Dans la parachat Mikets (41, 1) il est écrit : "וַיְהִי מִקֵּץ שְׁנָתַיִם יָמִים וּפַרְעֹה חֹלֵם" (Et ce fut à la fin des deux ans, et Pharaon eut un rêve).
Le Midrach enseigne à propos de ce verset que Yossef Hatsadik fut puni de deux années supplémentaires en prison pour avoir demandé de l’aide au maître échanson à deux reprises. En effet, il était doté d’une confiance en D.ieu si exceptionnelle, qu’à son niveau, placer son espoir en un être de chair et de sang lui fut imputé comme une faute.
Le récit suivant s’inscrit dans une même logique :
Il fut décrété dans le ciel que le Baal Chem Tov devrait se rendre dans un certain village pour y apprendre la confiance en D.ieu. Le Baal Chem Tov se mit donc en route, accompagné de ses disciples. Arrivés au village, ils furent hébergés par le collecteur d’impôts local, un homme âgé et distingué qui se réjouit de leur venue et les reçut avec affabilité.
Le lendemain, au cours de la prière, les invités assistèrent à une scène étrange : un policier du Poritz (seigneur domanial) fit son apparition dans la pièce et avec la canne épaisse qu’il portait à la main, il frappa à trois reprises sur la table avant de quitter les lieux. Intrigués par cette pratique, le Baal Chem Tov et ses disciples jetèrent un coup d’œil à leur hôte, mais ils constatèrent que celui-ci ne s’était pas départi de sa bonne humeur. Une demi-heure plus tard, à la fin de la prière, le policier frappa de nouveau sur la table puis s’en alla. Le Baal Chem Tov s’enquit auprès du percepteur d’impôts de la raison de ces coups.
Celui-ci expliqua : « C’est un avertissement que je dois régler aujourd’hui les frais de fermage du village au Poritz. Si au bout de trois avertissements, l’argent ne lui est toujours pas parvenu, ce dernier me prendra en otage moi et toute ma famille ! » Le Baal Chem Tov déclara : « A en juger par le calme que tu affiches, il est certain que la somme se trouve déjà entre tes mains. Va donc régler ton dû avant le repas, et nous t’attendrons. » Mais l’hôte de répliquer : « Pour l’instant, je n’ai pas le moindre kopek en poche, mais probablement que D.ieu m’enverra l’argent. Venez donc vous restaurer chez moi en toute tranquillité puisqu’il me reste encore trois heures avant l’échéance finale ! »
Quand le repas fut achevé, le policier fit sa troisième apparition et frappa de nouveau sur la table. Gardant son calme, le maître de maison récita les grâces posément, puis enfila ses vêtements de Chabbat et annonça qu’il était prêt à partir. « As-tu déjà réuni la somme nécessaire ? » lui demanda le Baal Chem Tov. « Non, répondit-il, je n’ai toujours pas le moindre kopek en poche, mais D.ieu m’enverra sûrement la totalité de la somme. »
Le collecteur d’impôts se mit en route et ses invités intrigués se postèrent sur le balcon pour voir ce qu’il adviendrait de lui. Soudain, ils virent une charrette s’avancer vers lui. Arrivé à sa hauteur, le conducteur échangea quelques mots avec leur hôte, puis poursuivit son chemin. Quelques instants plus tard, la calèche s’arrêta de nouveau. Le charretier fit signe au percepteur de revenir sur ses pas puis lui tendit une somme d’argent.
Quand la charrette arriva au niveau du balcon où se tenaient le Baal Chem Tov et ses élèves, ces derniers questionnèrent son propriétaire : « Qu’avez-vous à faire avec le collecteur d’impôts ? » L’homme répliqua : « Je lui ai suggéré de lui acheter la cuvée de vin qu’il produira l’hiver prochain. Au début, nous ne sommes pas parvenus à un accord sur le prix, mais lorsque j’ai vu qu’il restait sur ses positions et poursuivait sa route, j’ai été contraint de lui donner la somme demandée. Je sais qu’il s’agit d’un homme droit et honnête. J’aurais voulu m’entretenir avec lui plus longuement, mais il a affirmé qu’il devait se rendre en urgence chez le Poritz pour lui régler son fermage. » Se tournant vers ses disciples, le Baal Chem Tov s’exclama : « Voyez la force et la grandeur de la confiance en Hachem ! »
L’histoire suivante renferme un message similaire :
Le Rav Yossef Yozel Horovitz zatsa”l, surnommé aussi le Saba de Novardok était réputé pour sa confiance en Hachem exceptionnelle. Une nuit, alors qu’il s’était isolé dans la ville de Zushan, sa réserve de bougies s’épuisa et il se retrouva dans l’obscurité. Rav Yozel ne perdit pas espoir et malgré l’heure tardive, il sortit en direction de la forêt voisine pour y chercher du feu. Soudain, il rencontra un homme tenant une bougie à la main qu’il accepta gracieusement de lui offrir.
Aux yeux du Saba de Novardok, cet incident servit de référence quant au degré de confiance en Hachem auquel tout homme se devait d’aspirer. Et durant des décennies, il conserva précieusement les restes de cette fameuse bougie (Moréchet Avot).