« Cherchez D.ieu pendant qu’Il est accessible ! Appelez-Le tandis qu’Il est proche » : ce verset s’applique aux dix jours entre Roch Hachana et Yom Kippour. Le Saint béni soit-Il Se « rend disponible » pour nous afin que nous nous repentions, Il nous offre Sa proximité pour nous protéger du jugement, y a-t-il un meilleur défenseur que le Juge Suprême qui propose Ses services de défense à ceux qui passent en jugement ?!
Mais une condition est toutefois posée : « Armez-vous de paroles suppliantes et revenez à D.ieu ! » Montrez une volonté de changement, et Il vous protègera pendant le jugement. Le Saint béni soit-Il, Père miséricordieux, est proche de nous en ces jours-ci, et lorsqu’Il remarque notre volonté de se rapprocher de Lui en sachant sciemment qu’il y a une justice et un Juge, un jugement a lieu au cours duquel chacun est jugé selon ses actes, qu’il faut rectifier. Lorsque l’homme en prend conscience, il est saisi de tremblement et de crainte, et s’interroge : « Mes actes sont-ils méritoires ? ». Le Saint béni soit-Il « S’invite » alors chez lui pour accueillir pleinement son repentir.
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L’émouvante histoire suivante, relatée par un témoin présent sur les lieux, nous dévoile l’ampleur de l’amour du Saint béni soit-Il pour Son peuple. Même si nous fautons, dès lors que nous montrons des signes de regret et une volonté de nous repentir, c’est déjà une raison pour D.ieu de nous montrer Son attachement et Son amour.
Voici l’histoire :
« Je suis entré dans le train et me suis assis. Après le coup de sifflet, le train s’est mis en marche. Au bout d’un certain temps, je remarquai le jeune homme assis à mes côtés. Quelque chose dans son comportement me conduisit à l’observer : à chaque fois que le train s’arrêtait, il regardait au-dehors, comme s’il attendait quelque chose, il se collait à la vitre. Agité, il ne s’endormit pas ni ne plongea dans la lecture d’un livre comme les autres passagers, il était troublé, le moindre mouvement le poussait à regarder par la fenêtre, comme s’il espérait quelque chose…
Je lui lançai un regard étonné, et il semble qu’il perçut mon regard inquisiteur, car il s’adressa à moi : "Vous ne comprenez certainement pas pourquoi je regarde par la fenêtre", dit-il. Je hochai la tête. J’étais un peu mal à l’aise d’avoir été pris sur le fait, mais j’attendais sa réponse.
"Je vais vous expliquer ce que j’ai vécu jusqu’à présent, vous allez peut-être comprendre ma situation", dit-il d’un regard un peu perdu.
"Ce voyage est le premier que j’effectue depuis trois ans au cours desquels je n’ai pas voyagé et ne suis même pas sorti dans la rue. J’ai été détenu en prison pendant trois ans. Pourquoi, me demandez-vous ? Voilà, je suis issu d’une famille pauvre, et, un jour, j’avais besoin urgemment d’argent, j’ai volé une petite somme d’argent. Je sais que mon acte était répréhensible, et je le regrette, mais j’avais surtout mal pour la souffrance de mon père. La rumeur du vol se répandit rapidement, les gens prirent la peine de venir informer mon père qu’il avait un fils voleur. On lui fit honte, on lui causa une grande souffrance.
Je ne me doutais pas que cet acte serait une telle source de tourment pour mon père. Partout, on lui rappelait le vol. Dans le procès organisé dans la foulée, on me condamna à 3 ans de prison. Mon père était dépassé par la peine et la honte. Aujourd’hui, alors que je suis libéré de prison, je voudrais vraiment revenir à la maison, voir mon père, regretter, demander pardon, mais… je ne sais pas s’il acceptera de me recevoir après lui avoir causé tant de peine. Je décidai de lui écrire une lettre.
Je lui ai écrit que j’aimerais beaucoup rentrer pour le revoir, et que je regrette tout ce que j’ai fait, mais je ne sais pas s’il veut que je rentre à la maison. « C’est pourquoi, ai-je écrit, j’ai une seule demande : si tu veux que je rentre à la maison, je voudrais que tu suspendes à la gare une écharpe orange, pour que je sache que tu m’accueilles et que je peux descendre à la gare… », mais…", le jeune homme leva des yeux en larmes, "si je ne vois pas d’écharpe orange, je saurai que papa ne désire pas me voir, et je devrai poursuivre ma route en train, vers une ville inconnue, et ne jamais revenir…
Vous comprenez ? Je regarde à chaque arrêt, partout, pour voir si je vois une écharpe orange suspendue, je cherche bien, peut-être papa a-t-il suspendu une écharpe à une autre gare pour éviter d’avoir honte de moi dans son village, peut-être dois-je descendre un arrêt plus tôt."
"Où est l’arrêt le plus proche de chez toi ?", lui demandai-je.
"Dans quelques arrêts, répondit le jeune homme, et en l’absence d’écharpe orange, je poursuivrai mon chemin…", annonça-t-il d’une voix sourde.
A partir de là, non seulement le jeune homme regarda par la fenêtre, mais nous deux étions collés à la vitre, observant chaque arrêt, à la recherche d’une écharpe.
"Dans deux arrêts, nous arrivons à côté de chez moi", me murmura-t-il. Nous observions tous deux par la fenêtre. Le train s’arrêta à une autre gare, il ne restait plus qu’un arrêt. Le dernier ! Nous nous agrippions à la fenêtre comme si nous voulions passer par-dessus bord, nous étions tous deux tendus, impatients, nous attendions… qui sait ?
Le train s’arrêta à la gare que nous attendions depuis le début.
Le jeune homme lança un regard circulaire sur la gare, tout troublé… non, non, il ne voyait pas d’écharpe orange…
Il regarda à nouveau et se frotta les yeux, stupéfait… il n’y avait pas une écharpe orange…
Il y avait des dizaines d’écharpes de couleur orange ! Toute la gare était remplie d’écharpes qui volaient au vent. On appelait le fils à revenir à la maison. Et le père, debout en train d’attendre, espérait voir son fils bien-aimé - et portait à son cou une écharpe orange.
Avinou Malkénou, notre Père et Roi, nous n’avons pas d’autre père que Toi !!!
Rav Binyamin Birenzweig - Dirchou