A la fin de la Paracha précédente, Its’hak Avinou et Rivka Iménou avaient demandé à Ya’acov Avinou de quitter la ville afin d'échapper à la menace de mort d'Essav et de se rendre à la maison de Lavan afin de prendre une femme. Et c'est ainsi que Ya’acov quitte Beer Chéva et sa famille pour se diriger vers la ville de Lavan.
Dans le second verset de notre Paracha Vayétsé, il est écrit : "Lorsqu' il arriva à cet endroit, au mont Amoria, il s'endormit là-bas... et s'allongea à cet endroit." Le Midrach explique que Ya’acov Avinou s'allongea et dormit cette nuit-là, chose qu'il n'avait pas faite pendant les quatorze dernières années. En effet, juste après avoir fui de chez lui, notre ancêtre s'enferma à la Yéchiva de Chem et Ever : il étudia nuit et jour jusqu'à s'endormir de fatigue sur sa chaise. Et ce n'est qu'une fois sur la route vers Lavan qu'il s'allongea afin de dormir normalement.
De nombreux commentateurs s'étonnent du comportement de Ya’acov Avinou. Puisqu'il avait reçu un ordre de ses deux parents, celui de partir chercher une femme, comment a-t-il pu retarder cette Mitsva aussi longtemps ? D'autant plus qu'on ne parle pas d'un homme qui veut étudier quelques années avant le mariage comme c'était l'habitude il y a encore peu de temps. Il s'agit ici de Ya’acov, celui qui siégeait dans les maisons d'étude depuis déjà plus de cinquante ans... Alors pourquoi refusa-t-il d'accomplir directement la volonté de ses parents ?
Il est écrit dans le Midrach que lorsque Ya’acov Avinou quitta Beer Chéva, Essav envoya son fils Elifaz pour le tuer. Or ce dernier se trouva face à un dilemme : accomplir la volonté de son père et mettre à mort Yaacov, son maître en Torah et son Rav, ou le laisser en vie et désobéir à son père. Elifaz eut une idée : il décida de dépouiller entièrement Ya’acov et de le laisser nu. En effet, un pauvre est considéré comme un homme mort d'après la Torah. Ainsi, en laissant son maître sans un sou, il accomplissait la volonté de son père sans tuer son Rav. Cependant, cette situation provoqua une peur terrible à Ya’acov Avinou... Comment allait-il faire désormais pour se marier ?
Tout le monde connaissait l'amour de Lavan pour l'argent. Si Avraham avait donné des sommes astronomiques afin de prendre Rivka pour son fils Its’hak, il paraissait certain que Lavan en demanderait autant. La seule solution était de travailler de longues années pour lui. Et c'est là que résidait tout le danger. Combien de temps un homme pouvait- il tenir dans la plus grande maison d'idolâtrie, de sorcellerie, de mensonge… en compagnie du roi des Récha’im sans pour autant perdre son intégrité ? Ya’acov Avinou savait ce qui lui restait à faire : il fallait se préparer pour le danger qui l'attendait. Il s'enferma pendant quatorze ans dans une Yéchiva, étudia nuit et jour, puis il alla à l'endroit du Beth Hamikdach implorer l'Eternel de le protéger, et Lui promit de donner vingt pour cent de ses revenus au Ma’asser.
Ainsi, Ya’acov Avinou ne refusa pas d'accomplir l'ordre de ses parents. Au contraire, tout cela représentait la préparation pour cette Mitsva. Car sans tous ces efforts, Ya’acov n'aurait pas pu tenir une seule nuit dans la maison de Lavan sans se faire tuer physiquement et spirituellement.
Comme nous le savons, les actions de nos pères nous apprennent le comportement à suivre. La Torah, cette semaine, nous enseigne que lorsqu'une personne se trouve face à un danger ou à une situation difficile, sa seule arme est de se renforcer dans le service divin. Et particulièrement dans l'étude, la prière et la Tsédaka, comme il est écrit : "La voix est celle de Ya’acov et les mains sont celles d'Essav." Nos sages expliquent que tant qu'Israël se sert de sa voix à travers l'étude de la Torah et de la prière, les mains de nos ennemis ne peuvent nous toucher. Et lorsque des malheurs frappent un individu ou l'ensemble de notre communauté, la première chose à faire est de se réveiller, se renforcer dans nos prières, dans nos Mitsvot, dans l'étude… car voilà notre unique arme.
Lorsque les troupes d'Hitler se dirigèrent vers Israël sous les ordres du général Rommel, les sages de Jérusalem demandèrent à un des chefs spirituels, le Rav Souliman Moutsafi zal, de jeûner afin qu'on lui montre pourquoi tous ces malheurs s'abattaient sur les juifs. Avant de dormir, il demanda à Hachem : que font Avraham, Its’hak et Ya’acov Avinou ? Pourquoi ne nous protègent-ils pas ? Le soir, en rêve, on lui répondit que les mains des Bné Israël s'étaient trop relâchées dans l'accomplissement des Mitsvot.
>> Prenez sur vous une Mitsva pour la mémoire des 5 défunts de l'attentat de Har Nof