Le Midrach relate que les jambes d’Avraham Avinou le poussaient à faire du ‘Hessed avec tous les passants, elles étaient initiées au ‘Hessed et avançaient d’elles-mêmes, comme un esprit indépendant. Les jambes du roi David le conduisaient au Beth Hamidrach, même s’il projetait de se consacrer aux affaires du royaume. Les sages ésotériques nous apprennent que les jambes de l’homme le conduisent parfois - que D.ieu préserve - vers un lieu où l’attend l’ange de la mort. Il y a peu de temps, un ami m’a raconté l’histoire d’une proche de sa famille qui avait fui son village du Nord du pays, lors de la seconde guerre du Liban, vers le Canada, un pays lointain et tranquille. Elle pensait que là-bas, au Canada, on vivait bien plus en sécurité, sans missiles, ni Katiouchot, ni alarmes. Lors d’un vol intérieur au Canada, son avion a été pris dans un tourbillon en raison d’une défaillance technique, et elle a trouvé la mort au côté de dizaines d’autres passagers, ses jambes l’avaient conduit vers le lieu de sa mort.
* * *
L’histoire suivante m’a été relatée par un jeune chauffeur de taxi sympathique qui m’a appelé un soir tard dans la nuit, et, pour notre histoire, appelons-le Chmoulik. Un jour, quelqu’un avait laissé un journal sur le siège arrière de son taxi, et il commença à lire une histoire extraite d’un supplément du journal. « J’ai été tellement enflammé par l’histoire que j’ai lue, que j’ai ressenti un fort désir de te raconter mon histoire de Hachga’ha Pratit, d’intervention divine, pour que d’autres puissent en profiter… Cette histoire concerne mes jambes… », m’explique Chmoulik.
Mon cher chauffeur de taxi, un homme marié âgé de 28 ans, traditionaliste, se trouve la plupart de la journée sur les routes de Jérusalem. Etre chauffeur de taxi, c’est être toujours en stress, c’est la course incessante pour trouver des clients, pour remplir le portefeuille, et une concentration maximale sur la route pour éviter les problèmes majeurs, les piétons imprudents et les chauffeurs irresponsables.
« Un travail éreintant et parfois frustrant, parfois, tu remplis bien la caisse, puis un policier arrive et te donne un PV pour avoir emprunté une dérivation illégale, pour avoir franchi une ligne blanche, et il t’ôte le pain de la bouche. Les passagers ne sont pas toujours faciles. Que D.ieu préserve, la grande majorité paie généreusement et me remercie sincèrement, mais il y a aussi des escrocs qui disparaissent du taxi sans payer. Ok, mais de temps en temps, il y a une « friandise ». De quelle friandise s’agit-il ? Un voyage vers une ville éloignée, pour un bon tarif. Un voyage sur une route large et déserte, sans bouchons, sirènes ni nerfs, avec un client sympathique qui te régale de propos de Torah. Il y a environ un mois, je me trouvais à un carrefour au centre-ville. C’était le matin, tout était bouché, on klaxonnait, il y avait des policiers, c’était animé. Soudain, quelqu’un frappa à ma vitre.
Un Juif ‘Harédi me fit signe de lui ouvrir la fenêtre, je m’exécutai, puis il me dit : "Pourrais-tu me conduire à ‘Haïfa ?". Mon visage fatigué et sombre se transforma en soleil brillant et souriant. ‘Haïfa ? Le matin ? Ce n’est pas une friandise, c’est une immense glace avec une cerise sur le dessus. J’informe Tsa’hi Azoulay, notre standardiste, que dans les trois heures suivantes, on ne me cherche pas, car je suis en route pour ‘Haïfa. C’est un plaisir, ce Rav Lévy, un vrai plaisir. Ce Juif est sympathique, le soleil brille, les oiseaux piaillent, je peux mettre 300 shékels dans mon portefeuille, et qui sait, peut-être trouverais-je un client pour le trajet de ‘Haïfa à Jérusalem. Une telle bénédiction pour un chauffeur de taxi n’a pas lieu tous les jours. On arrive à ‘Haïfa, le Juif paie, me quitte avec amitié, et disparaît. J’ai soif, je cherche une épicerie. Très bien, au coin d’une petite rue, se trouve "l’épicerie d’Ibgui", j’y entre, attrape une cannette de Coca-Cola, paie et entre dans le taxi. Sur un parapet en pierre devant moi, je remarque un avis de décès de taille moyenne :
"C’est avec une profonde tristesse et une lourde peine que nous annonçons le décès de notre grand-mère, mère et sœur Chochana ‘Hanna, fille de Sarah Ra’hmaninov, que la paix soit sur elle."
Je mets le moteur en route en direction du Sud. Je ne m’éloigne pas de plus de 200 mètres, et ce nom, Chochana ‘Hanna, ne me quitte pas. Qui est Chochana ‘Hanna… Je n’ai jamais connu de femme portant ce nom-là. Je n’ai jamais entendu ce nom de famille Ra’hmaninov. J’avale la dernière gorgée de la cannette, et fais un demi-tour de 360 degrés de retour vers l’épicerie. J’observe à nouveau longuement cet avis de décès… Ce nom ne me dit rien. Apparemment, j’ai des imaginations, je suis en colère contre moi-même, je n’ai pas de famille à ‘Haïfa, ni d’amis, et je connais à peine cette ville, et ce quartier ici, je le connais à peine… Je conduis encore 500 mètres, et mes pieds appuient sur les pédales involontairement.
Vers où ? De retour vers l’épicerie, vers la même notice nécrologique. Mes yeux observent l’adresse inscrite au bas de la notice : "On observe la semaine de deuil dans la maison de la défunte, au 39, rue Yam Souf". Mon cœur me dit : "Chmoulik, il se peut que tu sois un peu confus, il se passe quelque chose, on dirait que l’atmosphère de ‘Haïfa, la grande ville portuaire, te donne un peu le vertige, mais rien de grave, Chmoulik, va faire une visite de condoléances, même si c’est inutile, ça ne peut pas faire de mal. Assieds-toi dix minutes avec la famille, garde le silence, regarde-les d’un regard triste, dis-leur : « Que le Ciel vous console », et tu reviens au taxi". Mon cœur me dit : "Chmoulik, Chmoulik, tu connais ce verset selon lequel il est bénéfique de se rendre dans une maison de deuil, plutôt que de se rendre à un mariage ou une autre occasion joyeuse. Pourquoi ? Pour que l’homme se souvienne de sa fin", c’est ce que mon cœur me dit, et le taxi avance rapidement selon les instructions du GPS en direction du 39 la rue Yam Souf.
J’arrive, et qu’est-ce que je vois ? Un immeuble vieux et simple, de deux étages seulement, d’il y a peut-être soixante ans. La peinture est écaillée, le jardin, négligé, je gare la voiture et réfléchis : un instant, qu’est-ce que je leur dis, aux endeuillés ? Ils vont me demander qui je suis ? Que suis-je censé leur répondre ? Je ne suis pas de la famille, je ne connais pas leur mère… Ils penseront par erreur que j’ai faim et que je suis venu manger quelques gâteaux et boire un verre de thé… Pendant que je réfléchis et hésite, je remarque deux jeunes hommes gravir lentement les marches et entrer dans l’appartement des endeuillés. Et, une fois de plus, mes jambes prennent le dessus, et avec une célérité indescriptible, me font sortir du taxi, que je ferme à clé, et je monte les escaliers avec eux vers la porte de l’appartement, qui était bien entendu ouverte. Ils sont entrés et je me suis assis à côté d’eux. Sur un matelas étaient assis trois fils, leur père, et deux frères de la défunte.
Dans la pièce à côté se trouvaient deux filles et la sœur de la défunte. L’une des petites-filles plaça devant nous, sur la table en verre du salon, un plateau avec des tasses de thé brûlant et beaucoup de tranches de gâteau. Les jeunes hommes à côté de moi bavardent agréablement avec les endeuillés, et je compris rapidement qu’ils étaient de bons amis de l’un des fils. Pendant ce temps, je remarquai que les endeuillés me lançaient des regards interrogateurs, m’observaient et se demandaient : « Qui est cet homme ? On ne le connaît pas »…
Je ne sais pas, Kvod Harav, si vous connaissez ce sentiment, tu pries pour que la terre t’engloutisse, qu’un vent survienne et te fasse voler le plus loin possible. Je priai pour que la conversation entre les jeunes hommes venus offrir leurs condoléances ne s’achève pas, pour m’épargner la honte et les bégaiements, le moment où je cherche mes mots…
Deuxième partie
« Que vous soyez consolés du Ciel », déclarai-je aux endeuillés et me levai pour partir. « Attends un instant, bois une tasse de thé, fais une bénédiction sur le gâteau », me demanda l’un des fils de la défunte, le plus jeune, qui devait avoir 25 ans, et dans le même souffle, il me demanda : « Tu as connu ma mère ? ».
Je me tus pendant trois secondes, qui me semblèrent une éternité, puis répondis : « Non, non, je ne l’ai pas connue. » De nombreuses personnes me lancèrent un regard interrogateur, on me dévisageait, ils se demandaient : « Que fait cet homme ici ? ». Que vais-je leur répondre ?... Il n’y a pas le choix, décidai-je, je suis obligé de dire la vérité.
« Je m’appelle Chemouel Benguil, répondis-je, je suis chauffeur de taxi de la société Cha’ar Hagaï à Jérusalem… Il y a une demi-heure, je suis arrivé à ‘Haïfa avec un voyageur de Jérusalem, il est descendu non loin d’ici, je suis ensuite entré dans une épicerie pour acheter quelque chose, et là, sur un parapet en pierre, j’ai remarqué l’avis de décès de votre mère Chochana ‘Hanna fille de Sarah… Je n’ai aucune idée pourquoi, mais mes jambes m’ont conduit jusqu’ici. Le taxi a refusé de revenir à Jérusalem. Vous me croirez ou non, mon cœur et mon bon penchant m’ont convaincu : "Chmoulik, si tu ressens un besoin intérieur de consoler des endeuillés, alors vas-y, l’accomplissement d’une Mitsva n’apporte que des bénéfices…". C’est la raison de ma venue, grâce à D.ieu, nous sommes tous des Juifs croyants et je m’associe réellement à votre douleur de la mort de votre maman, votre épouse, et puissiez-vous ne plus connaître de douleur et de détresse… »
« Béni sois-tu, me bénit le jeune fils avec un sourire bienveillant, mais si déjà tu es venu jusqu’ici, je vais te parler de notre mère. Nos parents ont aussi habité dans leur jeunesse à Jérusalem, et ont déménagé à ‘Haïfa il y a 25 ans, plus ou moins. Ma mère, que la paix soit sur elle, était une mère au foyer simple, qui a beaucoup travaillé dans le ménage de maisons et de villas, elle était discrète et pointilleuse sur l’accueil des invités avec un visage bienveillant. Mais rien de bien nouveau ici, beaucoup de femmes sont pudiques et diligentes. Mais notre mère avait une « folie » particulière : deux ou trois fois par semaine, aux heures de l’après-midi, elle voyageait pour réjouir de jeunes enfants victimes d’accidents de la route. Parfois à l’hôpital Schneider, parfois à l’hôpital Rambam ou Hadassa, elle apportait des cadeaux et des friandises qu’elle leur distribuait, les caressait, et les bénissait avec un cœur empli d’espoir et d’amour. Elle pouvait s’asseoir de longues heures à côté du lit d’un bébé blessé et lire des Psaumes pour sa guérison, sans connaître la famille. Plus d’une fois, elle nous a dit : "Ces enfants-là appartiennent à tout le peuple juif, ils sont comme mes fils, et c’est beaucoup grâce à eux que j’ai eu le mérite d’avoir de bons enfants et une harmonie conjugale… Je voudrais qu’eux aussi guérissent et méritent toutes ces bénédictions." Quelques fois, nous l’avons accompagnée pour cette sainte mission. Elle encourageait par des propos chaleureux les mamans inquiètes : "D.ieu va vous aider, D.ieu va aider, il va guérir, j’y crois, nous avons déjà vu des miracles." Son innocence conquérait les cœurs. Il y a quelques mois, ses jambes l’ont conduite vers un institut d’enfants souffrant de lourds handicaps, elle commença à traverser au passage piéton, puis un conducteur imprudent venu d’un tournant la blessa. Elle perdit connaissance et fut alitée, inanimée jusqu’à sa mort la veille de Chabbath. » Le fils avait achevé son récit.
Je ressentis une joie intérieure d’avoir eu le privilège d’être venu consoler la famille Ra’hmaninov qui avait une mère Tsadékèt qui intercédait certainement en faveur du peuple juif, car c’était une femme d’une bonté exceptionnelle. Je les quittai et rentrai chez moi, à Jérusalem, plongé dans les pensées du mérite particulier dont j’avais bénéficié… Mais pourquoi ?, me demandai-je. Je n’étais jamais entré dans une maison dont je ne connais pas la famille, et encore moins dans une maison de deuil. Et à nouveau, ne me demandez pas pourquoi, avant d’arriver à Jérusalem, je décidai de rendre visite à mon père, veuf depuis de longues années, un homme sage et intègre qui vit à Beth Chémech chez l’une de mes sœurs.
J’entrai à la maison, papa était assis sur la terrasse et tenait en main un Sidour, je lui serrai chaleureusement la main, et il m’enlaça. Ma sœur posa deux tasses de thé sur la petite table. Je ressentis un besoin ardent de relater à mon père qui j’avais consolé et ce que j’avais entendu… Mon père est un homme droit, vertueux et animé de crainte du Ciel, il a toujours des conseils, des remarques judicieuses et des formules adaptées à chaque situation.
« Alors, tu m’entends papa, le taxi m’a conduit vers un petit appartement d’une famille sympathique dans un petit quartier de ‘Haïfa, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu l’impulsion de les consoler. Leur mère… est décédée quelques mois après avoir été blessée dans un accident de voiture… C’était une femme de ‘Hessed qui s’est dévouée pour les enfants blessés dans les accidents de voiture. »
Papa me regarda avec ses yeux sages et expérimentés et me répondit : « Les jambes de l’homme le conduisent là où il doit arriver. Parfois - que D.ieu préserve -, elles le conduisent vers l’ange de la mort, parfois vers un lieu où il trouvera un bon gagne-pain, parfois c’est une dette cachée qu’il faut rendre, parfois un Tikoun (réparation) divin qu’un Juif doit réparer. Il n’y a pas de hasard, les jambes accomplissent une mission fidèle, mon fils, très fidèle… »
Je restai assis à côté de papa encore vingt minutes. Les tasses de thé se vidèrent et le soleil hivernal commença à tomber. J’allumai le moteur et me mis en route en direction de Jérusalem. Soudain, mon téléphone sonna. En ligne Tsa’hi Azoulay, le standardiste. « Où tu es, Chmoulik ? Cela fait plusieurs heures que je n’ai pas de tes nouvelles… Il y a en ligne quelqu’un qui te cherche d’urgence… Il est de ‘Haïfa. Il s’appelle Ra’hamim Ra’hmaminov, je lui donne ton numéro et il va te parler. Il a l’air très ému. »
« Bonjour Chmoulik, c’est Ra’hamim Ra’hamninov, le mari de Chochana ‘Hanna. Tu étais chez nous il y a quelques heures pour présenter tes condoléances. J’aimerais te poser une petite question, est-ce qu’un jour, tu as été blessé dans un accident de voiture ? »
Ma respiration se bloqua, Rav Lévy… En tant qu’excellent conducteur de taxi, je n’ai jamais eu d’accident, mais notre famille a vécu une terrible tragédie il y a 27 ans. Nous avons grandi orphelins. Je suis le plus jeune fils de mes parents. Ma mère, Rivka, a été tuée dans un accident avec délit de fuite… J’étais alors un bébé et elle se promenait avec moi dans la poussette. Maman fut tuée sur le coup et la poussette vola - avec moi dedans - à une distance de 20-30 mètres, dans un fossé profond du côté de la route. L’accident a eu lieu sur une route étroite qui sépare deux quartiers. Maman était venue rendre visite à une tante âgée et avançait innocemment sur le côté de la route. Pendant de longs mois - me relate mon père -, je reçus des soins jusqu’à ce que je recouvre la santé.
« Oui, M. Ra’hamim, lorsque j’étais bébé, j’ai été blessé dans un accident de la circulation, ma mère est décédée dans cet accident. Pourquoi m’avez-vous posé cette question ? »
Ra’hamim se tut quelques instants et je sentis qu’il cherchait ses mots. « Écoute, Chmoulik, nous ne nous connaissons pas, mais j’ai l’impression que ce n’est pas innocent que tu sois venu chez nous à ‘Haïfa. Il y a 27 ans environ, nous habitions dans un petit quartier de Jérusalem. Mon jeune fils, Ya’acov, t’a raconté la « folie » de mon épouse de réjouir les enfants victimes d’accidents de la circulation… C’était vraiment l’œuvre de sa vie… C’est pourquoi je te demande… Dis-moi Chmoulik, ton père t’a-t-il raconté où s’était déroulé l’accident dans lequel ta mère a été tuée ? »
« Oui, sur la route étroite entre les quartiers de Névé Ya’acov-Oz et le quartier de Marganiot. C’était à l’heure du crépuscule. Un accident avec délit de fuite… »
Ra’hamim prit une profonde inspiration, et me dit presque dans un murmure : « Chmoulik, que D.ieu te protège, mais je crois que mon épouse est celle qui t’a sauvé d’une mort certaine. Sur cette route, à l’époque dont tu m’as parlé, elle a vu cette scène terrible. Une femme en sang sur la route, inanimée, et quelque part, une poussette de bébé. Son cœur lui a dit qu’il y avait certainement un bébé blessé, elle a accouru dans cette direction, et a aperçu un bébé blessé à la tête dont le sang coulait, elle a sorti de son sac une serviette et a pansé sa tête et son cou. De longues minutes plus tard seulement une voiture est passée sur les lieux et a prévenu les secours de l’accident. Ma femme confia l’enfant au médecin et pria pour son rétablissement… "Madame, lui dit le médecin, vous avez sauvé la vie du bébé, s’il avait perdu encore un demi-litre de sang, malheur à lui…"
En rentrant à la maison, elle parla de la mère et du bébé et ne parvint pas à se calmer. Elle me demanda de déménager, car cette route lui rappelait une tragédie, du sang et de la tristesse. "Mais que faisais-tu là-bas sur cette route étroite ?, lui ai-je demandé, tu prends toujours le bus, c’est une distance d’au moins deux kilomètres ?" "Je ne sais pas, me répondit-elle, mes jambes m’ont conduit là-bas… apparemment pour sauver le bébé". Et à compter de ce jour-là et jusqu’au jour de sa mort, elle se consacra à réjouir des enfants victimes d’accidents de la route... Il me semble Chmoulik, que tes jambes t’ont conduit à notre maison à ‘Haïfa, pour que tu nous consoles, et cette consolation n’est rien d’autre qu’un geste de gratitude de ta part, pour mon épouse qui t’a sauvé, elle a été une émissaire fidèle pour te garder en vie, jusqu’à cent vingt ans. »
Rav Lévy, j’ai arrêté le taxi, mon cœur battait à la chamade. Oui, lorsque j’avais observé l’avis de décès, Chochana ‘Hanna bat Sarah, ma conscience n’en savait rien, mais comme l’a fait remarquer mon père : il y a une dette ou un secret à chaque étape où nos jambes nous conduisent…
Petite remarque derrière cette histoire
Les fils supérieurs
« Les choses cachées appartiennent à D.ieu, mais les choses révélées importent à nous. »
L’homme déambule dans le monde de son Créateur avec beaucoup d’étonnement et de questions, et accomplit parfois des gestes illogiques et inexplicables. Pourquoi ? Car les choses cachées ne nous sont pas destinées, elles nous sont profondément dissimulées dans les coffres les plus cachés du Créateur du monde, et sont gérées avec des formules et des calculs que notre cerveau ne peut concevoir.
« Tu as reçu un privilège, Chmoulik, le Saint béni soit-Il t’a ouvert une lucarne sur Sa conduite, pour t’enseigner que les jambes de l’homme avancent, dirigées par les fils supérieurs de notre Créateur », ai-je dit au chauffeur de taxi, et je me suis hâté d’éterniser cette histoire de peur qu’elle ne se dissipe dans les pensées du temps.