Bonjour Rav,
Comment se fait-il que la Torah veuille qu’on pense tout le temps à elle (en nous réveillant, en marchant dans la rue, en étudiant et en allant se coucher) ?
Ne peut-elle pas nous laisser un peu de temps libre pour reposer sa mémoire ?
Bonjour,
Rabbi ‘Hananya, le fils d’Akachya dit :
« Hachem a voulu rendre Son peuple Israël méritant ; c’est pourquoi Il lui donna une vaste Torah et beaucoup de commandements. Comme le verset l’affirme… »
La question s’impose :
N’eût-il pas été plus simple et plus profitable pour nous, si nous avions une petite Torah et seulement quelques commandements ?
Et c’est en fait, votre question !
L’histoire qui va suivre aidera à comprendre la vraie sagesse de Rabbi ‘Hananya et bien entendu, celle d’Hachem :
Il était une fois un jeune homme qui n’avait aucune expérience des affaires.
Pendant quelques temps après son mariage, son beau-père subvint à ses besoins afin de lui permettre de poursuivre ses études.
Mais le jour vint où son beau-père lui dit : « Mon garçon, il est temps que tu ailles dans le vaste monde et que tu te fasses par toi-même, une place au soleil. Voici une somme d’argent suffisante. Va dans la Grande Ville ; tu pourras y acheter de belles marchandises qui te permettront, par la suite, de réaliser un bénéfice intéressant. J’ai, là-bas, un très bon ami ; tu ferais bien d’aller le voir et d’écouter ses conseils. »
Le jeune homme prit l’argent et partit pour la Grande Ville.
Là, après s’être trouvé une chambre d’hôtel, il se rendit chez le vieil ami de la famille. Il le mit au courant du but de son voyage, lui fit savoir avec précision combien d’argent il disposait et promit de suivre à la lettre ses conseils.
« Laisse-moi faire » dit l’ami.
Sur ce, le jeûne le quitta et regagna son hôtel.
Sans perdre un instant, le vieil ami entreprit le tour des fabriques, s’activant de l’une à l’autre et passant, pour le compte de son jeûne protégé, de nombreuses commandes des plus belles marchandises qu’il trouva.
De son côté, le jeune homme, rentré à son hôtel, commença à faire des plans pour profiter du mieux qu’il pût des amusements que lui offrait la Grand Ville.
Mais cela ne dura pas car, le jour même, notes et factures ne tardèrent pas à affluer de la part des différents fabricants ; et bientôt, le travail se compliqua, son rythme s’accrut de jour en jour au point que notre jeune commerçant n’eut plus, durant son séjour dans la Grande Ville, un seul instant pour penser à autre chose.
Il passait son temps à vérifier les factures, à inspecter les marchandises, à en surveiller l’emballage et ainsi de suite.
Puis, vint le moment où tout l’argent qu’il possédait fut dépensé en achat de marchandises de toutes sortes.
Il alla, donc, chez le vieil ami afin de le remercier et prendre congé de lui.
- Mais vous m’avez tellement occupé, plaisanta le jeune homme en faisant mine de se plaindre, « que je n’ai pas eu une seule occasion de m’amuser ! »
- Mon cher jeune homme, répondit le sage et vieil ami, tu devrais m’être reconnaissant de t’avoir occupé continuellement à faire de si bonnes affaires. J’ai vu bien des jeunes gens venir dans cette Grande Ville. Ils arrivent avec l’intention d’acheter, eux aussi, de la marchandise, mais ils l’oublient aussitôt et se laissent prendre dans l’engrenage de faciles tentations.
Avant qu’ils n’aient le temps de s’en apercevoir, voilà que tout leur argent a été dépensé pour rien. Ils s‘en retournent, alors, chez eux, penauds et les mains vides.
Tandis que toi, tu rentreras, chargé de belles marchandises et tu peux considérer ton avenir comme assuré…
Voici, donc, le fond de la pensée de Rabbi ‘Hananya :
A notre arrivée dans cette Grande Ville [le monde qui nous entoure], nombreuses sont les tentations.
C’est pour que nous puissions les combattre et acquérir de nombreux mérites pour accéder au monde futur [infini] qu’Hachem nous a donné une grande Torah et beaucoup de Mitsvot.
Le souci d’acheter de belles marchandises [étudier la Torah et accomplir les Mitsvot] nous occupe et nous protège !
Ainsi, non seulement notre vie sera bien remplie, heureuse et digne, mais aussi cette Torah et ces Mitsvot nous apportent une pureté accessible nulle part ailleurs.
Voila pourquoi, nous avons l’obligation et le mérite de remercier Hachem, tous les matins et avant l’accomplissement de la plupart des Mitsvot - car elles ne sont pas un fardeau, bien au contraire.
Source : voir l’excellent ouvrage Pirké Avot - Maximes de nos pères, du Rav Dr. M. Lehmann, tome 2, page 280.
Quiconque est investi de la Emouna selon laquelle ce monde n’est qu’un passage, boira avec soif ce qui vient d’être dit.
Mais celui qui voit dans ce monde un but en soi, ne réussira pas à percevoir dans les nombreuses Mitsvot un mérite, un privilège et un moyen d’être lié au Maître du monde.
La Torah a craint que nous ne soyons pas suffisamment prévoyants et clairvoyants, c’est pourquoi, elle nous a protégés et a prévu toutes sortes de protection, depuis notre réveil jusqu’au moment où l’on regagne son lit et même durant notre sommeil.
Soyons reconnaissants et accomplissons le verset :
« Ce livre ne doit pas quitter ta bouche, tu le méditeras jour et nuit afin d’en observer le contenu car alors seulement tu prospèreras dans tes voies, alors seulement tu seras heureux » Yéoshoua [Josué], chapitre 1, verset 8.
Il va sans dire que le repos et la détente sont nécessaires pour retrouver des forces. A ce sujet voir :
https://www.torah-box.com/question/etude-de-la-torah-kiffes-incompatibles_43651.html
https://www.torah-box.com/question/kiffer-la-materialite-d-apres-la-torah_1413.html
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.