Behar-Be’houkotai, la section hebdomadaire de cette semaine traite de la mitsva de la chémita. Cette mitsva, consiste à laisser la terre (en érets Israël) se reposer une fois tous les sept ans, c'est-à-dire qu'il est interdit d'y effectuer les travaux agricoles. Le propriétaire doit aussi retirer sa propriété des fruits de sa récolte, et permettre leur consommation à tout celui qui le désire.
De nombreuses raisons ont été données pour expliquer le sens de cette mitsva qui renforce la foi. Avec l'aide du Ciel, nous allons essayer de voir un nouvel aspect de ce commandement, qui pourra nous aider dans notre comportement quotidien.
Notre train-train de vie peut nous conduire à donner une grande importance à la vie matérielle. En effet, lorsque nous nous trouvons dans un milieu qui recherche principalement les plaisirs de ce monde-ci, ou même lorsque nous sommes simplement contraints à gagner notre vie à la sueur de notre front, nous nous imaginons que le monde matériel tient une place importante et qu'il est donc essentiel d'y avoir une bonne place et d'y être le plus aisé possible.
L'année de la chémita va donc nous permettre de nous souvenir que nous ne sommes pas totalement propriétaires de nos biens matériels. Elle nous permet de nous rappeler qu'un jour, nous devrons abandonner tous nos biens terrestres. A partir de ce jour là, notre seul bagage sera constitué de nos mitsvot qui, étant des biens spirituels, sont éternelles.
L'agriculteur, qui par son travail, est toujours lié au monde terrestre, pourra (au cours de l’année de la chémita) se détacher du monde matériel et se souvenir de ce qui est véritablement l'essentiel.
Rabbi Yossi ben Kissma était un jour en voyage lorsqu'il fut interpellé par un homme qui lui dit : « Rabbi, venez habiter dans ma ville et je vous donnerai beaucoup d'or et d'argent ». Le Rav lui répondit : « Même pour tout l'or et l'argent du monde je n'habiterai que dans un endroit de Torah car, après le décès d'une personne, rien ne l'accompagne si ce n'est la Torah qu’il a étudiée et les mitsvot qu'il a accomplies ». (Avot 6,1)
Le Rav savait que rien ne valait plus que les biens spirituels : ni une bonne carrière, ni beaucoup d'argent ! Il avait comprit l'enseignement fondamental :notre raison d'exister est pour accomplir la Torah et les mitsvot, le reste n'est qu'un moyen et ne doit donc pas empiéter sur le but de notre vie.
Nous ne sommes pas actuellement dans une année de chémita. Cependant, ce message est éternel et nous pouvons essayer de le vivre et de l'intérioriser. Comprenons que la Torah n'est pas une simple option ou simplement quelque chose de bien. Elle n’est pas non plus essentielle dans notre vie mais elle est toute notre raison d'être. Seules la Torah et les mitsvot nous resteront éternellement.
Le rav Nissim Yagen racontait une histoire : un homme rencontra le rav Israël Salanter lors d’un voyage en train. Après avoir échangé quelques phrases, le rav lui demanda quelles étaient ses occupations. L’homme répondit qu’il était marchand de bois et qu’il accomplissait aussi des mitsvot "ici et là".
Le rav Salanter s’exclama : « Je ne te comprends pas ! Tu travailles tous les jours une dizaine d’heures afin de vivre heureux et aisé dans ce monde-ci. Comment peux-tu penser que "ici et là" te suffira pour l’éternité ? ».
L’homme prit conscience de son devoir sur terre et s’engagea avec entrain dans le service divin. Il avait compris que de même que nous ne nous suffisons pas du minimum lorsqu’il s’agit des profits terrestres, à plus forte raison qu’il ne faut pas être rassasié lorsqu’il s’agit des mitsvot qui apporteront un immense plaisir éternel ! Cet homme devint le Sabba de Novardok, qui fut l’un des plus grands justes de sa génération et glorifia grandement le Nom de D.ieu.
A l'instar de Rabbi Yossi ben Kissma et du Sabba de Novardok qui ont compris que l'argent, les honneurs et les plaisirs de ce monde-ci ne remplaceront pas les maisons d'étude, les séminaires et les yéchivot, appliquons nous aussi ce principe et utilisons notre vie et notre corps pour accomplir Sa volonté.
En cette période où l'on prépare nos vacances ainsi que l'année prochaine, vivons pleinement l'enseignement de la chémita et ne mettons pas de côté les yéchivot et les séminaires d'été. Cherchons des lieux de vacances qui nous permettront de garder notre âme pure.