A l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès) de notre maître Rav Chajkin, l'équipe Torah-Box est heureuse de vous faire découvrir très brièvement son parcours de vie. Celui qui parle du Tsadik le jour de sa Hiloula, celui-ci priera pour lui ! Allumez une bougie et dites "Likhvod haRav Chajkin, zékhouto taguèn 'alénou" puis priez. Que son mérite protège tout le Klal Israël, Amen !
Né à Kossova, en Biélorussie, Rav Its’hak Chajkin étudie à la Yéchiva de Radin. Il arrive en France en 1938 afin de prendre la direction de la Yéchiva ‘Hokhmé Tsorfat, fondée par le Grand-Rabbin Rav Ernest Weill à Neudorf (Strasbourg), cinq ans plus tôt. Il succède au Grand-Rabbin Rav Sim’ha Wasserman, qui a grandement accru la renommée de cette Yéchiva.
À la survenue de la Seconde Guerre mondiale, le Rav Its’hak Chajkin, qui n’a pas encore acquis la citoyenneté française, s’engage dans le 22ème RMVE (Régiment Militaire des Volontaires Etrangers) où il devient mitrailleur. Il perdra un doigt dans le feu de l'action et, fait prisonnier, sera détenu dans un stalag en Allemagne.
La Yéchiva de Neudorf, fermée durant la guerre, rouvre ses portes à Aix-les-Bains où elle s'est établie définitivement. Le Rav Chajkin, de retour de captivité, la dirige, s’occupant en outre de nombre de ses élèves devenus orphelins de guerre. La Yéchiva accueille de surcroît nombre de jeunes déportés en provenance de Buchenwald et Dachau.
Nombreux sont les témoignages qui décrivent une sorte de « feu brûlant en lui » qui le poussait à aider les autres à avancer. Faire progresser les gens et les faire avancer dans le sens torahïque du terme étaient la finalité de son action. Combien d’heures ne consacra-t-il pas chaque jour à essayer de convaincre une personne d’effectuer telle Mitsva de Taharat Hamichpa‘ha, de fermer son commerce le Chabbath, de mettre les Téfilines, ou de manger Cachère etc.
Pour « Le Rav », comme l’appelaient ses élèves, tout commence et s'achève dans le travail des Middot (traits de caractère). Se dominer, c’est changer la face du monde, rien de moins.
Abreuvé à la source des grands maîtres de Lituanie du siècle passé, il fut un Lamdan exceptionnel (étudiant assidu), et se gardait bien de l’afficher. Seule l’étude des Michnayot récitées par cœur dans le camp de travail allemand pendant la guerre, a permis à son entourage de découvrir son zèle dans l’étude de la Torah.
Son fils, Rav Naftali Chajkin, aujourd’hui Roch Yéchiva à Buenos Aires, a révélé que son père fut en réalité le « Chamach » (en binôme avec le Rav Nathan Brazer) du grand maître de Radin, le ‘Hafets ‘Haïm, durant les sept dernières années de sa vie (jusqu’en 1933). Cette information inédite avait été cachée par le Rav toute sa vie durant. Par modestie et discrétion, le Rav Chajkin n’avait donc pas révélé aux membres de sa famille qu’il avait servi, au jour le jour, le ‘Hafets ‘Haïm alors souffrant. On témoigne qu’il allait même jusqu’à tirer la charrette qui transportait tous les jours le Tsadik, vers son Beth Hamidrach, par la force de ses épaules. Rav Chajkin s’attacha si profondément au ‘Hafets ‘Haïm, auprès duquel il puisait ses forces et son cheminement, que sa personnalité devint indissociable de celle du Saba Kadicha. Chaque fois qu’il avait un doute sur la conduite à suivre dans sa vie privée, aussi bien que pour la communauté, il s’interrogeait : « Qu’aurait fait le ‘Hafets ‘Haïm dans ce cas ? »
Au sortir de la guerre, le judaïsme français était anéanti. C’est vers le « deuxième camp », à savoir les Juifs d’Afrique du Nord, que le Rav se tourne alors pour recruter le noyau de la future Yéchiva. Pourtant, en 1956, une problématique qui allait tout changer, agite le Rav Chajkin. Doit-il orienter la Yéchiva vers un enseignement de type lituanien (Koulo Kodech) ou peut-il ouvrir une section ‘Hol, études profanes, convenant mieux au judaïsme français ? En 1956, c’est vers le Rav Soloveïtchik que se tourne le Roch Yéchiva d’Aix-les-Bains, pour décider de la suite de son action : « Je suis arrivé devant la maison du Rav de Brisk, rapporte sa biographie, mais je n’ai pas osé rentrer. J’avais les genoux tremblants tant je redoutais ses réprimandes au sujet des matières profanes enseignées à la Yéchiva. Le Rav Schlésinger de Londres qui sortait de chez le Rav m’a demandé « Pourquoi restez-vous dehors ? ». J’ai répondu que j’avais peur. « Nous parlions justement d’Aix-les-Bains, et le Rav de Brisk a dit qu’Hakadoch Baroukh Hou se soucie de poster en chaque lieu des gardiens pour Son peuple, et, ainsi, en France, il a implanté la Yéchiva d’Aix-les-Bains. » Ces paroles comblèrent le Rav de joie qui y vit un appui pour la poursuite de son action.
Plus de 60 ans plus tard, il n’est pas exagéré d’affirmer que la communauté juive de France a été fortement influencée par cette décision.
Et aujourd’hui, même les ‘Olim venus de France pour s’installer en Israël se posent la même question : « Qu’aurait donc décidé le Rav Chajkin aujourd’hui pour l’éducation de nos enfants ? »
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Haïm Messika