1. Les lois régissant les rapports entre un homme et son prochain, c’est-à-dire le fait de s’efforcer de lui faire du bien et d’éviter de le faire souffrir, sont au fondement du judaïsme. Comme cela a été enseigné dans le Traité Yévamot, p.79/a, quand il est dit que l’empathie et la générosité sont les traits caractéristiques du peuple d'Israël.
2. Toutefois, bien que tous les Juifs sans exception veuillent faire du bien à leur prochain et éviter de le faire souffrir, ils sont hélas, pour la majorité d’entre eux, victimes de deux méprises les empêchant d’accomplir cette Mitsva. La première, c’est que lorsqu’une personne désire faire du bien à une autre et que, pour une raison ou une autre, elle en est empêchée, dans la plupart des cas, elle a le sentiment d’avoir fait des efforts pour rien et perd toute envie de poursuivre ce genre d’actions.
3. Or, il s’agit là d’une terrible méprise, comme le montre ce passage au début de la Paracha « Vayéra » où Avraham Avinou redouble d’efforts pour nourrir les anges. Dans le septième chapitre du Traité Baba Métsia, la Guémara enseigne en effet que par le mérite de cette action, Avraham Avinou a obtenu qu’en plus des autres faveurs dont ses descendants furent gratifiés, la manne tomberait du ciel durant les quarante années qu’ils passeraient dans le désert.
Avraham a donc reçu une incroyable récompense, puisque ce sont plusieurs millions de personnes qui ont bénéficié d’une manne miraculeuse descendant du ciel, d’un repas quotidien pendant quarante ans [et il ne s’agit pas de la seule récompense, il y a eu encore beaucoup d’autres formidables bienfaits]. Or justement, bien qu’il s’empressât de donner à manger aux anges, Avraham n’a pas à proprement parler fait du bien à son prochain puisque les anges n’ont pas besoin de se nourrir. Mais Avraham n’ayant pas tout de suite vu qu’il avait affaire à des anges a été jugé sur son intention de les nourrir. Et c’est en contrepartie de cette seule volonté d’avoir voulu faire du bien à son prochain qu’il reçut une si extraordinaire récompense !
4. Afin d’expliquer pourquoi, même lorsque notre volonté de faire du bien n’aboutit pas, nous en sommes malgré tout grandement récompensés, on pourrait avancer que l’essentiel, c’est la volonté de bien faire et les efforts qui accompagnent cette volonté.
Mais l’auteur du « ‘Hafets ‘Haïm » enseigne qu’il y a à cela une autre raison plus profonde. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, la Création a été ordonnée de telle sorte que les actions que nous effectuons ici-bas ont des influences directes sur les mondes supérieurs pendant que réciproquement, les mondes supérieurs conditionnent ce monde ici-bas. Ainsi, le « ‘Hafets ‘Haïm » écrit que dès lors qu’un Juif cherche à faire du ‘Héssed dans ce monde-ci, peu importe s’il a ou non atteint son but, il éveille qu’il en soit l’attribut du ‘Héssed présent dans les mondes supérieurs, provoquant ainsi des bienfaits extraordinaires pour l’ensemble du peuple d'Israël. Par conséquent, on ne trouvera jamais un homme qui s’efforce de faire du ‘Héssed et qui échoue !
Puisqu’au contraire, à partir du moment où l’on s’applique à faire du ‘Héssed, en actionnant l’attribut du ‘Héssed dans les mondes supérieurs, on accomplit quoi qu’il arrive du ‘Héssed !