Le libre arbitre existe-t-il ? Dans quel but a-t-il été créé ?
L’enjeu du libre arbitre
Les philosophes ont longtemps débattu sur la question de l’existence du libre arbitre depuis Socrate à Platon jusqu’à Spinoza et Kant.
Cette question est déterminante pour l’homme. S’il est maître de ses choix ou s’il en est esclave n’implique pas les mêmes conséquences.
Il en va de la définition de l’être lui-même, de l’expression de sa volonté pure, mais aussi de la responsabilité morale qui lui incombe envers la société.
Nier l’existence du libre arbitre c’est s’affranchir des obligations morales vis-à-vis d’autrui. C’est ne plus répondre de ses actes puisque contraint par eux. Si bien que ceux qui ont voulu s’extraire du joug de la faute et du délit ont souvent déclaré être les victimes de leur penchant.
Mais sans libre arbitre il n’y a pas non plus de place pour les desseins divins, car il ne peut y avoir ni de rétribution pour ses actes vertueux, puisqu’ils sont inévitables, ni de châtiment pour ses fautes puisqu’elles sont forcées.
Beaucoup parmi les philosophes ont admis l’existence du libre arbitre, se manifestant par le sentiment instinctif de l’homme à faire ses propres choix. L’homme pour la plupart de ses choix ressent qu’il n’est pas forcé. Au contraire, ses décisions représentent en général, l’expression de sa volonté. Il pouvait ne pas faire ce choix ou faire autrement.
Ceux qui disent que le libre arbitre n’existe pas
D’autres ont déclaré que l’homme était contraint par sa nature et les circonstances causales. Ce sont les déterministes.
Leur règle est simple : chaque fois que des sollicitations identiques seront en action sur un être, il sera contraint d’y répondre de la façon prévue.
Parmi les plus célèbres adeptes, B. Spinoza qui prétendit que lorsque deux stimuli opposés d’intensité identique s’exercent sur un individu, cet individu demeure figé sans pouvoir de décider. Il rapporte dans son livre, le fameux paradoxe de l’âne de Buridan. Cette fable compte l’histoire d’un âne qui avait autant faim que soif. Se trouvant devant un seau contenant de l’avoine et un autre seau contenant de l’eau, il mourut faute de pouvoir choisir lequel il désirait le plus.
Dilemme poussé à l’absurde, dépeignant l’impuissance de l’homme à être souverain de sa volonté.
Le déterminisme causal se fonde sur le matérialisme, ainsi que le déclare Thomas Hobs. Evidemment pour prétendre que l’homme n’a pas de volonté propre, il est impératif, qu’il n’ait pas d’âme. Le déterminisme causal implique que les conjonctions du passé et des lois de la nature convergent vers un futur unique. Les résolutions de demain étant soumises aux résultats d’hier, le déterminisme implique une temporalité indispensable ce qui est contraire au propre de l’âme dont la particularité est divine, ce qui signifie qu’elle n’est pas soumise aux circonstances du temps.
De l’absurdité rationnelle à la contradiction du libre arbitre
En réalité comme le soulignent de nombreux penseurs, le déterminisme s’oppose à la raison elle-même.
En effet, une courte démonstration rationnelle démontrera l’erreur de cette théorie. Établissons d’abord que certains êtres agissent sans aucun jugement, comme la pierre qui tombe vers le bas, tandis que d’autres êtres agissent d’après un certain jugement, mais qui n’est pas libre, comme les animaux.
Une brebis qui juge qu’il faut fuir à l’approche d’un loup le fait par contrainte naturelle. Elle n’est pas libre de faire autrement, elle ne juge pas la situation par un rassemblement de données mais par un instinct naturel. Il en est ainsi de tous les jugements des animaux.
Mais l’homme, lui agit d’après un jugement, c’est au travers de sa capacité d’analyse et de connaissance qu’il juge s’il faut fuir quelque chose ou le poursuivre. Cependant, ce jugement n’est pas l’effet d’un instinct naturel s’appliquant à une action particulière mais un rapprochement de données opéré par la raison, c’est pourquoi il est tenu de penser que l’homme agit d’une manière libre.
De fait, dans le domaine du contingent, la raison peut suivre des directions opposées, comme on le voit dans les syllogismes dialectiques et les arguments de la rhétorique.
Or, les actions particulières sont contingentes ; par suite, le jugement rationnel qui porte sur elles peut aller dans un sens ou dans l’autre, et n’est pas déterminé par une seule chose. En conséquence, il est nécessaire que l’homme ait le libre arbitre, par le fait même qu’il soit doué de raison. (Voir Thomas d’Aquin, Somme théologique)
P. de Munnynck écrit : “La volonté est la fonction active qui suit l’enrichissement intellectuel d’une personne humaine ; elle n’opère que pour un motif connu. Lorsque nous sommes obligés de choisir un terme d’une alternative à l’exclusion d’une autre, alors qu’aucune raison du choix n’apparait, nous nous abandonnons simplement à quelque automatisme congénital ou acquis ; la volonté n’y joue qu’un rôle passif. C’est au contraire lorsque nous savons pleinement pourquoi nous agissons que la question de la liberté peut se poser.”
Il dit que le fait même de se poser la question du libre arbitre est l’expression du libre arbitre, car sans lui l’homme n’a pas de réflexion propre sur son être.
Plus encore, celui qui déclarerait que le libre arbitre n’existe pas, dirait en somme qu’il est contraint de penser ainsi, et donc qu’il n’a jamais proprement pensé ainsi !
Tous ces philosophes et penseurs qui estiment que le libre arbitre n’existe pas et qu’ils sont contraints de faire ce qu’ils font, de dire ce qu’ils disent et de penser ce qu’ils pensent témoignent eux-mêmes leur ignorance car ils déclarent ne pas être maîtres de leur déclaration. Donc ils n’ont jamais réfléchi à la question. Ils disent ne rien dire.
Mais plus encore avec l’avènement de la physique quantique et la théorie de Werner Heisnberg sur “le principe d’indétermination” plus connu sous le nom de principe d’incertitude de Heinsberg, dans laquelle il apparaît que même au niveau de la matière dite “inerte” il est impossible de prédéfinir la trajectoire des molécules, le déterminisme se voit totalement révolu. Comme l’a dit Einstein “avec l’échec de la physique de Newton, le déterminisme causal à fait faillite” (Nature – 26/03/1927)
Avec le recensement de millions de cas de morts cliniques où la médecine constate indubitablement l’existence de la vie après la mort, donc de l’âme, la théorie matérialiste qui est le fondement du matérialisme se voit annihiler sans l’ombre d’un doute.
La célèbre psychiatre Elisabeth Kubbler-Ross étudie le sujet depuis de longues années. Elle raconte qu’après vingt années de recherche : “Je sais, sans l’ombre d’un doute, que la vie continue après la mort physique…”
Le Dr Raymond A. Moody, médecin spécialiste en psychiatrie et licencié de philosophie de l’Université de Virginie rapporte dans son livre “la vie après la vie” le témoignage de centaines de gens qui ont « vécu la mort » détaillant avec exactitude, dans les moindres détails tout ce qui se tramait dans la salle d’opération et même dans l’hôpital dans des pièces dans lesquels ils n’étaient pas, alors qu’ils étaient déclarés cliniquement mort.
L’âme existe bel et bien et elle n’est pas assujettie aux contraintes du temps, si bien qu’un événement antérieur ne peut pas planifier pour elle une réaction ultérieure. Il n’y a donc rien qui la cantonne à une systématique absolue.
Le but du libre arbitre
C’est en définissant sa nature que nous saurons quel est son but.
L’action du libre arbitre est déterminée par le choix entre le bon (=l’agréable) et le bien (=le juste). Lorsque l’homme se trouve devant un choix et et qu’il l’exerce dans l’option qui lui est agréable, il n’exerce pas (forcément) sa capacité de choix à proprement dit. En effet, son choix peut être provoqué par le stimulus d’une certaine réaction qui s’inscrit préalablement dans son “envie” intime. On dit alors qu’il est “poussé par son envie”. Son choix n’est pas dénué d’une tendance plus ou moins forte.
Le choix dans ce cas se résume à ne pas manger la glace qui se tient devant lui ou pas ; mais là aussi, la raison de ne pas céder à la tentation est due (si elle n’est pas d’ordre moral) au choix contraire encore plus attirant : ne pas prendre du poids par exemple – une autre envie.
Là où la volonté pure de l’homme s’exerce vraiment par son libre arbitre, c’est dans les questions de morale, dénuées d’intérêt personnel.
Faire du bien aux dépens du bon (c’est-à-dire lorsque le choix ne procure pas de plaisir, pas même spirituel), là est l’expression ultime du libre arbitre de l’homme, un choix dénué d’intérêt inscrit en l’homme. Un choix libre.
Évidemment la corrélation du libre choix est variable en fonction du désintérêt par rapport à l’intérêt, c’est-à-dire que plus il y a de liberté dans le choix par rapport à l’instinct mêlé plus le choix est défini comme étant à connotation plus pure (notion de « Lichma » dans les textes).
Pour conclure
C’est parce que le libre arbitre a trait à la morale et au bien absolu (ce même d’une manière graduelle) qu’il a la capacité de grandir l’homme qui « s’en sert », le rendant semblable à son Créateur. A Son image.
L’exercice du libre arbitre permet à l’homme de s’identifier au Maître du monde méritant ainsi Sa proximité, réalisant par là le but ultime de la création.