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Kiffer la matérialité d'après la Torah

Rédigé le Mercredi 27 Août 2014
La question de David T.

Chalom à toute l'équipe,

Je commence à bien intégrer l'idée est la matérialité telle qu on la voit est presque totalement constituée de vide. Donc elle ne vaut rien.

Mais j'ai plusieurs questions sur cela

Premièrement, au lieu de se dire que la matérialité ne vaut rien, n'est il pas mieux de dire que la valeur de la matérialité dépend de ce que l'on en fait, du pourquoi on l'utilise ?

Deuxièmement, j'ai ressenti que mes envies matérielles ont été brisé à partir du moment où je me suis dit que la matérialité ne valait rien. Même m'acheter une belle chemise ne m'intéressait plus. Donc je me suis demandé ce qu Hachem voulait. Est ce qu Il veut que je brise ces désirs en moi pour ensuite me rapprocher du monde matériel, mais avec des intentions totalement spirituelles ?

Par exemple vouloir m'habiller de façon honorable par respect pour le créateur du monde. Mais il y a quelque chose qui me gêne là dedans. En ayant cette approche là, je kifferai quand même mettre la belle chemise, donc cela rentre en contradiction avec ce que j'ai dit au début, à savoir que la matérialité ne valait rien, que c était du vide. Cela m'amène même à une dévalorisation de ce qui est beau matériellement.

Finalement, ce que je me dis, c est que peut être qu'Hachem veut, au moment où je mets cette chemise, que ma seule motivation soit de le servir en m habillant ainsi, et donc que le kiff ressenti en mettant un beau vêtement ne soit même pas présent.

Excusez moi, je sais que j'ai beaucoup de questions. Mais à partir de la dernière idée évoquée, comment arranger cela avec le fait que lorsqu'on porte un nouveau costume, on fasse la braha chehehiyanou ? Cela montre bien qu on a un kiff matériel.

Enfin, j'en profite pour préciser que j ai ressenti une crainte énorme à l'idée de ne plus rien kiffer matériellement juste pour le kiff lui même, de par exemple porter une nouvelle chemise.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40078 réponses

Très cher David, Bonjour

Le problème que tu soulèves est d'une importance majeure, c'est pourquoi, il est indispensable d'avoir les idées claires à ce sujet.

Il faut savoir que la matérialité [ou le matériel] n'est pas une chose mauvaise en soi. Son statut dépend de la manière dont l'être humain va l'utiliser : à bon escient ou à mauvais escient. Et comme tu l'écris si bien : "Au lieu de se dire que la matérialité ne vaut rien, n'est il pas mieux de dire que la valeur de la matérialité dépend de ce que l'on en fait, du pourquoi on l'utilise ?"

Il n'est pas du tout interdit de tirer profit de tout ce qui existe sur terre, cependant cela doit se faire d'une manière permise et comme nos Sages le disent, il y a des limites à ne pas dépasser.

Les 'Hakhamim disent : l'homme devra rendre des comptes pour tous les profits qu'il s'est empêché d'avoir dans ce monde.

L'une des explications est la suivante : Hachem est voilé. Il n'est pas visible. Cependant, il nous a donné les moyens de le connaître par le biais de Sa création. Donc, chaque chose dans ce monde est censée nous faire découvrir une facette de la grandeur du Hachem et nous rapprocher de LUI.

La personne s'éloignant de ce monde, s'éloigne donc de Hachem. C'est pourquoi, il devra rendre des comptes à ce sujet.

Bien entendu, si l'on ressent que les profits nous mènent vers le délire ou l'exagération, il faut s'en éloigner. C'est, d'ailleurs, le sens profond des interdictions incombant au Nazir. Ce dernier, s'est interdit le vin, car il ressent que cela est nécessaire pour l'éloigner du péché.

Comme tu le soulignes également, la Brakha Chéhé'héyanou récitée au moment où l'on se vêtit d'un nouvel habit, prouve bien que la joie ressentie est tout à fait légitime.

Une personne s'est adressée à l'un de nos grands maîtres en lui disant qu'il ne ressent pas de joie particulière en se vêtant d'un nouvel habit.

Le Rav lui dit :"Tu ne dis pas la vérité, si nos Sages ont institué cette Brakha, c'est que tu dois ressentir une certaine joie." Ceci est donc un phénomène tout à fait NATUREL.

Certains géants de la Torah, à toutes les époques, s'éloignaient du matériel le plus possible, car ils ressentaient que cela représentait un certain danger pour leur spiritualité. Alors que les uns avalaient les aliments qu'ils consommaient, sans les mâcher, les autres jeûnaient fréquemment ou se privaient de telle ou telle chose. Cette conduite n'est pas à adopter par des êtres humains à notre époque. Rares sont ceux qui ont atteint un si haut niveau spirituel pour prétendre agir d'une manière similaire.

Pour d'autres détails à ce sujet, voir :

https://www.torah-box.com/question/etude-de-la-torah-kiffes-incompatibles_43651.html

https://www.torah-box.com/question/se-detendre-permis_67762.html

Si tu as d'autres interrogations, je me ferai un plaisir d'y répondre, Bé'ézrat Hachem.

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