Connaissez-vous l’histoire de Bucéphale ? Un cheval d’une grande beauté mais qu'aucun cavalier ne pouvait monter. Extrêmement nerveux, il galopait, cabrait et finissait par désarçonner le cavalier. On l’amena à Alexandre le Grand qui l’examina longtemps. Il découvrit que l’attitude si agressive du cheval provenait tout simplement de la peur de son ombre. Il décida donc de tourner la tête de Bucéphale vers le soleil. En la maintenant constamment dans cette direction, il put monter à cheval en toute tranquillité car le cheval ne voyait plus son ombre.
Voyez-vous où je veux en venir ? Combien de peurs en nous sont réellement fondées ? Combien de part d’ombre nous engloutit pour pas grand chose ? Appelons-la anxiété, angoisse, stress ou tristesse, suite à des événements passés ou face à un avenir inconnu, cette peur souvent infondée, entrave notre réalité. Rav Israël Salanter, le maître du Moussar, affirme que le découragement et le désespoir sont les pires maladies qui puissent exister. Le livre Orhot Tsadikim va jusqu’à prévenir que « l’inquiétude amène des maladies au corps ».
Loin de moi l’idée de vous angoisser sur les conséquences de votre angoisse... Mais, savez-vous pourquoi toutes ces pensées nocives vous envahissent ? La réponse tient en deux principes clés souvent omis.
- D.ieu a toujours tout contrôlé jusqu’aux plus petits détails de notre vie et Il le fera jusqu’à notre dernier souffle. Nous ne gérons rien sans que cela ne soit décrété. Rien !
- D.ieu nous aime d’un amour infini. Il nous procure au quotidien exactement ce dont nous avons besoin, ni plus, ni moins. Imaginez l’amour d’une mère pour son enfant, quantifiez-le et multipliez-le par le plus grand nombre que vous connaissez... (à part si vous ne savez compter que jusqu’à 5...)
En assimilant chaque jour ces deux notions, nous devrions être emplis d’une joie extrême et ne plus laisser l’ombre d’une peur nous attrister ou nous angoisser.
Quelle chance ! Il se trouve que Celui qui nous aime le plus au monde est Le Même que Celui qui peut tout faire en un instant dans tous les domaines de notre vie. Nous devrions être les personnes les plus joyeuses du monde chaque jour qui passe.
« Oui c’est facile, mais... j’ai peur de ne pas me marier, j’ai peur du virus, je suis angoissé suite à mon renvoi, j’ai peur de la guerre en Ukraine alors que j’habite à 5000 km etc... »
Évidemment si je vous dis : « Stop, ne pensez pas à l’éléphant rose... » voila trop tard ! La raison est paradoxale : nous nous battons contre notre propre cerveau. Et c’est toujours le cerveau qui gagne. Il en est de même pour les pensées négatives. À vouloir les contrer et les supprimer absolument, elles ne sont que renforcées. Alors quelle est la solution ? Facile ! Le phénomène de substitution. Remplacer une mauvaise pensée par une pensée meilleure. Dorénavant lorsqu’une peur vous envahit, une seule phrase apparaît dans votre tête : « D.ieu m’aime et chaque chose est pour le bien. » Taillée dans une pierre, en lettres de feu ou sur un fond rose (à côté de l’éléphant), cette phrase doit résonner en vous constamment.
Pourim arrive et représente le jour le plus joyeux de l’année. Ce n’est pas le fruit du hasard, si cette même fête représente également la confiance absolue alors qu’initialement tout semblait perdu.
Pas de fiole d’huile, ni d’ouverture de la mer rouge, mais seulement une histoire certes trépidante mais en apparence plutôt « anodine ». Une succession de petits événements nous faisant prendre conscience de la Présence de D.ieu même lorsque nous ne La voyons pas.
Nos Maîtres nous disent que, Esther tomba dans une dépression psychologique totale lorsqu’elle se retrouva enfermée chez A’hachvéroch. La vie semblait sans issue. Un désespoir moral l’envahissait au quotidien, alors qu’elle se trouvait à l’intérieur même du palais du mal et de la débauche.
La réaction la plus naturelle aurait été de tout abandonner et de se laisser porter au fil des jours entre pensées obscures et peur constante. Une des raisons de l’appellation de la Méguila en « Méguilat Esther » se retrouve à travers ce fondement de la Torah. Un Juif n’abandonne jamais ! Et surtout, un Juif n’est jamais abandonné. Son Père l’aime et veille sur lui à chaque seconde.
C’est de l’endroit le plus obscur de Perse, que Esther, va transformer ses angoisses en délivrance absolue. Le Peuple Juif n’a pas été détruit, pas même un seul homme, par le mérite de l’une des plus grandes Tsadekot de la Torah et de sa Emouna en toutes circonstances.
« N’essayons pas de changer l’ampoule pour avoir plus de lumière. Changeons-nous nous-mêmes pour briller plus. » (Celle-ci elle est de moi.)
Avraham dans la fournaise, Yossef dans le puits, les Bné Israël devant la mer rouge, Esther chez A’hachvéroch... puis nous, aujourd’hui face à nos épreuves et nos craintes. A nous d’imiter nos ancêtres, afin de connaître la plus belle des délivrances. À notre tour de nous ressaisir lorsqu’une once de tristesse se profile. La vie est belle et le sera toujours !
Pourim, la seule fête que nous fêterons encore après la venue du Machia'h, nous a démontré que D.ieu dissimule en permanence des miracles par amour pour nous. Alors je vous en prie, arrêtons avec la nouvelle maladie anxiogène de ce siècle : la peur qui fait peur.
D.ieu est le Réalisateur et nous les spectateurs. Ce n’est jamais au début du film que nous pouvons comprendre le dénouement. Il faut patienter.
Parfois même, patienter est inutile. Le film est fini, la salle se rallume, et pourtant nous nous interrogeons toujours sur la volonté du Réalisateur. Mais nous Lui faisons confiance parce qu’Il nous aime et qu’Il veille sur nous à chaque seconde.
Un dernier secret mes amis, la délivrance ne vient pas lorsque nous pensons positivement. Le fait de penser positivement est déjà la délivrance en soi.
Le Ari Zal disait : « Sans la nuit, on ne connaîtrait pas les étoiles... » Alors levons la tête, admirons le ciel et remercions D.ieu pour tout ce que nous avons. Et surtout, soyons convaincus que nous sommes entre les Meilleures Mains du monde.
Pourim est habituellement le jour le plus joyeux de l’année. Faisons en sorte que ce Pourim 5782 soit « le premier » des jours les plus joyeux de notre vie.