La gravité de l'interdiction de parler à la synagogue, en particulier au moment de la prière, n’avait pas encore pénétré au profond de l’âme de certains fidèles de la synagogue. La grande honte qui résulte de bavardages pendant la prière et la lecture de la Torah provoque de lourdes accusations dans le Ciel.

Dernièrement, il a été publié au nom de Rav Wozner que la propagation de la terrible maladie qui touche ceux qui observent la Torah est due au mépris de l’interdiction de parler pendant la prière. Il a été promis du Ciel au Rav Wozner que lorsque le public y prendra garde et évitera de parler pendant la prière, la maladie s’arrêtera !

L’histoire suivante est tirée du livre « Barékhi Nafchi ».

Dans cette Yéchiva, il y avait un garçon insolent qui parlait pendant la lecture de la Torah et n’avait pas honte de bavarder à voix haute, au point que ceux autour de lui ne pouvaient pas écouter le Ba'al Koré (lecteur de la Torah).

Les autres garçons lui demandèrent de se taire, mais il ne les écouta pas. Il continua à parler sans cesse, en dérangeant son entourage. Excédé, l’un des élèves décida de lui donner une leçon, une bonne fois pour toutes.

Que fit-il ? Il alla trouver le bedeau de la Yéchiva et lui demanda de donner une Alyah (montée à la Torah) pendant Chabbath au garçon en question.

Le bedeau appela donc le garçon pour la cinquième Alyah. Celui-ci se trouvait en pleine conversation et ne savait pas où l’on en était dans la lecture. L’élève qui avait pris cette initiative s’approcha de lui et lui dit : « On t’a appelé pour faire la Hagbaha (élévation de la Torah) ! » Il s’approcha alors du Séfer Torah, et devant des centaines de jeunes gens stupéfaits, il prit le Séfer Torah en main et le souleva, alors qu’il était censé monter à la Torah…

La honte qui le saisit quand il comprit ce qui s’était passé fut indescriptible. Comme précisé plus haut, ceci se passa devant tous les élèves de la Yéchiva. Pendant très longtemps, il fut incapable de lever les yeux vers ses amis.

Cette honte terrible ne s’arrêta pas avec la lecture de la Torah. Durant une longue période, à chaque fois que le garçon passait devant ses camarades, ces derniers simulaient la Hagbaha avec leurs mains et éclataient de rire.

Après cette histoire honteuse, il se reprit, comprit ce qu’on voulait de lui et s’arrêta de parler durant la prière. Cependant, il alla trouver l’élève qui lui avait fait honte en public et lui dit : « Je ne te pardonnerai jamais ! »

Avant Roch Hachana, le garçon responsable de cette histoire demanda s’il s’était conduit correctement ou s’il devait demander pardon à celui qu’il avait humilié.

Or, peu de temps avant cet incident, un individu honorable était arrivé chez nous. Il avait un statut important et tirait profit de chaque instant libre pour étudier la Torah. Il nous raconta une histoire du même genre.

Dans la synagogue où il priait, il y avait un homme qui n’arrêtait pas de parler au milieu de la lecture de la Torah et qui, malgré toutes les demandes qui lui étaient adressées afin qu’il se taise, continuait à parler inlassablement.

Lorsqu’un jour on l’appela pour monter à la Torah, raconte-t-il, je me suis approché de la Bima (estrade), j’ai fortement frappé dessus et j’ai proclamé : « Je proteste ici contre cet homme qui porte atteinte à l’honneur de la Torah en parlant au moment où on la lit ! »

Dans ce cas-là aussi, celui qui parlait déclara à celui qui lui avait fait honte qu’il ne lui pardonnerait pas. Cependant, il ajouta qu’il serait prêt à lui pardonner à une condition : qu’il revienne à la Bima, proclame devant tout le monde qu’il regrette son action, et qu’il retire sa réprimande.

Ce monsieur respectable était venu demander s’il devait faire ce que lui demandait cette personne, ou s’il avait agi correctement et n’avait pas besoin de demander pardon.

Après avoir réfléchi, je lui ai dit qu’il retourne sur la Bima, mais au lieu de dire qu’il regrette et retire sa réprimande, qu’il demande pardon au Séfer Torah d’avoir tellement tardé à exprimer cette protestation, et de ne pas l’avoir faite auparavant…

À propos de la répétition de la 'Amida de l’officiant, le Choul’han 'Aroukh (Ora’h ‘Haïm, 124, 7) écrit : « On ne doit pas émettre des propos profanes au moment où l’officiant procède à la répétition de la 'Amida, et si quelqu’un a parlé, c’est un fauteur, son péché est trop lourd à porter, et il faut le réprimander. »

Or, si l’on compare la lecture de la Torah avec la répétition de la 'Amida de l’officiant, il faut réprimander celui qui parle. Cependant, il faut le faire posément et réfléchir à la bonne manière d’agir. Le Smag (122) écrit que cela veut dire également lui faire honte.

On voit que dans le premier cas, lorsqu’on a fait honte à celui qui parlait avec la Hagbaha, ce n’est peut-être pas cela que voulait dire le Choul’han Aroukh, car la honte est très grande. Dans un tel cas, il faut demander la permission au Beth Din (tribunal rabbinique) ou au Rav de l’endroit.

Mais en ce qui concerne la réprimande de la personne honorable, c’est apparemment comme cela qu’il fallait agir, c’est pourquoi on n’a pas besoin de demander pardon à celui qui parlait.

Nous devons en tirer une leçon et prendre sur nous de ne pas parler, non seulement pendant la lecture de la Torah et la répétition de la 'Amida, mais également pendant toute la prière, et d’éviter les propos profanes dans la synagogue.

Ainsi, elle se transformera pour nous en un endroit de sainteté, et alors il y aura une chance que toutes les prières que nous y ferons soient agréées devant le Trône de gloire.