A la fin de son cours hebdomadaire après Chabbath, Rav Ovadia Yossef descendait les marches de la synagogue quand un juif, qui semblait avoir opéré depuis peu son retour aux sources, l’aborda et lui embrassa la main.
Il lui demanda : « Le Rav pourrait-il écrire quelques mots à l’attention de ma femme, pour lui dire qu’il est interdit de posséder une télévision à la maison ? C’est un sujet de tensions importantes entre nous qui risque de mettre en péril la paix dans notre couple. »
Le Rav lui répondit : « Je viens immédiatement chez vous pour lui expliquer que posséder cet appareil tamé est interdit. C’est un instrument qui abime et détruit l’âme des enfants et de tous les membres de la maison. »
L’homme lui dit : « Cela me gêne que le Rav se dérange, en particulier à une heure si tardive. Le Rav pourrait se contenter d’écrire une petite lettre, c’est suffisant. » Mais Rav Ovadia Yossef s’obstina : « C’est inutile. Je viens tout de suite et avec l’aide de D.ieu, j’espère la convaincre ! » L’homme accepta et ajouta : « S’il en est ainsi, je vais avertir ma femme que le Rav va venir demain. Quelle heure convient au Rav ? » Cependant, le Rav réitéra sa volonté de venir immédiatement : « Il est interdit d’attendre jusqu’à demain. Où habitez-vous ? » « Dans le quartier de Ramot à Jerusalem », répondit l’homme. « Venez, mettons-nous en route rapidement », décida le Rav.
Le mari téléphona à sa femme et l’avertit de la venue du Rav : « C’est un grand honneur et une bénédiction pour notre maison. » La femme s’en réjouit et, en attendant, prépara l’accueil de cet invité prestigieux. A leur arrivée, le Rav s’installa avec le couple. Il commença à dire des paroles de Moussar, à expliquer combien cet instrument détestable s’appropriait et détruisait tout ce qu’il y a de bon dans les foyers juifs, que D.ieu nous en préserve.
« Par conséquent, ayez pitié de l’âme de votre mari, de la vôtre et celle de vos fils et de vos filles ! » Le Rav parlait à travers des larmes et sur un ton suppliant. La femme en fut émue et commença également à pleurer.
Bouleversée, elle dit : « Si le Rav a pris la peine de venir chez nous, même à une heure si tardive, c’est un signe qu’il s’agit de quelque chose de la plus grande gravité. Avec l’aide de D.ieu, dès demain j’enlève cet instrument impur de la maison. » Le Rav dit : « Pas demain, maintenant ! Si une Mitsva se présente, ne la repousse pas, ont dit nos Sages. Je veux voir cela de mes propres yeux. »
Le mari et la personne qui accompagnait le Rav portèrent ensemble l’appareil et le descendirent du troisième étage. Le Rav les suivait. En chemin, dans les escaliers, l’appareil reçut un coup. L’un dit à l’autre : « Fais attention ! » Le Rav dit en plaisantant : « Il est écrit : "Frapper, tu frapperas", frappe-le en chemin et frappe-le, arrivé en bas. » Et il ajouta : « Cela mériterait même une bénédiction : « Béni soit celui qui a débarrassé la maison de cette idole. » Ils le réduisirent en miettes et une grande joie les envahit. Ce fut une vraie sanctification du nom de D.ieu.
Lorsqu’il remonta dans la voiture, le Rav déclara : « Vous avez vu comment on peut sauver une âme juive ? Avec dévouement et empressement. »
De maison en maison
Lorsque Rav Ovadia Yossef était Grand Rabbin d’Israël, il se rendit avec son ami, Rav Yaakov Betsalel Zolti, alors Grand Rabbin de Jérusalem, de maison en maison, dans le quartier Névé Yérouchalaïm. En toute humilité, ils essayaient de convaincre les gens de l’importance de la pureté familiale et de leur en enseigner les lois. Ils ne faisaient pas cas de leur honneur, de leurs efforts, ni de leur temps. Leur intention était de glorifier le nom de D.ieu. Leur seule aspiration était que de plus en plus de personnes Le respectent, Le servent, apprennent à Le connaître et à accomplir Ses préceptes en toute sincérité.
De même lorsque des éducateurs spécialisés, chargés de faire entrer les enfants juifs dans le système éducatif religieux, venaient prendre conseil auprès de lui, il leur disait : « S’il y a encore des enfants qui n’étudient pas dans des écoles religieuses et qui ont besoin d’être convaincus du bien-fondé de ce choix, je leur parlerai moi-même volontiers. »
Des parents récalcitrants
Une question arriva un jour sur le bureau de Rav Ovadia Yossef, au sujet d’un jeune homme qui était sur le point de se marier. Il avait fait Téchouva et étudiait brillamment à la Yéchiva. Ses parents, restés éloignés de la pratique des Mitsvot, s’opposaient à présent de façon virulente à son mariage et n’étaient pas disposés à l’aider financièrement, le laissant presque dénué de tout.
Rav Ovadia Yossef demanda aux parents de venir. Il s’assit longuement avec eux, il expliqua, essaya de gagner leur confiance, comme un père miséricordieux qui a pitié de son fils unique et ne veut que son bien, jusqu’à ce que les deux parties parvinssent à un accord et repartissent le sourire aux lèvres.
« La voiture roule ? »
Un jeune garçon étudiait dans un Talmud Torah à Jérusalem et réussissait dans ses études. Toutefois, son père, éloigné de la pratique des Mitsvot, menaça plusieurs fois le directeur de sa volonté de le retirer de cette école et de le placer dans une école non-religieuse. Sa mère, elle, était convaincue de la nécessité d’éduquer son fils dans un établissement religieux.
Le directeur se rendit chez Rav Ovadia Yossef et lui raconta qu’il avait usé de tous les moyens de persuasion mais le père s’entêtait dans sa décision. La vie spirituelle de cet enfant était menacée. Le Rav lui dit : « Mon chauffeur Avraham n’est pas là. Avez-vous une voiture ? » Le directeur répondit : « Oui, une vieille. » Le Rav reprit : « Elle roule ? » « Oui » fut la réponse. « Si oui, alors emmenez-moi tout de suite chez les parents ! » conclut-il. Il essaya alors d’influencer le père avec des mots justes, en particulier du bienfait qu’il retirera dans ce monde-ci et dans le monde à venir de laisser son fils dans cette école, jusqu’à le convaincre complètement.
Une vie tournée vers les autres...