Dans les œuvres de Rabbi Ya’akov Abi’hssira se trouvent des commentaires, des réflexions et des enseignements moraux sur le thème de la prière, qui constituent autant de trésors pour un service divin magnifié. En voici trois.
Orientation de la pensée au cours de la prière
Nous savons que l’essentiel, en matière de prière, réside dans le cœur, comme il est dit : "Si vous écoutez Mes commandements que Je vous prescris en ce jour, d’aimer l’Éternel votre D.ieu et de Le servir de tout votre cœur…" (Dévarim 11, 13). Nos maîtres posent la question suivante : "Quel est donc le service qui dépend du cœur ? C’est la prière !" (Ta’anit 2a). L’intention du cœur est en effet requise, au moment de la prière. Et si l’homme n’orientait pas son esprit au moment où il prie, se contentant d’articuler extérieurement les mots à réciter, tandis que le cœur serait absent, sa prière ne serait pas agréée. La prière est appelée "paroles qui se tiennent au sommet du monde" (Brakhot 6b). La raison de cette appellation est que la prière consiste en paroles, et que ces paroles s’élèvent au firmament et agissent, élevant la Chékhina, la Présence divine, toujours plus haut. Or il ne convient pas que cette action soit accomplie sans une convenable orientation du cœur.
C’est à ce propos que le verset dit : "Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils Me prélèvent une offrande (Térouma, offrande élevée)" (Chémot 25, 2). Cette offrande est la prière, œuvre du cœur même, ce à quoi fait allusion la suite du verset : "de la part de tout homme que son cœur y portera", ce qui se réfère à toute personne qui oriente convenablement son esprit pendant la prière. D’une telle personne, poursuit le verset, "vous recueillerez mon offrande", c’est-à-dire : vous tiendrez pour recevable la prière qui M’est adressée. Mais la prière de celui qui n’oriente pas vers Moi son cœur, et se contente de prononcer les mots extérieurement, ne saurait être agréée.
"כָּל מֵאֵת תְּרוּמָה ילִ וְיִקְחוּ", "Et qu’ils prélèvent une offrande pour Moi, de la part de tout [homme]" : les initiales de ces mots forment le mot "מַלְכוּת", Malkhout, royauté ; allusion au fait que, par la prière, s’élève et se magnifie la royauté du Ciel, qui est la Présence divine. (Pitou’hé ‘Hotam sur Térouma)
La confiance en D.ieu facilite la pureté de la pensée pendant la prière
Il convient de méditer sur le fait que toutes les pensées qui agitent l’homme, quant à ses affaires terrestres et à son commerce, ne lui servent à rien, car tout est entre les mains de D.ieu comme l’écrit la Torah : "Tu te souviendras de l’Éternel ton D.ieu, car c’est Lui qui te donne la force d’acquérir la richesse" (Dévarim 8, 18), ce qu’Onkelos traduit : "car c’est Lui qui te donne conseil pour acheter des biens." De même, nos maîtres enseignent : "Enfants, longévité et nourriture : ce n’est pas du mérite que cela dépend, mais de la prédestination (Mazal)" (Mo’ed Katan 28a). Dès lors, puisque la subsistance de l’homme dépend de la main de l’Éternel à quoi lui servent ses pensées ? Ce qu’a décrété D.ieu lui parviendra ! Si l’on médite constamment cette idée que tout est entre les mains de D.ieu, on n’en viendra pas à entretenir des pensées nombreuses relatives au monde et à ses affaires ; dès lors, vient le salut, car à l’heure de la prière, la pensée se trouvera pure et disponible pour le seul service de D.ieu.
Telle est bien l’intention du roi Chlomo, quand il dit : "Remets tes œuvres à l’Éternel, et tes pensées seront affermies." (Michlé 16, 3) En d’autres termes, remets entre les mains de l’Éternel toutes les œuvres que tu voudrais accomplir, œuvres relevant des domaines et affaires de ce monde, et sache que tel est l’essentiel : ce que fera l’Éternel, c’est ce qui adviendra ; à cela, il n’y a rien à ajouter ni à retrancher. Alors, "tes pensées seront affermies", car, par cela, ta pensée se trouvera disponible à l’heure de la prière.
Quand l’homme place sa confiance en D.ieu et sait qu’Il veille sur lui et le sustente, alors le Saint béni soit-Il le prend en miséricorde en retour, et lui impartit sa subsistance, comme il est dit : "Remets ton fardeau à l’Éternel, et Lui te nourrira" (Téhilim 55, 23). Cela signifie que, lorsque tu confieras ton fardeau à l’Éternel et que tu seras confiant dans le fait qu’Il te nourrit et te sustente, alors "Il te nourrira". Par conséquent, puisque tout est entre les mains de D.ieu et que les pensées de l’homme ne sauraient être utiles ni salvatrices, qu’a-t-on à faire de cette peine ? Pourquoi multiplier ses cogitations, ajouter à ses inquiétudes, en particulier au moment de prier ? (Guinzé Hamélekh, Tikoun Hatéchouva)
Les patriarches se portent défenseurs de ceux qui prient de façon concentrée
Nos Sages enseignent au traité Brakhot 26a : "Les prières furent instituées par les patriarches." Par conséquent, le mérite des patriarches, qui les instituèrent, vient nécessairement en aide à celui qui a soin d’accomplir ses prières en leur temps. Et quand une personne peine afin de comprendre le sens exact des prières – pour que sa prière soit intègre devant D.ieu –, les patriarches plaident en sa faveur, et demandent au Saint béni soit-Il miséricorde à son endroit, afin qu’Il lui ouvre les portes de la sagesse ; de telle sorte que cette personne comprenne l’intériorité de la chose en toute vérité.
Le verset dit à ce propos : "Des Anciens (que sont Avraham, Its’hak et Ya’akov), je tirerai compréhension" (Téhilim 119, 100). En d’autres termes, par le biais des patriarches, me viendra la sagesse de comprendre les secrets de la Torah. La raison en est donnée par la suite du verset : "car je garde Tes préceptes". Autrement dit, j’ai préservé avec le plus grand soin "Tes préceptes", que sont les prières. Et puisque ce sont les patriarches qui instituèrent les trois offices quotidiens, leur mérite m’assiste dès lors que je pratique scrupuleusement ces prières. Ainsi, ils demanderont miséricorde en ma faveur, afin que ma prière soit agréée, et que ma demande soit exaucée. (Alef Bina 40)
Merci aux institutions Echel Avraham de Ramla.