L’âge du monde fait l’objet (à priori) d’une contradiction entre la science qui statue 15 milliards d’années et le calendrier juif qui énonce 5779 ans.
Plusieurs approches ont été proposées parmi les Sages et les scientifiques pour résoudre la controverse. Nous allons développer l’une d’entre elles.
Les moyens de mesurer le monde
Depuis les années 1940, le moyen le plus utilisé pour mesurer les fossiles datant d’environ trente mille ans est le carbone 14. Le carbone 14 est produit par les rayons cosmiques qui percutent les atomes d’azote au sommet de l’atmosphère terrestre. La validité de la datation du carbone 14 repose sur le fait que l’intensité du rayonnement cosmique n’était guère différente dans le passé que ce qu’elle est aujourd’hui. De nos jours, nous avons des preuves que le rayonnement cosmique n’a pas toujours été constant. C’est pourquoi la datation du carbone 14 laisse place au doute au sein de la communauté scientifique.
Cependant, d’autres techniques existent indépendantes du rayonnement cosmique, comme la désintégration de l’uranium en thorium qui permettent de dater les fossiles de quelques dizaines de milliers d’années.
La NASA évalue l’âge de l’univers à environ 14 milliards d’années (13,7 milliards plus exactement). Norbert Przybilla de l’Université de Erlangen-Nuremberg conduisit une recherche en posant un télescope Keck 2 de dix mètres de long sur le Mauna Kea (Hawaï) et découvrit que le chiffre alors publié par la NASA était potentiellement erroné de 15% (Arxiv.org/astro-ph/060279). La valeur admise aujourd’hui est que le monde est approximativement vieux de 15 milliards d’années.
Comment ces états de fait coïncident-ils avec l’âge exprimé par la Torah ?
Le temps de la création
Le Livre des Psaumes, écrit il y a plus de 2900 ans, exprime l’idée que le temps tel qu’il est dépeint dans la Bible n’est pas le même que celui que nous connaissons aujourd’hui. En effet, le verset dit « Mille ans sont à Tes yeux comme la journée d’hier – quand elle est passée comme une veille de nuit » (90, 4).
Le Ramban (Nahmanide) dans son commentaire sur l’Exode (21, 2) et sur Lévitique (25, 2) affirme que les six jours de la Création « contiennent tous les secrets et tous les âges de l’Univers ».
Plus tard, le Rav Eliyahou Dessler dans le célèbre Mikhtav Mé-Eliahou 2eme tome, p. 151 (en hébreu) développera les propos du Ramban : « Dans son sens profond, le « jour » de la Création recèle un autre sens… ce n’est que pour nous (les êtres créés) que le récit de la Création a été écrit sous la forme d’une durée de six jours… Chacune de ces journées est une Création en soi, distincte des autres. Il est donc clair que les six jours de la Création consistent en six forces, en six dévoilements distincts, au cours desquels les cieux et la Terre se sont formés. »
Le calendrier juif ne débute pas, comme on aurait pu s’y attendre, par l’évènement de la Création du Monde, mais par la naissance d’Adam le premier Homme (Genèse 1:27). Le décompte du temps qui nous amène aujourd’hui à l’année 5779 est le temps écoulé par les générations d’individus qui ont succédé à Adam, le premier Homme. C’est-à-dire que les six jours de la Création sans Adam, ont été exclus de notre calendrier.
Pourquoi les six jours premiers ne figurent pas dans notre calendrier ?
La raison en est la suivante : l’écoulement du temps après les six jours de la Création du Monde (depuis la naissance du premier Homme), n’est pas le même que pendant les six jours de la Création (comme l’a exprimé le Rav Dessler). Dès l’apparition de l’humanité, la manière de compter change radicalement, elle est liée à des évènements terrestres, Adam et Eve vécurent 130 ans et mirent au monde Seth (Genèse 4, 25 ; 5, 3). Seth vécut 105 ans et engendra Enoch (Genèse 5, 6). La durée du temps est désormais telle que nous la connaissons.
De plus, il est impossible de prétendre que ces six premiers jours s’inscrivent dans une perspective de temps terrestre car, pendant les deux premiers jours, la Terre n’existait pas, ainsi qu’il est écrit « et la Terre était informe… » (Genèse 1, 2).
Comment six jours peuvent-ils contenir les âges de l’Univers ?
Cette hypothèse réclame de nous une compréhension plus profonde de la notion du temps, c’est Albert Einstein qui nous la fournit.
La relativité du temps
En 1915, Einstein révéla sa théorie sur la relativité du temps, il dévoila un fait extraordinaire et tout à fait anormal : la rapidité avec laquelle le temps passe n’est pas identique dans tous les endroits. Les changements de gravité ou de vitesse de déplacement modifient le rythme avec lequel notre temps s’écoule. Au début, cet aspect de la nature fut qualifié de théorie de la relativité mais au cours des dernières décennies, la relativité du temps fut approuvée comme une loi de la nature avérée. On parle aujourd’hui de la loi de la relativité du temps.
La loi de la relativité du temps nous enseigne que le temps, dans un système où le champ de gravité est élevé, ou bien qui se déplace à une grande vitesse, s’écoule en fait plus lentement que dans un endroit où le champ de gravité ou la vitesse sont faibles. Cela s’appelle la dilatation du temps.
Si nous pouvions nous tenir dans une frontière d’espace-temps où la gravité et la vitesse sont plus denses et regarder vers l’autre côté, vers un espace où la gravité et la vitesse sont plus faibles, nous pourrions considérer que le temps ne s’écoule pas de la même manière suivant notre point de référence.
Il a été mesuré par exemple (grâce aux fréquences du rayonnement lumineux qui constituent le mécanisme de l’horloge de l’Univers) qu’au cours d’une année terrestre, les horloges solaires indiqueraient un an moins soixante-sept secondes. En effet, la gravité de la surface du soleil est trente fois supérieure à celle de la Terre.
La longueur des ondes de lumière du soleil est supérieure de 2,12 millionièmes à celles des ondes similaires générées sur terre. Cet étirement des longueurs d’onde lumineuse signifie que le rythme avec lequel elles nous atteignent est ralenti de 2,12 millionièmes. Cette diminution de la fréquence lumineuse sert à mesurer le ralentissement du temps. Tous les millions de secondes, l’horloge du soleil perd 2,12 secondes par rapport à nos horloges terrestres, ce qui correspond à 67 secondes par an.
Si bien qu’il existe une multitude d’âges de notre Univers, chacun étant juste en fonction de l’endroit où la mesure a été prise, cela dépend du point de repère qu’on lui assigne.
Quel serait le résultat si on calculait l’âge du monde en prenant pour point de référence l’univers tout entier ?
L’horloge cosmique
L’horloge biblique se met en marche dès la création de la matière. Le temps de la Bible ne s’écoule non pas entre des lieux particuliers mais entre des moments dans l’Univers. Juste après la Création (le Big Bang d’après les scientifiques), l’Univers était un plasma chaud et dense dont l’énergie était presque identique partout. Au fur et à mesure de l'expansion et du refroidissement de l’Univers, chaque localisation vit sa gravité et sa vitesse évoluer de manière considérablement différente, ce qui entraîna une distinction de l’écoulement du temps propre de chacun endroit.
Cependant, il existe une source de rayonnement cosmique qui est présente depuis la création de l’Univers. C’est le débris de radiation émis par l’effet de la création (Big Bang). Ce fond diffus cosmologique emplit tout l’univers sans rapport avec une source particulière. C’est le CMBR, abréviation de « Cosmic Microwave Background Radiation », découvert par Arno Penzias et Robert Wilson en 1965. Cette fréquence CMBR constitue la base du temps propre cosmique, l’horloge biblique de la Genèse.
L’expansion universelle de l’Espace affecte la perception de l’écoulement du temps tel qu’il est calculé par l’horloge cosmique universelle. Les périodes de l’Univers sont classées en fonction du facteur d’expansion, c’est-à-dire le rapport entre la longueur d’onde étirée du rayonnement telle qu’elle est observée, et la longueur d’onde non étirée telle qu’elle est émise.
Suite à la création de la matière par l’énergie émise par le Big Bang - E=MC2 -, le temps se dilate plus lentement au sein des localités à l’intérieur de l’Univers. Cette transformation d’énergie en matière stable eut lieu environ 0,00001 seconde après le Big Bang. L’Univers était alors approximativement mille milliards de fois plus petit et plus chaud que ce qu’il est aujourd’hui. (S. Weinberg, « Life in the Universe » Scientific American, Oct. 1994)
Lorsque la grande aiguille de cette horloge cosmique tourne d’une minute, nous vivons sur Terre – mille milliards de minutes. Pour connaître le temps cosmique, nous devons diviser le temps terrestre par mille milliards. En termes de jour et d’années et de millénaires, cet étirement de la perception du temps cosmique par un facteur de mille milliards conduit à diviser les quinze milliards d’années par mille milliards, ce qui les réduit précisément à six jours ! (Pr Gerald L. Schroeder, « La science de D. » p. 83, ed. Téhila)
La validité de l’approche temps cosmique par rapport au temps terrestre a reçu l’approbation aussi bien des revues scientifiques Nature (n° 342,23 en 1989) que de l’American Journal of Physics (n° 52,2 en 1990).
En résumé
L’écoulement du temps est relatif suivant le point de référence choisi. Il existe plusieurs points de référence qui définissent un écoulement différent du temps. Cependant, il existe un temps qui n’a pas de référence à un autre point, c’est le temps cosmique, le CMBR, ce temps existe depuis la Création de l’Univers. La Torah a choisi ce temps-là pour évaluer les six jours de la Création jusqu’à l’apparition d’Adam, un temps n’ayant pas pour référence la Terre, qui ne sera d’ailleurs créée qu’ultérieurement. Dès lors que l’âme humaine fut créée par D.ieu, le temps se voit défini par la vie des êtres humains. Ainsi, notre calendrier « terrestre » ne débute qu’à partir de la naissance d’Adam le premier Homme.