotion.        

Solution

Il vous faut comprendre votre mari lorsqu’il ne s’émeut pas de la même manière que vous et ne pas penser qu’il est indifférent.

Vous devez savoir que lorsque le lien sera fort et que vous aurez gagné sa confiance, il aura le désir et même parviendra à vous faire partager davantage sa vie intérieure.

Expliquez-lui combien le fait de vous révéler ses émotions vous renforce et lorsqu’il s’exprime avec peu de mots, considérez cela comme une forme d’expression. Parfois, c’est par un comportement gentil ou par un petit cadeau qu’il vous montrera l’estime dans laquelle il vous tient.

Lorsqu’il vous fait part de ses émotions à propos de certaines questions, cela peut parfois vous paraître comme une faiblesse. Écoutez-le avec empathie, « faites place » à ses sentiments et ne témoignez surtout pas de dédain ; toute marque de mépris de votre part est susceptible de l’amener à battre en retraite et à s’isoler. Vous aurez manqué une occasion et c’est dommage ! Ne brisez pas le bon esprit dont il fait preuve et ne le poussez pas à rebrousser chemin et à quitter l’endroit où il était parvenu après avoir peiné pour améliorer ses Midot, fruits de votre vie commune.

L’expression des sentiments est un outil merveilleux afin de calmer les esprits et renforcer les relations. Rien ne vous empêche de lui dire, avec le maximum de douceur, que lorsqu’il s’épanche auprès de vous, c’est pour vous une source de vitalité et, que par nature, vous prenez plaisir à partager ses sensations.

Apprenez peu à peu son langage et ne vous offensez de sa manière d’exprimer ses sentiments.