On était au beau milieu de l’année 5764 (2004) quand une nouvelle eut l’effet d’une bombe : les perruques fabriquées à base de cheveux naturels proviendraient d’offrandes idolâtres. Peu de temps après, un comité d’enquête spécial composé de Rabbanim se rendit en Extrême-Orient. A son retour, il confirmait la véracité de ces dires : dans ces contrées, les femmes se coupent les cheveux en tant qu’offrande idolâtre, après quoi les prêtres les vendent à des producteurs de perruques.

Le Rav Elyashiv analysa longuement la question et trancha qu’au vu des données du moment, un doute planait sur toutes les perruques composées de cheveux naturels et qu’il était interdit de les porter de crainte qu’elles soient issues de telles pratiques.

A peine le Psak du Gadol avait-il été émis qu’une vision des plus remarquables s’offrait à la vue dans tous les quartiers religieux : des milliers de femmes étaient momentanément passées du port de la perruque à celui du foulard, en attendant qu’une solution soit trouvée. Quel Kiddouch Hachem ! A chaque coin de rue, des feux de camp spontanés étaient organisés pour brûler les perruques – on appliquait à la lettre les Mitsvot « tu extirperas le mal du milieu de toi »[1] et « que rien du ’Hérem ne s’attache à ta main »[2].

Une enseignante du célèbre séminaire Wolf apparut, dès les premiers jours de la tourmente, coiffée d’un foulard. Du fait que son mari, un Talmid ’Hakham, était impliqué dans cette question, dès qu’ils entendirent que le Rav Elyashiv penchait pour interdire les perruques de cheveux naturels, ils se hâtèrent de retirer cet objet aux relents idolâtres de chez eux. Face à ses élèves, l’enseignante ne se priva pas par ailleurs de revenir sur les détails de l’affaire qui avait causé ce changement soudain.

Lorsqu’elle eut terminé ses explications sur la gravité de cet interdit et l’importance de se tenir à l’écart de l’idolâtrie, une élève se leva soudain etretira la perruque qu’elle portait. Tous découvrirent alors qu’elle était chauve.

« Cela fait plus d’un an que je subis des traitements extrêmement difficiles et pénibles, entre autres par radiothérapie, et je m’étais mise à porter la perruque pour le cacher et ne pas causer de tort à ma famille dans les Chiddoukhim, expliqua la jeune fille en larmes. Mais si cela pose peut-être un problème d’idolâtrie, je préfère subir une humiliation que de porter la perruque… » C’est ainsi qu’elle passa le reste de la journée la tête nue –une calvitie criantle mal dont elle souffrait.

Cette anecdote parvint à l’époque jusqu’à Rabbi ’Haïm, qui, vivement ému, s’écria : « Je suis certain que par ce mérite, elle guérira entièrement, avec l’aide de D.ieu. »

Un an plus tard, le père de la jeune fille vint convier le Rav Kanievsky au mariage de sa fille…


[1]Dévarim (13:6).

[2]Ibid. (13:18).