La fête de Souccot cette année se présente bien différemment des années précédentes, surtout en Israël. Les réunions familiales sous la Soucca sont réduites au minimum, les déplacements ne sont possibles que dans un périmètre très restreint, les rassemblements interdits, ce qui entraîne l’annulation des merveilleux Sim’hat Beth Hachoéva, ces nuits de fête où ‘Am Israël, toutes tendances confondues, se retrouvait pour danser dans la joie et la ferveur.
Certains d’entre nous s’interrogent sur le pourquoi de ces décrets. Car après tout, notre volonté est d’accomplir les Mitsvot et les fêtes du mois de Tichri rechargeaient nos batteries spirituelles pour toute l’année.
“Pas de Ouman, pas de Mikvé, pas de Hallel ensemble à la synagogue avec les 4 Minim, pas de Sim’hat Beth Hachoéva ! Mais alors que nous demande-t-on ?”
La réponse se trouve peut-être dans ce texte du Talmud (‘Avoda Zara 3a) dans lequel est rapportée la plaidoirie des Nations à la fin des temps. Quand elles prendront conscience de la grandeur d’Israël et de la valeur des Mitsvot, elles demanderont à D.ieu de leur en accorder une, afin d’obtenir un mérite éternel. D.ieu leur donnera la Mitsva de la Soucca. Tous s’empresseront alors de la construire sur leur toit et, une fois qu’ils seront prêts à y séjourner, Hachem sortira le soleil de son écrin et une chaleur insoutenable rendra la Mitsva impossible à accomplir. Dépités, ils détruiront la Soucca à coups de pied, furieux et frustrés devant cette situation.
Il faut comprendre que les Bné Israël également, soumis à des conditions climatiques extrêmes, sont dispensés de la Mitsva.
Mais il y a une différence fondamentale entre les Juifs et les Nations : les premiers se retirent avec soumission sans toucher à la Soucca, tandis que les seconds la démolissent avec rage pour montrer leur mécontentement.
La réaction des uns comme des autres dépend de leur approche des commandements de D.ieu : Les Nations partent du principe que si le Créateur leur demande d’accomplir un certain acte, Il doit également leur donner la possibilité de l’effectuer ; dans le cas contraire, elles considèrent l’ordre comme une moquerie, une absurdité sans logique (‘Has Véchalom) et c’est pourquoi elles détruisent la Soucca à coups de pied.
Par contre, le juif comprend qu’au-dessus des Mitsvot, il y a une valeur suprême qui est la soumission à D.ieu et qui dépasse l’entendement. L’exemple d’Avraham Avinou, qui s’empresse d’accomplir la volonté d’Hachem de sacrifier son fils - alors que cet ordre est diamétralement opposé à sa compréhension de ce que l’Eternel attend de l’homme -, sera la référence absolue du peuple d’Israël.
Quand un Juif ne peut accomplir la Mitsva de s’installer dans la Soucca pendant les fêtes à cause de la pluie ou pour toute autre raison, il la quittera docilement, avec humilité, comme un serviteur le ferait lorsque son maître lui signifie qu’il ne veut pas de son service (Soucca 29a).
A travers cette Mitsva spécifique de Soucca qui a été offerte aux Nations, D.ieu en vérité leur demande : “Êtes-vous prêts à vous soumettre à Moi, votre Créateur, en toutes situations ? Ou alors ne M’obéissez-vous que lorsque cela vous arrange et que cela va dans votre sens ?” Les Nations ont à ce moment été testées dans leur réaction et elles ont échoué.
Devant l’impossibilité de vivre cette période extraordinaire du début de l’année juive comme on l’aurait voulu, conformément à l'esprit des fêtes, on nous demande sans doute un degré supérieur dans le service divin : celui d’être de vrais serviteurs de D.ieu qui se meuvent en fonction de la Hachga’ha (l’intervention de D.ieu sur terre) et non selon nos conceptions, mêmes si ces dernières puisent leur sources dans notre Tradition.
‘Hag Samea’h !