Le jour du don de la Torah t'apprend que la Torah ne te prend rien, elle ne fait que te donner…
« Mais aussi garde-toi, et évite avec soin, pour ton salut, d'oublier les évènements dont tes yeux furent témoins, de les laisser échapper de ta pensée, à aucun moment de ton existence, ce jour où tu parus en présence de l'Éternel... ».
Le Ramban écrit qu'il est une Mitsva primordiale de ne pas oublier les choses que nos yeux ont vu au Mont Sinaï, car D.ieu a « mis en scène » tout cela pour que nous apprenions à l’avoir en permanence devant les yeux ! Le Ramban explique que la Mitsva de se souvenir du rassemblement au Mont Sinaï inclut aussi le devoir de se rappeler des détails qui y figuraient : les sons, les lumières, la fumée, la montagne, etc…
Le Levouch écrit : « À Chavou’ot, on a l’habitude de fleurir les synagogues et les maisons pour rappeler la joie de la Torah et la végétation qui abondait autour du mont Sinaï. Comme il est dit : ''Même les moutons et le bétail de brouter. De là tu apprends qu'il y avait un pâturage". »
Le judaïsme n’est pas une religion de cérémonial et de symbolisme. Ce n’est pas une religion de commémoration historique. S’il est un Minhag qui prescrit ainsi de décorer nos maisons de fleurs fraîches et parfumées pour la fête de Chavou’ot, c’est que c’est un procédé éducatif utile pour nous, pour toute l’année. En effet, il n’y a pas de Mitsva d’ériger un petit monticule de terre au milieu du salon en « souvenir du mont Sinaï » ; on ne nous demande pas non plus de produire de la fumée et des feux d’artifice « en souvenir d'un évènement historique ». Et cela parce que la Torah n’ordonne pas de jouer la comédie mais exige simplement des choses porteuses d’un état d’esprit pur et éternel. Or, si c’est le cas, quel est le message des herbes à Chavou’ot ? Les Maîtres du Moussar (morale) disent que beaucoup de gens pensent qu’ils doivent sacrifier quelque chose en faveur de la Torah.
Voici ce que certains pensent d’une façon ou d’une autre : « Dans la mesure où je respecte les Mitsvot, je dois renoncer aux plaisirs de ce monde terrestre afin de suivre les paroles de D.ieu. ». Beaucoup pensent ainsi qu’il faut tirer un trait sur le monde terrestre pour mériter le monde futur. C’est même l’un des plus grands contresens qui circulent de nos jours.
Or c’est une grave erreur de penser que ce monde terrestre sans Torah serait meilleur. La Torah détient le secret de la vie, y compris de celle du monde matériel. Le menteur d’ici-bas devra payer le prix plus tard. Celui qui profane le Nom divin en cachette sera déshonoré publiquement. Ce sont des choses honteuses qui ne correspondent pas au plan divin.
Il n’existe tout simplement pas de choses telles qu’être perdant dans ce monde terrestre à cause de la Torah. La Torah ne vient rien prélever de ce monde matériel. Au contraire, elle te le sert sur un plateau… S’il est vrai que la Torah t’interdit certaines choses ou te limite dans d’autres, c’est tout simplement parce qu’elle sait mieux que toi ce qui t’est véritablement bénéfique et qu’elle souhaite que tu en profites au maximum, et de façon optimale.
C’est comme des parents qui interdisent à leur enfant de manger de la crème glacée et des bonbons en quantité énorme et sans arrêt. Leur but n'est pas de lui refuser son plaisir, au contraire. Voilà pourquoi il est une Mitsva de se réjouir à Chavou’ot de toutes les façons possibles. « Comment est-il appelé ? Le jour où l’on nous a donné la Torah ! » Nous aurions pu penser que lors de la journée où la Torah nous a été donnée, nous aurions dû nous sanctifier et nous retirer de toutes les affaires du monde. Or ce n'est pas le cas.
Le monde n’est pas une réalité contraire ou opposée à la Torah. Il n’y a pas d’un côté « le monde » et de l’autre « la Torah », entre lesquels il faudrait choisir sa préférence. Le monde, la vie font partie de la Torah. Celui qui s’engage dans la Torah obtient également une vie agréable ! Aujourd'hui, pas besoin de preuves scientifiques pour savoir que cela est vrai. Un rapide survol statistique des pourcentages de divorce, de vol, de crime, d’irrespect, montre clairement que le bonheur fait partie de la vie de Torah, alors que la qualité de vie des « jouisseurs » et autres « libéraux » fait montre d’une détérioration épouvantable.
La Guémara dans le traité Chabbath (80,8) montre clairement que chaque mot qui sortait de la bouche de D.ieu sur le mont Sinaï emplissait le monde entier de délicieuses odeurs. Et ce n’est pas parce que nous avons reçu un « bonus » avec les Dix Commandements, mais simplement parce que telle est la réalité de la sainte Torah : le bon et le plaisir en font naturellement partie. D’où le fait de disposer dans la maison de la végétation aromatique semblable à celle qui abondait sur le mont Sinaï lors du don de la Torah. Car il était impensable que la Torah descende dans ce monde sans que celui-ci soit gorgé de délices, y compris pour le bétail...
Encore aujourd'hui, la Torah est un cadeau et le plus grand des plaisirs, même dans ce monde terrestre…