Le mariage, afin de fonder une famille et avoir des enfants, a toujours été au centre des préoccupations de la société juive. On ne peut concevoir qu’un être traverse la vie en solitaire, sans foyer. Depuis le début de la création, D.ieu déclare : “Il n’est pas bon pour l’homme de vivre seul, Je vais lui créer une aide (la femme) à ses côtés.” C’est pourquoi, tout au long de l’histoire, les parents se sont souciés, dès que leur enfant était assez mûr, de lui chercher un bon parti, quitte à se priver afin de doter leur fille. Et si l’on ne parvenait pas à trouver l’âme sœur par ses propres moyens, on faisait appel à un intermédiaire que l’on appelle le Chadkhan, à l’image de notre patriarche Avraham qui avait chargé son serviteur Eli’ézer de trouver une femme pour son fils Its’hak.
Aujourd’hui, surtout en dehors d’Israël, on constate que beaucoup de jeunes prennent de l’âge tout en restant célibataires. Chez certains, on attend de “connaître le coup de foudre”, de “rencontrer celle (ou celui) dont on a toujours rêvé”, “la personne qui nous donne vraiment envie de nous marier”, ou tout autre argument qui, très souvent, ne va jamais se réaliser. Les parents sont mis de côté, car “ils sont de l’ancienne génération et ne nous comprennent pas” ; à plus forte raison l’idée de faire appel à un Chadkhan est-elle vite écartée. Par contre, pour d’autres se montrant prêts à faire un Chiddoukh, ils sont dans l’attente de propositions : les parents ont cherché autour d’eux, et les intermédiaires leur ont soumis ce qu’ils possèdent dans leur registre, sans trouver leur conjoint. On attend, et les années passent. En essayant de cibler le problème, on s’aperçoit qu’il existe un nombre très réduit de marieurs - certains étant des amateurs -, et qu’ils n’ont pas beaucoup de prétendants à présenter.
Dernièrement, sur le site de Torah-Box, une Chadkhanite américaine vivant en Israël a été interrogée sur son activité. Il s’agit d’une femme qui réussit dans sa tâche, et parvient à marier de très nombreux couples. Elle est submergée de travail et se voit sollicitée même par un public non-pratiquant. On découvre dans ses réponses la clé de sa réussite : une femme de cœur qui veut sincèrement aider, qui a compris comment fonctionne un couple, et selon quels paramètres on s’y prend pour associer deux êtres différents, et… qui se fait payer (oui, oui !). Elle reçoit individuellement toutes les personnes qui la sollicitent en leur établissant un dossier personnel. Elle passe du temps à se renseigner, à réfléchir, à proposer, à faire le suivi des rencontres avec doigté, à comprendre pourquoi cela n’a pas marché afin de mieux s’y prendre à l’avenir. Tout cela prend énormément de temps et d’énergie. Quoi de plus normal que d’obtenir un salaire lorsqu’elle parvient à rendre deux personnes heureuses ?
Nous comprenons dès lors la problématique du Chadkhan dans le public francophone : les gens refusent par principe de payer en argumentant “qu’il s’agit d’une Mitsva”, et “que cela revient trop cher”. En conséquence, peu aspirent à s’en occuper sérieusement. Mais si l’on se faisait rémunérer correctement comme cela se fait dans certains milieux, il se trouverait alors des personnes capables et sensibilisées au problème qui en feraient leur activité professionnelle, après avoir reçu une formation (Torah-Box se propose de s’en charger). De bouche à oreille, de nombreux jeunes feraient appel à eux, voyant ces Chadkhanim réussir dans leur mission, et nous aurions beaucoup de ‘Houppa en vue.
Pour cela, les mentalités doivent changer et si pour acheter un appartement, on comprend qu’il faut payer son dû à l’agent immobilier, il en est de même pour un agent matrimonial. Nous sommes tous d’accord tout de même qu’il est plus important de se marier que d’acquérir une maison à Netanya !