Rav Avraham Assayag est un rabbin responsable de 8 établissements pénitentiaires au nord d’Israël. Il témoigne ainsi : “depuis le 7 octobre, on connaît un éveil sans précédent pour le judaïsme à la fois chez les prisonniers et chez les gardiens. Cela a débuté - à la demande de ces derniers - par des prières collectives organisées dans les prisons. Lorsque j’ai proposé à l'assistance que chacun prenne sur lui un petit engagement, les réactions furent enthousiastes. Certains ont même accepté de respecter le Chabbath, ce qui n’est pas évident surtout lorsqu’on fume 3 paquets de cigarettes par jour. Puis ils ont demandé à mettre les Téfilin et une file s’est formée pour accomplir cette Mitsva (plus de 1000 personnes). Parallèlement, ce sont 600 détenues qui ont allumé les bougies de Chabbath. Les prisonniers se sont proposés de nouer les Tsitsit destinés aux soldats de Tsahal, désirant ainsi contribuer à leur protection. Devant les écrans de télévision, on a délaissé les films et les matchs de foot pour regarder les discours de Rabbanim sur la chaîne de Hidabroot. Du jamais vu”, conclut le Rav Assayag.
Si partout ailleurs nous assistons aussi à un rapprochement au judaïsme, cet éveil possède, dans le cadre des prisons, un cachet particulier. En effet, toute personne libre qui ne se trouve pas sur le front a la possibilité de prendre part à la guerre de différentes façons : en envoyant des colis de nourriture et autres denrées pour les soldats, en faisant des dons, en étant active dans le corps médical ou dans les transports. En revanche, les prisonniers comme leurs gardiens ne peuvent rien faire de concret, vu qu’ils sont dans l’incapacité de quitter leur lieu de détention. Et eux aussi se demandent de quelle manière ils pourraient prendre part à l’effort de guerre. Ils réalisent alors que la seule possibilité qui leur est offerte est d’éveiller la Clémence divine, en se renforçant dans la Émouna et l’accomplissement des Mitsvot.
Mais réfléchissons à la situation actuelle d'Israël : face à ces défis, ne sommes-nous pas nous aussi des “prisonniers”, limités que nous sommes dans notre champ d’action et ne pouvant pas réellement accomplir ce qui s’impose ?
En effet, comment peut-on à la fois démanteler le ‘Hamas et obtenir parallèlement la libération de tous les otages ? Comment libérer des terroristes en sachant pertinemment qu'ils vont récidiver ? Comment éviter l’effusion de sang de jeunes soldats et en même temps assurer la paix et la sécurité de nos frontières ? Les dilemmes sont nombreux, auxquels se mêlent des pressions internationales dont il est difficile de ne pas tenir compte. N’oublions pas non plus qu’Israël se bat contre des barbares et des lâches qui n’hésitent pas à se protéger derrière femmes, malades et enfants de leur propre peuple en les utilisant comme boucliers. Du reste, les témoignages des premiers otages libérés parlent de violence physique et mentale, du manque total de sanitaires, de l’absence de matelas pour dormir, de repas quotidiens seulement constitués de pain et de concombres.
Nous sommes bien pieds et mains liés et sommes, nous aussi, dans l'incapacité de trouver les solutions qui permettraient de couvrir l'intérêt d'Israël sur tous ces plans, dans une réalité où chaque décision prise est telle du sel sur de la chair vive. À l’instar des prisonniers, nous nous tournons aussi tous vers D.ieu en sachant que ce n’est que grâce à Lui que le peuple juif obtiendra le salut, comme cela fut le cas tout au long de l’Histoire, face à nos ennemis se relayant à chaque génération.