À Pessa’h, nous ne nous contentons pas de répéter un récit. Nous nous considérons comme les Juifs qui ont été libérés à ce moment-là. Voici 4 messages cachés à partager à votre table du Séder...
- Tirez parti de votre force.
La Torah nous enseigne ceci : « Tu donneras alors cette explication à ton fils : "C'est dans cette vue que l'Éternel a agi en ma faveur, quand je sortis de l'Égypte. » (Exode 13, 8).
Il nous est prescrit d’évoquer les événements de la soirée où nous avons quitté l’Égypte. Les événements qui ont conduit à la liberté, l’amertume de l’esclavage, le combat pour la survie, et comprendre comment nous avons fini par nous rendre en Égypte dès le départ, font partie de notre Séder. Même si vous n’avez pas d’enfants, si vous êtes seul à table, vous êtes tenus de relater le récit de la sortie d’Égypte.
Il est nécessaire de rappeler à chacun d’entre nous que D.ieu nous a sauvés d’Égypte. Tout comme nous avons été libérés dans le passé, nous serons à nouveau libérés. Le soir du Séder est un moment d’espoir. Personne n’est descendu aussi bas au point d’avoir perdu sa relation à la Source. Chacun compte. Vous êtes essentiel à la finalité de notre peuple. Racontez-vous l’histoire et retenez-la bien.
- La clé de la continuité juive.
Au Séder, nous célébrons des milliers d’années de survie juive, en dépit du fait que « à chaque génération, ils se lèvent et tentent de nous anéantir. »
Nous buvons quatre coupes de vin. Ce chiffre 4 renferme de nombreux symboles, mais voici l’un de mes favoris. Chaque coupe est une allusion aux quatre vertus qui ont assuré l’avenir de notre peuple.
Si nous désirons être une nation forte, en dépit de la persécution et de l’exil, la clé ne se situe pas dans la puissance physique ou une armée forte. Nous devons plutôt considérer nos réserves spirituelles qui constituent un parallèle à chaque coupe de vin.
- Le peuple juif n’a pas modifié ses noms hébraïques, et n’a pas non plus adopté leurs noms non-juifs.
- Ils ont conservé leur langue et s’en sont tenus à la « langue sainte. »
- Ils ont maintenu la sainteté de leur foyer et ne se sont pas engagés dans des relations illicites.
- Ils étaient fidèles entre eux et ressentaient la douleur les uns des autres.
Pour survivre, nous devons conserver notre identité. Cela va au-delà d’envoyer nos enfants à l’école juive, il s’agit de nous responsabiliser ainsi que la génération suivante en vivant comme des Juifs. L’éthique, la bonté, les bons traits de caractère sont tous essentiels à la vie de famille, mais la leçon la plus fondamentale se joue dans notre foyer. J’ai de la peine lorsque je rencontre des jeunes gens qui ne savent rien de leur identité juive. Des parents qui ne savent pas comment transmettre le judaïsme simplement parce que dans leur enfance, c’était relégué au second plan. Ou encore lorsque leur judaïsme est devenu une matière de plus où il faut réussir. L’inspiration a disparu.
Utilisons le Séder comme un tremplin pour nous reconnecter à la beauté de notre héritage. Redécouvrons le sens de nos noms juifs, la sagesse de nos enseignements et les valeurs ancrées en nous et qui nous permettent de lutter contre les courants forts qui nous affaiblissent.
- Nous pouvons vaincre l’affliction.
D.ieu nous a conduits par une mer profonde et les profondeurs du désert aride. Ces deux lieux ont pour point commun d’être inhabités par des humains. Le message est très puissant.
Nous pouvons créer un lieu de résidence partout dans le monde. Aucun foyer n’est privé de la Présence de D.ieu si nous le désirons. Ne permettons pas au passé ou au présent de nous donner un sentiment de morosité sur notre avenir. Certains ont le sentiment d’être allé trop loin, ou que la négativité a pris le dessus dans leur vie. La peur est paralysante. Pessa’h nous donne la force de croire à nouveau en nous et à notre relation à D.ieu. Nous pouvons établir notre Mikdach Mé’at, notre sanctuaire en miniature, peu importe où nous nous trouvons. Nous commençons le Séder par Kadèch, qui vient de Kadoch, sainteté. C’est notre ADN spirituel.
- Ne renoncez jamais à l’espoir.
Nous mangeons du ‘Harosset, un mélange sucré de pommes, de noix, de vin et de cannelle. Le ‘Harosset symbolise le mortier employé par le peuple juif pour fabriquer des briques lorsqu’ils étaient esclaves.
Mais nous trouvons un sens plus profond à la consommation des pommes sur notre plat du Séder. Le ‘Harosset symbolise les pommiers sous lesquels les femmes juives accouchaient. Elles dissimulaient leur douleur afin d’éviter d’être repérées par les Égyptiens. L’esclavage et les souffrances avaient ôté tout espoir aux hommes. Ils s’étaient séparés de leurs épouses et pensaient que mettre des enfants au monde dans un environnement hostile était inutile. Ce sont les femmes qui n’ont jamais renoncé. Elles ont choisi de donner la vie sous les pommiers qui produisent d’abord des fruits, puis des feuilles protectrices. Elles ont déclaré d’une foi parfaite qu’elles agiraient dans cet esprit. Elles accoucheraient d’abord de leur « fruit », et seraient certainement protégées d’en-Haut. Les femmes ont adouci l’amertume du cruel esclavage. Lorsque nous goûtons au Maror, nous le trempons dans le ‘Harosset pour nous remémorer ce message courageux. La vie est à la fois douce et amère. L’amertume est tempérée par l’espoir. La foi nous maintient.
Cette fête de Pessa’h, mobilisez-vous et mobilisez votre entourage. Plongez dans la signification de la Haggada et libérez-vous de tout ce qui vous enlise. Soulevez votre plat du Séder et élevez-vous plus haut. Célébrez la naissance de notre peuple.
Slovie Jungreis-Wolff