« Comme pas mal de gens l’ont évoqué, la Téfila du Rav était vraiment magnifique : il n’y avait que lui et Hachem, pas que pendant les Yamim Noraïm, mais même la semaine, mot à mot. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais vu cela en semaine. De Hachem Mélèkh a Alénou Léchabéa’h mot à mot... Ce qu’il faut préciser est que la semaine, c’était le Rav lui-même qui faisait la Téfila, c’est-à-dire qu’il lisait à voix haute, mot à mot, puis quand il désignait un ‘Hazan, celui-ci récitait seulement le Kadich de Ychtaba’h, la Kédoucha et je pense que c’est tout.
Durant le Chabbath, très souvent, c’est le Rav qui lisait la Torah.
Il comprenait ce qu’il lisait, bien entendu, mais surtout, il le vivait. Ce n’est pas la même chose. Et c’était pareil durant toute les Téfilot.
Ce qui m’a marqué chez le Rav durant Ticha Béav, c’est qu’on sentait vraiment la destruction du Beth Hamikdach, au point que parfois, on trouvait cela long, c’est vrai… Mais aujourd’hui, je le constate, nous ne nous rendions pas compte de la chance que nous avons eue... Je crois que Mékor ‘Haïm était la seule synagogue qui finissait à 14h-15h à Ticha Béav. Le Rav était en train de pleurer à chaudes larmes, assis sur son matelas...
Le Chabbath chez Rav ‘Hamou était magnifique !
Ce qui m’a marqué, c’est que jusqu’à Ygdal, personne pouvait approcher le Rav car pour lui, la Téfila n’était pas finie encore et personne ne pouvait souhaiter Chabbath Chalom au Rav à ce moment-là !
Par contre, après Ygdal, il fallait voir toute la communauté faire la queue ! En général, il y avait deux queues pour dire Chabbath Chalom, et à ce fameux moment nous avions droit à notre chaleureuse salutation.
Le Rav profitait de ce moment pour prendre des nouvelles de chacun.
Il fallait bien attendre 5 bonnes minutes pour voir le Rav. Mais ce moment, chaleureux, tendre, gentil, souriant me marqua… Ce visage me marquera toute ma vie.
Avant Min’ha de Chabbath, il y avait cours sur les Halakhot de Chabbath (Michna Broura). Quelle patience pour expliquer, il prenait tout son temps !
Puis, quand quelqu’un ne comprenait pas, il arrêtait tout pour faire comprendre à la personne et tant que l’individu ne comprenait pas, il répétait : quelle pédagogie, quelle patience… Les enseignements du Rav me marqueront à vie.
Ce qui m’a marqué chez le Rav également est qu’il habitait loin de la synagogue car il tenait – et c’est tout est à son honneur – à avoir une maison avec laquelle on pouvait faire la Soucca, ce qui n’est pas évident en plein Paris. Le Rav avait une grande famille (que D.ieu les bénisse). Franchement, je n’ai jamais vu le Rav se plaindre d’habiter loin. Il était toujours présent même avant l’heure même quand il faisait très froid. Ni sa femme ni ses enfants ne se sont plaints, puis quand la synagogue a déménagé à rue Compans, c’était encore plus loin, et toujours pareil, le Rav ne se plaignait jamais. La communauté a toujours cherché une maison plus proche pour le Rav (car en plus de cela, le Rav n’avait pas de permis de conduire) mais quand la synagogue Mékor ‘Haïm a dû déménager, on a tous cherché car le Rav commençait à être fatigué et le trajet était plus long. Puis, baroukh Hachem, nous avons trouvé un grand appartement à la rue du Plateau et à la nouvelle synagogue, il y avait l’espace pour la Soucca.
Personnellement, je suis rentré trois fois au domicile du Rav. La première fois, je n’avais pas encore dix ans, mais jusqu’à aujourd’hui je m’en souviens. J’ai cette image de livres du sol au plafond, dans tous les sens. La deuxième fois que je suis rentré chez le Rav, c’était il y a dix ans environ durant la fête de Souccot. Le Rav aimait beaucoup mon père, souvent il lui disait « viens à la maison ». Mon père avait un peu honte, sans parler de ma mère ! et un beau jour mon père accepta. Et il me demande « tu veux venir avec moi ? », ce à quoi je lui réponds « bien sûr ! ». Sincèrement, je ne peux pas expliquer, mais j’ai eu l’impression de manger avec des anges du plus grand au plus petit, c’était magnifique. Quel Kavod on a reçu. Personnellement, c’était la première fois je me suis senti autant à l’aise chez quelqu’un. Durant tout le repas, le Rav disait : « fais comme chez toi, n’ai pas honte, mange, tu veux que je te serve… ». Madame ‘Hamou vérifiait que je me sois bien servi. Jusqu’à aujourd’hui, je crois que personne m’a reçu comme cela ! La troisième fois que je suis venu chez le Rav, c’était lors du déménagement pour la rue du Plateau il y a environ 5 ans si je ne me trompe pas. Je travaillais avec mon père à cette époque (mon père avait une entreprise de transport), il était en Israël et moi je me trouvais en France. Mon père m’a confié le déménagement du Rav.
Je l’ai fait de tout mon cœur sans rien faire payer au Rav, bien entendu, très fier d’accomplir cette magnifique Mitsva. Par ailleurs, à rue du Plateau, il n’y a pas trop d’espace pour décharger un camion, aussi j’ai dû louer un monte-meubles.
La Rabbanite et le Rav ont vu que c’était des frais en plus. Tout de suite, le Rav et la Rabbanite m’ont demandé combien ils me devaient. J’ai répondu « Jamais de la vie ! », j’ai fait cela avec mon cœur et franchement je pense que dans ma vie c’était la seule Mitsva de ‘Hessed que j’aurais fait auprès du Rav, lui qui nous a tant donné.
Lors de mon mariage, le Rav était dans le mois du décès de sa mère, et il est quand même venu à l’heure comme un simple invité. Il était assis tout au fond de la synagogue en train d’étudier pour attendre la ‘Houpa. Il a lu ma Kétouba, et a donné un Dvar Torah. Ma famille et moi-même étions très touchés.
A la naissance de mon premier enfant, mon père voulait faire absolument la Brit-Mila chez Rav ‘Hamou, c’était non négociable ! Mon père était le Sandak, puis j’ai donné le Kiddouch au Rav. Avec humour, le Rav demande à m’emprunter mon Talith. Il me regarde et me dit : « Si je le salis avec le Kiddouch, sois Mé’haper ! (pardonne-moi) ». Ensuite, j’ai nommé mon fils Chmouel Israël Maarabi ‘Hevron (prénom des 4 grands-parents). En entendant les prénoms, le Rav a dit instantanément « Machia’h ! ». Il s’agissait de la Guématria des 4 prénoms, à laquelle nous n’avions jamais pensé avec mon épouse.
Lorsque ma femme a quitté son dernier travail – elle est Mora (enseignante) en école primaire –, mon père demanda de l’aide au Rav ‘Hamou afin de voir si, avec son réseau, il pouvait aider ma femme à trouver un nouveau travail dans une école.
Le Rav ‘Hamou a appelé le Rav Frankforter pour lui parler de ma femme, et je peux vous assurer que dans la semaine même, ma femme a été embauchée !
Aujourd’hui encore, baroukh Hachem, ma femme travaille au Igoud ‘Haredi avec madame ‘Hamou, et elle est très épanouie. Voilà le côté ‘Hessed du Rav.
Lorsque j’avais l’âge de 12-13 ans, j’ai posé la question à mon père : « Papa, nous sommes d’origine tunisienne des deux côtés. Comment se fait-il que nous prions chez les marocains avec Rav ‘Hamou ? Viens, prions à Mouzaïa chez les tunisiens ». Nous habitons à place des Fêtes à l’époque, il y avait Mouzaïa.
Mon père m’a répondu : « Chez les marocains comme tu dis, il y a un Rav qui est Rav ‘Hamou ». Avec le temps, j’ai compris et je remercie mon père de m’avoir emmené à la synagogue dès mon jeune âge prier avec le Rav. Aujourd’hui, l’image de la Torah et d’un Rav en général que j’ai est celle du Rav ‘Hamou...
Puis j’aimerais que mes enfants aient l’image que j’ai des Rav comme Rav ‘Hamou. Il savait tout faire : prier, rire, pleurer, patient, à l’écoute, pédagogue...
Le Rav et la Rabbanite sont un vrai exemple de couple. Puis il y avait une chose qui mettait hors de lui le Rav : le problème de Chalom Bayit. En principe, le mari qui avait un problème, en sortant de chez le Rav n’avait plus de problème et les gens peuvent en témoigner !
Puis, pour finir, le Rav apprécie énormément la période de Pessa’h. C’était pour cette raison que la date du Gala était toujours autour de Roch ‘Hodèche Nissan. Même son gala n’était pas comme les autres, car on venait pour danser. C’était vraiment Sim’hat Torah et il fallait tenir le rythme avec le Rav car b’H il ne s’arrêtait pas de danser même l’année dernière...
La dernière fois que j’ai vu le Rav, c’était Parachat Bo lors du Chabbath Bar Mitsva du fils de ma cousine, puis la dernière fois qu’il m’a dit au revoir il m’a fait un sourire jusqu’aux oreilles, comme pour me dire adieu... Bizarrement, je ne pourrai oublier ce Chabbath Bo car ce sera dans quelques années la Paracha Bar Mitsva de mon premier fils... Même si je n’habite plus à Paris depuis presque 5 ans, le Rav me manque terriblement comme un père et un fils, nous étions ses enfants également...
En espérant le voir le plus vite possible avec Machia’h... Puis b’H, j’ai eu la confirmation qu’un des enfants du Rav reprendra le flambeau avec un des gendres... »
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