C’est comment un empire qui s’effondre ?
Ça fait du bruit ?
Ça tombe dans un fracas assourdissant, ou ça explose comme un obus lançant au loin ses éclats ?
Ou alors ça implose ? Comme l’URSS en 1991, lorsque Mikhaïl Gorbatchev réformait le communisme pur et dur de Brejnev, et qu'il le dégonflait comme une baudruche.
Nos Textes Saints, dans les sections que l’on vient de lire, racontent déjà la chute des civilisations en 4 mots, ciblant avec une remarquable concision leur essence.
Le soleil se couche soudain et une torpeur saisit Abram, alors pas encore “Avraham”. L’instant terrible de la prophétie est décrit par 4 mots : une “…terreur, obscure, grande, tombe sur lui.” (Genèse 15:12). Nos commentateurs font correspondre chaque terme à un exil : La Babylonie - terreur -, la Perse - obscure -, la Grèce - grande -, et enfin Edom - tombe -. La dernière civilisation, celle-la même que nous traversons, l’Occident, comme une matière épaisse et dense, vaseuse, tombe littéralement sur le Patriarche qui, effrayé, n’en voit pas la fin. Trop longue, trop tentaculaire, trop séduisante, absorbant toutes les autres cultures, elle donne l’illusion d'être éternelle et qu’elle ne sera jamais remplacée.
De quoi meurt une civilisation ?
Certains historiens vous diront que la fin d’un empire est précipitée par des facteurs exogènes, comme les calamités naturelles, les pandémies, les agressions militaires. C’est la théorie de l’assassinat, où une société meurt de facteurs externes qui la sapent et finalement l’anéantissent.
D’autres soutiennent - et c’est la théorie du suicide - que c’est une maladie interne, comme la décadence morale, une incompétence de gestion économique et sociale, des crises financières… qui minera le monde. C’est la mort par suicide. L'académicien René Grousset est formel : c’est l’usure interne qui l’emporte sur les perturbations climatiques et les conflits armés. Une civilisation se détruit de ses propres mains, et meurt par manque de clairvoyance, de courage, d’endurance, par une gestion erronée à plusieurs niveaux de sa propre dynamique de survie.
Et nous aurions ajouté : par manque de bonne foi à avouer son état de décomposition.
Apocalypse now
Car l’Occident trépasse déjà depuis 80 ans. Alors qu’en 1945, le monde découvrait ce que la nation phare de l’Europe avait conçu - avec la collaboration des populations environnantes -, à savoir la mise en place sur terre de la plus gigantesque machine à assassiner (on arrivait à 20 000 morts par jour à Auschwitz-Birkenau en 1943), les nations qui participèrent à ce meurtre collectif choisirent comme échappatoire le “di-vertissement”, c’est à dire littéralement de tourner la tête vers autre chose. La culpabilité était asphyxiante et l’humanité “civilisée” s’oublia alors dans la distraction, l’obscénité, la permissivité, la surconsommation, évitant de se regarder dans la glace et de faire un bilan honnête de sa faillite.
On opta pour les non-dits.
Cette plaie jamais soignée, purulente, douloureuse, fera boiter l’Europe jusqu'à aujourd'hui. Elle qui voulait se pavaner avec ses acquis humains, marche dorénavant sur une jambe gangrenée et continue inconsciemment à en vouloir aux Juifs, qui lui ont fait perdre ses illusions sur elle-même.
“Ils ne nous pardonneront jamais le mal qu’ils nous ont fait.”
Depuis, tout est Shoah. Le positionnement politique occidental systématiquement contre Israël, les réactions et soulèvements antisémites de toutes parts, où aujourd’hui, des pays européens condamnent Israël sur la place publique, lui préférant la barbarie des terroristes. Le fait qu’aucun journal français important n’ait parlé des 40 morts de nationalité française et des 8 otages - sauf “Le Parisien” qui 43 jours après le massacre, leur consacre sa “une” -, en dit long sur le rapport de la République à ses Juifs.
Même cette piteuse “Marche Blanche » contre la guerre et ses violences, dimanche 19 novembre, grande foire du nivellement des valeurs, de la mise en parallèle honteuse et malicieuse entre les atrocités du 7 octobre et la riposte plus que légitime d'Israël, est écœurante. Qui a donc fixé son étrange trajectoire, de l’Institut du monde arabe jusqu'au Musée de l'art et de l'histoire du judaïsme ? Qui a osé y parler de guerres “fratricides” mettant au même niveau les éventreurs et leurs victimes ?
Edom, “le pieux”, dans cet itinéraire pervers, exhibe ses sabots fendus pour mieux cacher son fiel intérieur. Pour ceux de chez nous qui y ont participé, incapables de se positionner car trop étourdis par la vie parisienne, ce fut la marche du n’importe quoi, de l’ineptie et de la confusion.
Mon Papy est un singe
Une société dont les assises sont caduques a forcément déjà en elle les germes de sa fin, cela prendra un siècle, deux, pas plus. Lorsqu’en 1859, Charles Robert Darwin révolutionnait les sciences et la biologie nous collant un ancêtre-animal, la théorie plut immédiatement, car on se trouvait plutôt bien avec un papy singe.
Nous devenions une forme évoluée, sophistiquée, polie par le temps, (faut bien avoir fait quelque chose pendant quelques millions d’années) du primate, et remontant plus haut encore, notre arrière-arrière-grand-mère serait l'amibe. Pour la première fois dans l'histoire d’une civilisation, l’homme n'aura plus de comptes à rendre à personne, et complètement affranchi de son humanité, de son “à l'image de D.ieu”, il se dévêtira de toute responsabilité morale. Et qu’importe si jamais on ne trouva le chaînon manquant des espèces, comme ces girafes intermédiaires, paléontologiques, dont le cou commencerait à s'allonger, l'hypothèse était trop séduisante pour ne pas la faire sienne.
Les nations conservent une "religion", mais en décorum, en vitrine, vidée d'une dimension spirituelle, servant uniquement à rendre viables les rapports sociaux.
L'échelle de Ya'acov
Ya'acov Avinou, dans un songe prophétique (Vayétsé) comme son grand-père, voit les divers exils se succéder sous forme d’anges montant et descendant sur une échelle. Le dernier monte si haut qu'il disparaît sans redescendre. Et Ya'acov apeuré demande à l'Éternel si cet exil ”n’en finira donc jamais ?”
Le Saint Béni Soit-Il le rassure alors : ”Aussi haut montera-t-il, même jusqu’aux étoiles, Moi-même, Je le ferai tomber quand le temps viendra”. (Vayikra Raba, 29:2)
La promesse du Tout-Puissant est imminente.
Si en ce moment l’épicentre des événements mondiaux est en Israël, c’est parce que c'est ici et bientôt que les cartes vont être redistribuées et c’est Son peuple, qui Lui est resté fidèle à travers les millénaires, qui conduira l’humanité à sa nouvelle destination.
C’est une période de turbulences, car nous vivons la transition d’un ordre qui semblait immuable et dure depuis 2000 ans, vers une ère nouvelle, qui va nous sortir de la conception simiesque de l’Occident, pour celle, juive, reconnectée avec son étincelle Divine.
La civilisation Occidentale a déposé son bilan alors qu’elle se choisissait un ancêtre chimpanzé, et ouvrait ainsi la porte à toutes les exactions et à toutes les déviations.
Il faut maintenant nous préparer à faire de la place à la nouvelle Lumière.
Les rêves de Singes sont terminés.